Le Danois Mattias Skjelmose (Lidl-Trek), déjà vainqueur du classement final en 2022, s’est imposé vendredi devant le Français Jordan Jegat (TotalEnergies) et l’Américain Brandon NcNulty (UAE), désormais placé en position de grand favori pour la victoire finale.
Forcément qu’il y a cru, un peu, beaucoup, mais pas à la folie. Car sans doute qu’il avait laissé un peu trop de force dans son attaque tranchante dans la dernière portion de vallée, alors qu’au loin apparaissait le fameux château de Vianden baigné vendredi d’un onctueux soleil. Marc Hirschi avait terminé deuxième en ses lieux en 2023 derrière Ben Healy alors qu’à l’époque, l’Irlandais était allé au bout d’un long raid de trente kilomètres sous la pluie. Le Suisse savait donc combien les derniers mètres menant aux entrailles du château, faits de pavés disjoints, étaient compliqués à escalader. Mais Marc Hirschi avait ce grand mérite d’avoir osé alors que pendant un bon moment, il était apparu en deçà de ses propres espérances. Une fois la jonction réalisée, il se lança et ce n’est que dans les derniers hectomètres que Mattias Skjelmose était sorti de sa boîte.
Son attaque tranchante pour venir récupérer par les bretelles Marc Hirschi avait semblé surprendre Brandon McNulty, mais Jordan Jegat qui filait les roues du Danois hésita un peu pour tenter un hypothétique et illusoire dépassement. C’était bien trop étroit et sans doute aussi un poil trop tard. Le Français n’est donc pas passé loin de son premier succès qu’il chasse avec méthode et application. Dans l’aire d’arrivée, il ne rougissait pas. «(Mattias) Skjelmose a lancé de loin et avec les pavés, je n’arrivais pas à dégager de la puissance. J’ai pensé que je pouvais passer, mais cela n’était pas possible. J’ai fait une belle étape, mais je n’ai toujours pas gagné», pestait le coureur français qui était le seul à avoir tenu la roue du Danois.
Le meilleur rouleur de ce peloton
Pas très loin, à deux petites secondes, Brandon McNulty, a apprécié le décor de carte postale de Vianden. Il s’est surtout patiemment positionné comme le grand favori du classement général alors qu’il reste quand même deux étapes et non des moindres puisqu’on le sait, le contre-la-montre de Niedernaven ce samedi et la dernière étape avec les trois ascensions du Papeieberg, dimanche où la flotte est attendue, va apporter de sérieuses retouches.
Avec l’Anglais Ethan Hayter (Soudal Quick-Step), rapidement hors du coup vendredi sur le circuit final, l’Américain est sans doute le meilleur rouleur de ce peloton. Il semblait d’ailleurs rouler sur coussin d’air hier, à mesure que son équipe UAE, un moment représentée avec pas moins de cinq coureurs à l’avant de la course, imprimait un rythme dingue.
Healy au service de Carapaz
C’est pourtant Ben Healy qui avait été le premier à se lancer dans la bagarre. Mais on comprit rapidement qu’il se sacrifiait au profit de Richard Carapaz, seulement neuvième. Très vite, au tour suivant, le leader du classement général, Romain Grégoire, constata de visu que la pente du Niklosbierg à Vianden, à gravir à trois reprises, serait trop rude pour lui. Il s’est battu, ne se résignant qu’en dernier recours. Mais devant lui, ça montait un poil trop vite.
On connaît la suite. Avec Matthys Rondel et Marco Brenner, l’équipe Tudor jouait dans la cour de l’équipe UAE qui n’était plus représentée qu’avec Brandon McNulty et Jhonatan Narvaez. Mattias Skjelmose chez Lidl-Trek comptait pour sa part sur Tom Skujiņš. Nicolas Prodhomme (Decathlon) et Jordan Jegat (TotalEnergies) jouaient aux intrus de service. Même un grand Marc Hirschi, revenu d’on ne sait où, n’a pu faire diversion.
Dans son match terminal avec McNulty, Skjelmose qui n’a pas desserré les dents dans l’aire d’arrivée, ne montrant aucun signe extérieur de joie et se contentant du minium syndical en ce qui concerne les déclarations d’après-course, possède huit secondes d’avance. Le bras de fer est engagé, mais il y a de fortes chances que McNulty va reprendre la main. Pour combien de secondes d’avance, c’est bien le mystère que cette très belle arrivée au château de Vianden n’a pas dissipé.
On est au moins sûr d’une chose, pour ce qui concerne l’étape de dimanche, si McNulty est en jaune, son équipe UAE est au point pour assurer le service après-vente! La suite de ce Tour de Luxembourg s’annonce, pour le moment encore, aussi haletante que passionnante.
«C’était un final difficile», a soupiré lentement Mattias Skjelmose. Le coureur danois avait encore le souffle court de longues minutes après l’arrivée qui l’avait vu triompher. Vainqueur du Tour de Luxembourg en 2022, il s’était imposé alors dans le chrono de Remich.
Ce deuxième succès d’étape n’avait pas été simple à cueillir. «Tout le monde savait que si vous attaquiez tôt, vous auriez un retour de manivelle et Marc (Hirschi) a été vraiment bon, il était vraiment fort et il était difficile de le rattraper», a-t-il rappelé.
Il explique s’être tiré d’affaire presque miraculeusement. «Heureusement, Brandon (McNulty) a commencé son sprint tôt et j’ai pu le dépasser au dernier moment. Toms (Skujiņš) a super bien fait son boulot aujourd’hui (vendredi), nous avons parlé plus tôt parce que je ne me sentais pas super bien et je lui ai demandé s’il pouvait gagner et il m’a répondu : « Non, nous y allons à fond pour toi »… Il m’a parfaitement emmené et ensuite, j’ai dû exécuter le plan à la fin», poursuivait-il.
Pour la suite, c’est-à-dire, le contre-la-montre du jour à Niederanaven, Mattias Skjelmose sait pertinemment qu’il lui sera difficile de lutter avec le grand rouleur qu’est manifestement Brandon McNulty, même s’il est lui-même un bon spécialiste. «Ce sera difficile demain dans le chrono de garder le maillot de leader, mais nous ferons ce que nous pouvons et j’espère que nous pourrons gagner la course», conclut-il. On peut lui faire confiance!
Samedi, 4e étape : CLM à Niederanven (26,3 km)
Départ : rue Laach (premier départ :15 h 17)
Arrivée : route de Trèves
Premier départ :15 h 17
Le parcours : Niederanven, Oberanven, Rameldange, Ernster, Gonderange, Rodenbourg, Eschweiler, Olingen, Rodenbourg, Niederanven.
Dimanche, 5e et dernière étape : Mersch – Luxembourg-Limpertsberg (176,4 km)
Départ 10 h 30
Les GPM : Nommern (km 10,3), Gralingen (km 38,2), Kautenbach (km 59,8), Misarhaff (km 106,2).
Rush : km 152, 9 au premier passage sur la ligne d’arrivée (Avenue Victor-Hugo)
Sprint bonus : km 151,7 au Pabeierberg
Circuit final : à effectuer deux fois après le premier passage sur la ligne d’arrivée.
Arrivée : vers 14 h 35