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Foyers pour réfugiés : «Des conditions de vie désastreuses»


«Beaucoup des structures d’urgence sont devenues des foyers permanents, sans véritable amélioration de la qualité», déplore Djuna Bernard.   (Photo : archives lq/julien garroy)

Interpellé par Djuna Bernard (déi gréng), le ministre Max Hahn assure entreprendre «ce qui est faisable» pour garantir la «sécurité et le confort». «Je ne veux rien embellir», ajoute-t-il.

Le 10 septembre, un collectif de réfugiés érythréens avait tiré la sonnette d’alarme sur leur détresse de logement, entre expulsion, sans-abrisme et conditions d’hébergement indignes en foyers. Dans la foulée, la Fédération des acteurs du secteur social (Fedas) avait tenu à exprimer son soutien au collectif, appelant le gouvernement à faire «preuve de courage politique» pour répondre à ce cri d’alarme.

Ce coup de pression est venu augmenter celle pesant sur le ministre de la Famille et de l’Accueil, Max Hahn, invité à dresser, hier en commission parlementaire, un état des lieux sur des «conditions de vie désastreuses» et «conditions d’hygiène catastrophiques», fustigées par la députée Djuna Bernard (déi gréng). Elle a bien tenu à souligner que les circonstances décrites se limitent à «certaines structures». «Nous devons cependant prendre la situation très au sérieux et s’assurer que la sécurité des occupants soit garantie à tout moment», souligne-t-elle.

Au début de son intervention, Djuna Bernard a mentionné 2015, l’année où a démarré l’afflux massif de réfugiés en Europe. «Dans l’urgence et grâce à une énorme vague de solidarité, nous avons réussi à les accueillir. Le nombre de lits disponibles a aussi considérablement augmenté. Or, beaucoup des structures d’urgence sont devenues des foyers permanents, sans véritable amélioration de la qualité», déplore la députée.

Le ministre libéral s’est longuement expliqué devant les députés, soulignant d’emblée qu’il ne «compte en rien embellir la situation». Le parc est doté de 74 structures, réparties sur 34 communes. «L’ONA (NDLR : Office national de l’accueil) tente de faire au mieux, avec le concours de tous les acteurs impliqués, pour gérer l’afflux important de demandeurs d’asile. En moyenne, ce sont 220 personnes qui arrivent par mois, tandis que 170 quittent les foyers. Il s’agit d’un énorme défi pour le Luxembourg», avance Max Hahn (lire également ci-contre).

«Aucune détérioration de la qualité»

Max Hahn énumère ensuite les mesures prises pour «garantir la sécurité et le confort» dans les structures, dans les limites de «ce qui est faisable». Tous les sites sont 24 h/24 sous surveillance d’un gardien. Un gestionnaire de l’ONA est présent dans chaque foyer. L’ONA dispose en outre d’un service technique, avec des antennes à Hesperange et Tandel, prêt à intervenir à tout moment «pour entretenir ou remettre en état les infrastructures». L’hygiène est assurée par des entreprises de nettoyage externes.

«Lors des 22 derniers mois, il n’y a eu aucune détérioration, ni en ce qui concerne la sécurité, ni en ce qui concerne la qualité. Il n’y a pas moins de confort, tout au contraire», tient à rassurer le ministre. Les structures rempliraient aussi toutes les normes imposées par l’UE.

Alors que Djuna Bernard insiste pour introduire un contrôle externe des conditions d’hébergement, et suggère aussi d’imposer des quotas aux communes pour accueillir des réfugiés, Max Hahn botte en touche. «Je consacre toute mon énergie pour créer de nouvelles structures et pour maintenir dans le réseau les structures mises temporairement à disposition. Chaque lit compte. C’est pourquoi nous n’avons pas le luxe de pouvoir fermer des foyers existants, même si cela avait été envisagé», martèle-t-il.

Près de 1 180 demandeurs
d’asile sont arrivés en huit mois

Le flux de nouvelles arrivées de demandeurs d’asile reste stable, mais à un niveau assez élevé. Avec les 130 personnes arrivées en août, le total intermédiaire pour cette année augmente à 1 176 demandes, un chiffre légèrement plus élevé que l’an dernier (1 131 arrivées entre janvier et août). En 2023, ce total approchait encore les 1 500 demandes d’asile.

Les Érythréens arrivent toujours en tête des demandes (202 depuis janvier), entretemps suivis par les Syriens (152).

Aux demandeurs de protection internationale doivent être ajoutées les personnes fuyant la guerre en Ukraine. Le bilan intermédiaire fait état de 662 arrivées.

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