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Kronospan : les riverains demandent un comité d’accompagnement


Parmi les points de tensions, l’extension de l’usine suscite la colère des riverains alors que de nombreux soucis n’ont toujours pas été réglés.

Exaspérés par les nuisances de l’usine Kronospan, les habitants de Sanem et de Differdange exigent désormais qu’un comité d’accompagnement se réunisse avec tous les acteurs concernés pour trouver des solutions.

Depuis 1994, Kronospan fait partie du paysage de Sanem. Et depuis plus de 30 ans maintenant, les riverains multiplient les plaintes. La gestion de cette usine d’origine autrichienne, spécialisée dans la transformation du bois, suscite constamment de nouvelles critiques de la part des habitants de Sanem mais aussi de Differdange.

Bruits, odeurs, poussières… les nuisances sont nombreuses et rendent leur vie impossible au point de devenir l’un des principaux chevaux de bataille de la Biergerinitiativ Gemeng Suessem (BIGS). Ce collectif fondé en 2002 a pour but de défendre les intérêts des citoyens sur les questions environnementales et s’oppose régulièrement à Kronospan.

Il a notamment réalisé en 2022 un sondage qui a prouvé l’ampleur du problème : 400 plaintes ont été recueillies. Bien que situé sur une zone industrielle, le site est en effet proche de plusieurs zones résidentielles densément peuplées ainsi que d’écoles.

Mais malgré les années, les remarques de la BIGS restent lettre morte auprès de la direction et les problèmes ne font que s’amplifier. Dernièrement c’est l’extension de l’usine qui suscite la colère des riverains alors que de nombreux soucis n’ont toujours pas été réglés. «Nous avons protesté et émis un avis négatif contre toute cette procédure, explique Patrizia Arendt, présidente de la BIGS. Selon nous, il faut d’abord trouver des solutions aux problèmes déjà connus de longue date».

La dernière entrevue entre l’entreprise et les riverains, le 26 août, n’a pas permis de lever les doutes et de répondre de manière satisfaisantes à toutes les interrogations. «Ils nous disent avoir fait des améliorations mais les nuisances persistent».

L’Agence pour l’environnement a elle-même constaté à plusieurs reprises des lacunes chez Kronospan. Un rapport publié en février 2025 en énumère pas moins de douze, dont certaines remontant à 2018 et 2020. L’usine fait aussi régulièrement parler d’elle pour des incidents comme en mai 2024 quand un incendie a fait deux blessés.

Si l’entreprise, qui rappelle qu’elle travaille avec des matériaux inflammables, affirme tout mettre en œuvre pour atteindre le zéro incident, la BIGS estime que la sécurité n’est pas au centre des préoccupations de ses dirigeants.

«Le temps des palabres est terminé»

Face à ce qu’elle considère comme un manque de transparence de la part de la direction, la BIGS a décidé d’aller plus loin. Avec le Mouvement écologique, elle demande désormais la création d’un comité d’accompagnement comme l’a fait ArcelorMittal.

Celui-ci permettrait d’organiser des réunions régulières pour identifier les problèmes et trouver enfin des solutions pérennes. «Cela fait une éternité que Kronospan promet et promet. Le temps des palabres est terminé», martèle Patrizia Arendt.

Le collectif souhaite que ce comité soit composé de représentants de Kronospan, d’experts de l’administration environnementale, de responsables communaux de Sanem et de Differdange, ainsi que de deux membres du Mouvement écologique et de la BIGS. Il devrait rendre compte régulièrement et en toute transparence de ses avancées auprès des riverains.

Un tel système a fait ses preuves avec ArcelorMittal, confronté aux mêmes problèmes. «Cela fait des années maintenant, il y a une certaine dynamique qui s’est mise en place», reconnaît Patrizia Arendt. Car la BIGS n’est pas contre l’usine en elle-même. C’est la gestion et la communication de la direction qui lui pose problème.

«Nous sommes conscients que le pays doit se diversifier». Mais si le comité est prêt à tendre la main à Kronospan, il émet des doutes sur la volonté de l’entreprise à jouer le jeu. Déjà à l’époque, l’usine avait promis de se raccorder à une ligne ferroviaire pour limiter la congestion des axes routiers.

Trente ans plus tard, le projet est toujours en attente et le ballet des camions aux abords de Kronospan n’a fait que s’amplifier. Difficile après de telles désillusions de croire que les choses pourraient encore changer.

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