La majorité CSV-DP est accusée de déconstruire le «changement de paradigme», initié avec la participation des Verts au gouvernement. Le tout «au profit» des promoteurs et aux dépens des locataires.
Tout – ou presque tout – va de travers sous la direction du gouvernement conservateur-libéral. C’est le constat posé, vendredi matin, par Sam Tanson, la cheffe de file de déi gréng à la Chambre, lors de la conférence de presse parlementaire. «On se retrouve dans un climat de tensions politiques et sociales à un moment où bon nombre de sujets devraient être débattus loin au-delà de la politique politicienne», avance la députée. Elle cite le financement de la Sécurité sociale, l’organisation du temps du travail, le logement ou encore la protection du climat.
Les tensions seraient aussi importantes entre les deux partis formant la majorité. «Je dois admettre que sur la fin, la coalition tricolore (NDLR : DP, LSAP et déi gréng) n’a pas toujours été sans tensions. Mais, au vu des récentes sorties médiatiques, j’ai l’impression que les tensions entre le CSV et le DP sont, au bout de deux ans, plus importantes qu’au bout des 10 ans du gouvernement tricolore», clame l’ancienne ministre de la Justice.
«Les locataires les plus vulnérables sont laissés pour compte»
Le résultat serait une «polarisation» et une «fragmentation». «Nous regrettons que le la protection du climat et de la nature soit toujours considérée comme problème ou obstacle. Le gouvernement ferait mieux de mener une réflexion d’ensemble pour trouver des solutions cohérentes qui font avancer le pays», souligne Sam Tanson.
Dans le domaine du logement, déi gréng déplorent la menace de «démantèlement» qui pèse sur le «changement de paradigme» initié sous la précédente majorité. Un exemple? Le plafonnement du loyer renforcé au profit des locataires, recalé par la coalition CSV-DP. «Le gouvernement n’a pas tenu sa promesse de soumettre une nouvelle proposition pour l’été de cette année», fustige Meris Sehovic. «Pendant ce temps, les prix des loyers continuent à augmenter. Les locataires les plus vulnérables sont laissés pour compte. Il s’agit de la véritable tragédie de la politique menée», renchérit le député.
«Le signal envoyé est fatal»
Une autre critique majeure concerne le modèle de «partenariats privés-publics». L’État se porte, sur une durée de 20 ans, locataire de logements construits par des promoteurs privés, pour les sous-louer ensuite à des personnes cherchant à se loger à prix abordable. «Au bout de ces 20 ans, le promoteur peut revendre le logement rentabilisé par l’État. Si la main publique veut maintenir le logement dans son parc locatif, elle devra une deuxième fois passer à la caisse. Il s’agit surtout d’une garantie de recettes pour les investisseurs», dénonce Meris Sehovic. Le programme de rachat par l’État de logements en cours de construction (VEFA) créerait, par contre, une «véritable plus-value».
Le retardement des taxes pour la mobilisation de terrains non construits et de logements vides, lancées sous l’impulsion du gouvernement tricolore, est également fustigé. Les propositions auraient été «diluées», avec à la clé un nombre trop important d’«échappatoires». «Le signal envoyé est fatal. Le gouvernement n’a pas la volonté ou n’est pas capable de mettre en œuvre des solutions efficaces», fulmine Meris Sehovic.
Toujours pas de trace du règlement national des bâtisses
Les deux taxes sont liées à l’établissement d’un registre national de logements. Un projet porté par le ministre libéral Claude Meisch, mais «torpillé» par sa collègue de parti, la députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer. «Ce n’est pas la première fois que la bourgmestre de la capitale s’oppose à un projet d’une importance nationale pour l’avenir du pays», s’échauffe François Benoy, conseiller communal et coprésident de déi gréng.
Pas de trace non plus du règlement national des bâtisses, un «projet pleinement soutenu» par le parti. «Sans dépôt de texte, on lance un appel de reprendre les travaux sur le règlement type déposé par l’ancienne majorité. Il faudrait au moins transposer les éléments pour permettre de faire avancer la rénovation énergétique, souvent bloquée par les règlements existants», revendique encore François Benoy.