Le président russe et son état-major continuent à jouer avec le feu. Sans se brûler les doigts. Toujours pas. Car le maître du Kremlin semble très bien avoir identifié les faiblesses des ennemis que sont l’OTAN et l’Union européenne.
Après les drones qui ont survolé la Pologne, voici des avions de combat qui s’immiscent dans l’espace aérien de l’Estonie. Les forces de l’Alliance atlantique ont certes réagi, mais est-ce que la réaction a été suffisamment forte pour faire comprendre qu’il ne faut surtout plus recommencer? On est tenté de répondre par la négative. Des lacunes dans la défense aérienne du Vieux Continent sont une réalité. Et plus que jamais, il y a péril en la demeure.
Le retard à rattraper dans le domaine militaire est une priorité. Il existe cependant encore un autre chantier majeur. Les responsables de l’UE n’aiment pas le mettre trop en avant, mais les Vingt-Sept continuent toujours, plus de trois ans après l’invasion russe en Ukraine, à renflouer les caisses de Vladimir Poutine.
En 2024, la Russie assurait ainsi encore 19 % de l’approvisionnement en gaz de l’UE, dont près de la moitié sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), générant des centaines de millions d’euros de revenus pour le Kremlin.
Les importations de pétrole russe ont cessé en décembre 2022. Mais pas partout. La Hongrie et la Slovaquie bénéficient d’une exemption.
À un moment où les appels pour augmenter la pression sur Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine s’accentuent, l’UE continue de tergiverser.
Vendredi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a (enfin) présenté les contours du 19e paquet de sanctions contre la Russie. Les 18 paquets précédents ont certainement eu un impact, mais qui est toujours insuffisant. Et maintenant?
«L’économie de guerre de la Russie est soutenue par les revenus de (ses) hydrocarbures (…), il est temps de fermer le robinet», clame la cheffe de l’exécutif européen. Oui, il est grand temps.
Mais, au lieu d’agir sur le coup, il est proposé d’avancer de fin 2027 à fin 2026 la fin des importations de gaz russe, au moins en ce qui concerne le GNL. Et il n’est même pas encore assuré que les États membres accordent leur feu vert à cette mesure. Le robinet reste bien ouvert.