Le jeune français de 22 ans a remporté au sprint mercredi la première étape du Skoda Tour de Luxembourg en battant le Néerlandais Marijn van den Berg (EF Education) et le Suisse Marc Hirschi (tudor).

Ses joues empourprées battaient au rythme de sa respiration saccadée. Romain Grégoire avait posé ses fesses sur les pavés propres de l’aire d’arrivée et affichait la mine de celui qui venait à coup sûr de frapper un grand coup. Dans la montée terminale de Clausen, il venait d’assommer ses rivaux, le mot n’est pas trop fort, et cela valait manifestement bien la peine de s’être mis dans cet état.

Ses potes avaient accouru pour le féliciter et, plus que des mots, c’est ce visage extatique qui les remerciait pour la dépense d’énergie. Les vainqueurs ne manquent jamais de placer le nom des petits copains au moment des confessions d’après-course. Romain Grégoire s’est bien sûr fait un devoir de rappeler le travail de longue haleine mené par les coureurs de Groupama-FDJ. Mais vu la course, ce n’était pas fait. « Mardi, on était venu reconnaître l’arrivée et je savais que je pouvais le faire. Je suis super content. L’équipe m’a bien porté, j’avais prévenu mes coéquipiers que je voulais tenter de remporter cette étape. Je suis heureux de gagner en grande équipe. Tom (Donnenwirth) m’a laissé aux 300  mètres, je lui avais demandé de durcir. Après, je n’avais plus le choix. J’ai cru que j’avais attaqué de trop loin. Je n’en pouvais plus, mais je ne voulais pas craquer…»

Le bras de fer que Romain Grégoire s’est engagé avec Marijn van den Berg, le sprinteur de l’équipe EF Education, était de toute beauté. Plusieurs fois, on pense que le Néerlandais allait enfin le dépasser. Mais le rythme de Grégoire était tel qu’il ne put que se asseoir sur sa selle. « J’ai cru qu’il m’allait passer. Je me suis dit : il va me passer, il va me passer…»

Mais malgré son jeune âge (22  ans), la réputation de Romain Grégoire n’est plus à faire. C’est en costaud et avec une grande classe, en repoussant loin la douleur de ses jambes qui brûlaient, qu’il s’est imposé devant Marjin van den Berg, donc, et Marc Hirschi, comme prévu, exact au rendez-vous pour cette saisissante entrée en matière. De son côté, Tibor Del Grosso (Alpecin) avait reculé de deux rangs. Les positions sur la ligne étaient claires.

Romain Grégoire est donc le premier leader de ce Tour de Luxembourg 2025. Sur le récent Tour de Grande-Bretagne, le puncheur bisontin avait attendu la quatrième étape pour prendre le pouvoir. Cette fois, le jeune espoir du cyclisme français qui, mine de rien, complète avantageusement sa petite collection personnelle, puisque son compteur monte à onze succès, dont cinq pour la saison (sa plus grande victoire reste une étape du Tour de Suisse), a frappé fort d’entrée de jeu.

Des favoris bien au chaud

Avant le départ de cette édition, il faisait partie de la liste restreinte des favoris. Et s’il restait en jaune d’ici à dimanche ? La question se pose forcément vu la manière dont il s’est débarrassé de ses rivaux sur cette montée sèche de Clausen. Mais bien sûr, après le sprint massif attendu ce jeudi à Mamer, il convient de passer sans encombre et sous un chaud soleil retrouvé, la fameuse étape de Vianden, demain.

Et comme cela ne suffira pas, de résister aux meilleurs rouleurs samedi à Niederanven, même si, en l’espèce, Romain Grégoire n’est pas un mauvais rouleur. Car pour ce qui est de la dernière étape, dimanche au Limpertsberg, elle ira comme un gant au jeune Français…

La première étape a aussi démontré que les grandes équipes de l’épreuve ont tenu leur réputation. L’équipe américaine EF Education a également pris ses responsabilités en se lançant guidon en avant vers le final de Clausen. On a même vu Richard Carapaz attaquer sur le sommet de Stafelter, à neuf kilomètres du but. Avec Ben Healy, les deux dirigeants d’EF Education sont bien là. Tout comme Mattias Skjelmose, au chaud derrière ses coéquipiers de Lidl-Trek qui ont tenté de favoriser le sprint de Soren Kragh-Andersen, finalement «seulement» sixième. La formation UAE n’a pas bougé d’un pouce, mais Brandon McNulty a suivi le mouvement. Comme Ethan Hayter (Soudal-Quick Step) ou encore Jordan Jegat (TotalEnergies), des hommes ambitieux pour le week-end…