L’AITIA a inauguré ce mercredi à Dudelange un centre d’accueil d’urgence pour les enfants de 0 à 12 ans. Leur hébergement y est temporaire, l’objectif étant un retour en famille dès que possible.
L’Institut étatique d’aide à l’enfance et à la jeunesse, aussi appelé AITIA (lire ci-contre), a inauguré hier sa quatrième structure d’accueil à Dudelange. Installé au 189 rue du Parc depuis le mois de juin, le centre Am Park offre un hébergement temporaire d’urgence pour les enfants de 0 à 12 ans, à l’instar de celui de Schifflange dédié, lui, aux 4-18 ans.
Neuf nouvelles places sont disponibles, dont cinq pour des nourrissons et quatre autres pour leurs aînés de 2 à 12 ans. «Pour l’instant, on s’occupe de six enfants, la plus jeune ayant 6 mois et le plus âgé, 4 ans», présente Lena Frank, la responsable des lieux. Ces enfants ne sont pas destinés à grandir durant plusieurs années aux côtés de l’équipe composée d’éducateurs gradués, d’éducateurs diplômés et d’une puéricultrice. «Ils sont placés ici en cas de situation de crise dans laquelle l’enfant et la famille se trouvent, que ce soit physique ou moral. Mais c’est un accueil stationnaire limité dans le temps.»
Des enfants placés par le juge
«D’abord, on accueille l’enfant, puis on regarde avec la famille et les ressources autour comment mettre en place un projet de réinsertion familiale», explique Lena Frank. Cette deuxième phase de réflexion dure «environ trois mois afin de décider ce que l’on pourra recommander au juge de faire».
Le lien avec le monde judiciaire fait en effet partie intégrante du travail de l’AITIA, car cette dernière héberge 61 enfants, dont «environ 98 % sont placés par mesure judiciaire», fait savoir Marc Lies, chef opérationnel de l’administration étatique. Très peu de cas correspondent donc à des accueils volontaires avec la collaboration des parents et en réflexion avec l’Office national de l’enfance (ONE).
Une fois les trois premiers mois écoulés, les éducateurs donnent leur avis et «le meilleur des cas, c’est le retour en famille». Dans le cas contraire, un travail conjoint est réalisé avec l’ONE afin de mettre en place un placement à long terme en structure ou en famille d’accueil.
Cette seconde phase peut encore durer trois mois avant que l’enfant soit transféré vers un centre d’hébergement à caractère non urgent. «C’est prévu comme cela afin de pouvoir agir au plus vite et de ne pas laisser passer les mois. Mais ce sont nos premières expériences, nous n’avons pas encore vécu six mois, donc il reste à voir si la réalité sera la même chose», ajoute la responsable.
«Nos places sont presque toujours occupées»
Concernant la vie des enfants rue du Parc, leur lien familial est loin d’être coupé : «La garantie ici, c’est que l’on accueille aussi les parents durant la journée pour faire des visites accompagnées.» Les modalités diffèrent néanmoins selon les situations individuelles. Certains parents peuvent venir seuls, d’autres sont accompagnés par la police et le rythme des venues peut varier d’une à plusieurs fois par semaine. «On essaye vraiment de les laisser participer, car ils sont quand même toujours les experts de leurs enfants.»
Pour l’AITIA, ce nouveau site permet de répondre à une forte demande. «Malheureusement pour les enfants, nos places sont presque toujours occupées», explique Marc Lies, qui évoque «une certaine urgence à créer des structures».
Présent à l’inauguration, le médiateur pour les enfants et les adolescents, l’OKaJu Charel Schmit, salue ces lits supplémentaires, mais souligne qu’«il est important d’investir davantage dans des accompagnements plus ciblés pour les jeunes parents afin d’éviter des placements à partir de la maternité». Selon lui, cela permettrait de désengorger les structures et de maintenir le lien précieux entre les mères et leur bébé. L’OKaJu affirme enfin que mener à bien «les mille premiers jours de l’enfant ne doit pas seulement être possible pour les bien lotis, cela doit aussi l’être pour les personnes en détresse de logement» ou accablées par d’autres difficultés.
L’AITIA en bref
L’AITIA est une administration du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. Elle gère des structures d’accueil de jour et de nuit pour enfants et adolescents, mais pas seulement. Des services d’aide et d’accompagnement social destinés aux familles sont proposés ainsi qu’un service permettant aux enfants de rencontrer leurs parents lorsque l’exercice du droit de visite est interdit, bloqué ou rendu difficile. L’encadrement et l’organisation de visites en prison sont aussi pris en charge.