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ArcelorMittal : un nouveau siège pour se tourner vers l’avenir


Le chantier devrait être livré en juillet 2027, même si les premiers salariés arriveront quelques mois plus tôt.

ArcelorMittal a fait le point sur le chantier de son futur siège social qui doit voir le jour au Kirchberg en 2027. Ouvert sur la ville, le bâtiment pourra accueillir près de 2 000 personnes.

«Le bâtiment commence à prendre forme». Après toutes ces années d’attente, Vijay Goyal, vice-président exécutif d’ArcelorMittal, ne cache pas sa satisfaction. Le K22, imposant building qui accueillera bientôt le nouveau siège de l’entreprise, prend forme peu à peu dans la skyline de la capitale. Depuis le dernier point réalisé par le groupe, en février 2023, les travaux ont bien avancé. Alors qu’à l’époque, le chantier ne laissait apercevoir qu’une clôture blanche, huit étages sont désormais visibles, tandis que les planchers atteignent le sixième. D’ici un peu moins de deux ans, le bâtiment doit être complètement achevé et remplacera alors le siège du boulevard d’Avranches, à Bonnevoie.

Mais le futur monolithe fait de verre et d’acier se veut bien plus qu’un simple siège social. Il doit également être une note d’intention de l’image qu’ArcelorMittal veut renvoyer : un groupe tourné vers l’avenir et la modernité mais dont le passé sert de point d’ancrage. À cette occasion, Vijay Goyal s’est laissé aller à un petit cours d’histoire pour rappeler que celle d’ArcelorMittal, et d’Arbed auparavant, a toujours été liée au Luxembourg, depuis les premières forges jusqu’aux sites actuels en passant par la reconstruction de l’après-guerre. «ArcelorMittal est inséparable de tout cet héritage. C’est un réel honneur de continuer à écrire l’histoire du Luxembourg.»

L’atrium de 60 mètres de haut sera traversé par des passerelles aériennes.

L’acier au cœur de la construction

«Le bâtiment sera un repère, un symbole, un objet iconique tourné vers l’avenir», affirme son architecte, Jean-Michel Wilmotte, qui a remporté le concours organisé par l’entreprise en 2017. Composé de produits développés par ArcelorMittal, le futur QG mise sur la durabilité. En témoignent les poutres de l’exosquelette réalisées avec de l’acier XCarb, fabriqué à Differdange et Belval à partir d’acier recyclé dans un four électrique alimenté par des énergies renouvelables. Au total, le bâtiment contiendra plus de 14 000 tonnes d’acier, dont 95 % d’acier XCarb. Symbole de cette volonté de recyclage, les anneaux olympiques, installés l’été dernier sur la tour Eiffel, ont été fondus pour fabriquer des poutres utilisées dans la construction. Mais le bâtiment limitera aussi ses dépenses énergétiques avec l’utilisation d’éclairage naturel pour les espaces de travail, une récupération de la chaleur ou des toits-terrasses équipés de panneaux photovoltaïques.

Un auditorium de 200 places modulables est prévu dans les niveaux inférieurs.

«Mi-octobre sera un moment fort avec l’installation de mille écailles». Ces grandes plaques de verre qui viendront habiller la structure sont l’une de ses caractéristiques principales. «Elles viendront refléter le ciel et donner une vision des environs». Une faille végétalisée recouverte de vitres antireflets a aussi été imaginée pour couper le K22, en forme de pentagone. «C’est une demande de Lydie Polfer, la bourgmestre de Luxembourg qui voulait que le bâtiment paraisse moins imposant depuis la ville», précise Pierre Engel, chef du projet au sein d’ArcelorMittal. L’acier, au cœur de toute la construction, est l’autre élément central du K22.

Pour le mettre en valeur, une grande partie des poutres seront visibles tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la structure. Réduisant le poids de l’ensemble – les buildings en acier sont sept à dix fois plus légers que les bâtiments en béton armé – le matériau a permis d’économiser sur certains coûts comme la production ou le transport. Il est aussi un symbole que la société voulait mettre en avant. Toujours dans une optique de durabilité, il gardera aussi toutes ses propriétés au fil des années. «Imaginons que dans 50 ans, on détruise le bâtiment. On pourra couper les poutres et les stocker afin de les réutiliser.»

Le bâtiment sera un repère, un symbole, un objet iconique tourné vers l’avenir

Sur le terrain, si le chantier est loin d’être terminé, il est déjà possible de se rendre compte de l’ampleur du projet. Le site longeant l’avenue J.F-Kennedy, et situé juste à côté de l’European Convention Center, s’impose déjà dans l’environnement du Kirchberg., et ce malgré de sérieux concurrents. «En 2019, les premiers terrassements ont commencé, rappelle Jean-Michel Wilmotte. Puis le bâtiment a commencé à sortir de terre en 2023». Décliné sur 21 niveaux, le bâtiment proposera 80 000 mètres carrés de surface totale, dont 50 000 mètres carrés de bureaux.

Il s’articule autour de cinq noyaux, des grands piliers d’acier renforcé qui entourent au rez-de-chaussée un immense atrium. «Il fait 60 mètres de haut. En comparaison, les voûtes de la cathédrale de Metz font 42 mètres», précise Pierre Engel. Recouvert d’un toit au douzième étage et traversé de passerelles aériennes, cet espace végétalisé et accessible au public ouvrira le siège sur le reste du quartier. Dans les étages, de grandes surfaces construites entre les noyaux pourront accueillir des bureaux ou des salles de réunion. L’absence de piliers à l’intérieur permettra de moduler les zones de travail à l’envi.

Réception des travaux en 2027

Mais le chemin est encore long. Avec le covid, le chantier qui devait être achevé fin 2021 a pris du retard. «Depuis les projections réalisées en octobre 2022, le planning a été respecté», assure Vijay Goyal. La réception des travaux devrait se faire en juillet 2027, même si les premiers occupants s’installeront dès les mois de janvier et février.

Et le coût dans tout ça? Le vice-président exécutif ne donne pas de montant total mais affirme que chaque mètre carré coûte approximativement 4 000 euros. Un rapide calcul permet d’arriver à la somme de 320 millions d’euros, mais tout ne semble pas être pris en compte puisque le budget prévisionnel donné en 2023 s’élevait à 497,1 millions d’euros. La moitié de cette somme sera prise en charge par l’État luxembourgeois qui va acquérir la moitié du bâtiment. ArcelorMittal ne voulait de toute manière pas occuper la totalité de l’espace. Une partie sera donc louée à d’autres entreprises tandis que des commerces pourraient s’y installer. Une fois livré, le K22 accueillera près de 2 000 salariés dont environ 700 d’ArcelorMittal qui compte bien, avec ce nouveau siège, s’imposer plus profondément encore dans le paysage luxembourgeois.