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Ralentir sans secouer : la méthode luxembourgeoise pour adoucir la circulation


Le Luxembourg préfère des zones 30 et des zones de rencontre, plus adaptées à la mobilité douce que les classiques «dos d’âne». (Photo : julien garroy)

Contrairement à ses voisins, le Luxembourg a choisi de limiter au maximum les dos d’âne traditionnels. Zones 30 et rétrécissements de chaussées sont privilégiés pour ralentir la circulation.

Alors que chez nos voisins français et belges, des «dos d’âne» poussent aux quatre coins des agglomérations, au Luxembourg, ils se font au contraire de plus en plus rares. Si leur nombre est difficilement quantifiable, Paul Hammelmann, le président de la Sécurité routière luxembourgeoise, l’assure : «Il y en a encore, mais de moins en moins !» La raison ? «Les politiciens et nous-mêmes leur préférons des moyens plus jolis et amicaux», commence à expliquer le président.

Le dos d’âne pose en effet plusieurs problèmes techniques et de sécurité. «L’un des principaux problèmes, c’est qu’ils sont dangereux pour les cyclistes», estime Paul Hammelmann. Sur les dos d’âne classiques, ils peuvent perdre l’équilibre, tandis qu’ils doivent contourner les «coussins berlinois». «Ils ne sont vraiment pas adaptés à la mobilité douce.» Les dos d’âne sont également dangereux pour les ambulances, les pompiers ou même les bus. Ils les secouent fort, ce qui peut mener à une perte de confort pour les passagers et des douleurs pour les blessés transportés.

Bien entendu, les dos d’âne sont aussi connus pour créer des dommages aux véhicules. Suspension, pneus, bas de caisse, échappements… beaucoup de conducteurs se plaignent d’usure prématurée. Les véhicules bas peuvent carrément les racler. Et dans les agglomérations, ces dos d’âne peuvent être source de pollution. Puisqu’ils obligent à freiner, puis à réaccélérer, il y a d’autant plus d’émissions de CO₂ et de particules. «Ils créent aussi des nuisances sonores pour les habitants des rues résidentielles», complète Paul Hammelmann.

Des ralentisseurs plus «conviviaux» et adaptés

Alors, pour remplacer ces dos d’âne, le Luxembourg choisit d’autres ralentisseurs. «Nous avons plus de moyens pour les éviter, c’est sûr», acquiesce le président. Plutôt que de passer sur des dos d’âne pour baisser leur vitesse, les automobilistes doivent souvent ralentir à l’approche de nombreuses priorités à droite. Dans certaines agglomérations, c’est même tout l’aménagement de la chaussée qui est repensé. «Un dos d’âne, accompagné d’un panneau 30, permet déjà d’être plus attentif… Mais un rétrécissement de la chaussée, avec des arbustes et une piste cyclable tout autour, fait vivre la zone 30, en plus d’être plus poli et convivial pour tous les usagers», estime Paul Hammelmann.

L’objectif ultime pour la Sécurité routière, c’est la limitation à 30 généralisée en agglomération. «Nous plaidons pour cela et pour le principe de “zone de rencontre” à l’intérieur des communes, là où les trois catégories d’usagers se rencontrent.» L’idée, c’est que ce soit la route qui parle, et non plus simplement la signalisation. «Cela éviterait d’autant plus une certaine insécurité juridique puisqu’actuellement, les automobilistes ne savent pas forcément qu’ils circulent en zone 30.»

«Nous avons fait la demande pour les zones 30 généralisées en agglomération au ministère, mais il n’y répond pas positivement», informe Paul Hammelmann. Des mesures en la matière et au sein des localités relèvent effectivement de la compétence communale. «Ce serait quand même bien de faire quelque chose sur le sujet sur le plan national.»

Pour le moment, de telles mesures dépendent donc de la volonté des communes. Certaines essayent d’ores et déjà d’implanter de nouvelles choses. C’est le cas de la commune de Leudelange, où un référendum aura lieu le 12 octobre pour voter la réduction de la limitation de vitesse, sur les routes principales de la commune, de 50 à 30 kilomètres par heure. À la clé, les habitants se voient promettre une meilleure qualité de vie, moins de trafic de transit et plus de sécurité.