Depuis New York, le Premier ministre, Luc Frieden, et le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, sont revenus sur l’officialisation de la reconnaissance d’un État palestinien par le Luxembourg. «Ce n’est pas la fin, mais le début d’un processus» qui doit mener vers une paix, insiste le chef du gouvernement.
«Ce fut un moment particulier», admet d’entrée le Premier ministre. Tard lundi soir, heure luxembourgeoise, il avait, au nom du gouvernement, solennellement déclaré que le Grand-Duché «reconnaît formellement l’État de Palestine».
Ce mardi après-midi, Luc Frieden et le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, avaient donné rendez-vous à la presse pour revenir sur cette décision historique.
«Il ne s’agit pas d’une décision isolée, mais d’un choix que nous avons posé ensemble avec d’autres pour que la décision ait plus d’impact dans la région. Nous l’avons fait avec nos deux voisins, la France et la Belgique, mais aussi avec des pays avec lesquels nous sommes très proches, comme le Portugal, le Canada ou le Royaume-Uni. Des pays qui veulent, comme nous, garder vivants le droit international et la Charte des Nations unies», affirme le Premier ministre.
Comme à la tribune des Nations unies, il a rappelé que «la reconnaissance n’est pas la fin, mais le début d’un processus». «La reconnaissance est à considérer comme une brique pour bâtir la paix. Il est évident que le chemin reste long et compliqué, mais à un moment, il faut un nouvel espoir pour faire avancer ce processus», complète Luc Frieden.
«Le Hamas veut une solution à un État sans Israël»
Reconnaître la Palestine comme État reste toutefois contesté. Ne s’agit-il pas d’un cadeau offert au Hamas ? «Il s’agit du pire cadeau empoisonné que l’on pourrait offrir au Hamas, qui ne veut pas de paix. Le Hamas est une organisation terroriste, qui ne veut pas non plus de renforcement d’une autorité palestinienne. Il veut maintenir le conflit et la haine. Dans une solution à deux États, il devrait aussi reconnaître Israël. Le Hamas n’en veut pas non plus, car il veut une solution à un État sans Israël», répond le ministre des Affaires étrangères.
Xavier Bettel juge que l’on se trouve à un «moment clé». «Nous avons d’un côté une Autorité palestinienne qui, après une longue attente, a pour la première fois condamné l’attaque du 7-octobre. Elle se dit prête à organiser des élections, elle assure que le Hamas ne doit plus jouer de rôle. De l’autre, nous voyons qu’Israël tente d’éviter par tous les moyens une solution à deux États», développe le chef de la diplomatie luxembourgeoise.
«Trump a entre ses mains la clé pour la paix»
Il plaide pour la mise en place d’un gouvernement de transition en Palestine et l’organisation de nouvelles élections d’ici deux ou trois ans. «S’il y avait des élections aujourd’hui, je ne suis pas sûr que le Hamas ne recevrait pas tout de même une certaine légitimité. Il faut donc démontrer aux gens en Palestine qu’il existe une alternative, qu’il n’existe pas seulement de la haine, mais une solution de paix, une perspective pour une meilleure vie. Nous devons les aider à y parvenir», avance Xavier Bettel.
Tous les regards sont désormais tournés vers le gouvernement de Benjamin Netanyahu, mais aussi vers le président américain, Donald Trump, et les dirigeants des pays arabes.
«Israël n’écoute personne sauf Donald Trump. Ce mardi a lieu une réunion importante entre les pays arabes et le président américain. J’espère une issue positive de ces pourparlers et que le président Trump va comprendre qu’il a entre ses mains la clé pour la paix», note le ministre des Affaires étrangères.
«Ce n’est pas à Netanyahu de décider ce que nous faisons»
Qu’en est-il de la menace de représailles par Israël, en sachant que le Premier ministre israélien exclut formellement toute solution à deux États ? «Dès le départ, on avait conscience que ni le gouvernement du Premier ministre Netanyahu ni le Hamas ne veulent d’une solution à deux États. En tant que Luxembourg, nous sommes d’avis qu’il faut donner une nouvelle chance à une telle solution et démontrer que nous la soutenons toujours. C’est pourquoi ce n’est pas à Benjamin Netanyahu de décider ce que nous faisons», rétorque Luc Frieden.
Une annexion de la Cisjordanie est-elle à craindre ? «Il est difficile pour nous de juger quels sont les prochains pas que planifie le gouvernement israélien. Mais nous espérons qu’il va écouter ce que dit la communauté internationale. En politique, il faut aussi être à l’écoute des autres. Je répète que les États-Unis et le président Trump ont un important rôle à jouer», clame le Premier ministre luxembourgeois.
Un premier objectif aurait cependant été atteint : «Un second souffle a été donné à la solution à deux États».
Luxembourg Coalition for Palestine : «Un appel du cœur à la solidarité nationale»
Manifestation pour la Palestine : «jusqu’à 3 000 personnes» attendues à Luxembourg
Flottille pour Gaza : un premier Luxembourgeois prend la mer
La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, les Luxembourgeois encore à quai