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Eden, un bébé de 2 mois, est «mort de froid» à l’hôpital de Metz-Mercy


Les parents ont porté plainte contre X pour homicide involontaire, mais aussi pour non-assistance à personne en danger et manquement à une obligation de sécurité. ( Photo : Karim Siari)

À Hayange, un couple se bat pour que justice soit rendue à Eden, son petit garçon. Âgé de 2 mois, il est décédé tragiquement à l’hôpital de Metz-Mercy en 2020. Pour des raisons restant à éclaircir, le nourrisson se trouvait sous une climatisation fixée au plafond. Il est mort d’hypothermie. Ses parents veulent des réponses.

«On n’agit pas par vengeance ni par haine. On veut juste que les coupables soient jugés. Mais là, ça prend trop de temps…» Alors Yanis et son épouse ont alerté la presse. Ils ont vécu la pire chose qui puisse arriver : la perte d’un enfant. Et le cauchemar se poursuit.

«Son corps ne faisait plus que 25 °C»

Eden est né le 19 février 2020 à Thionville, mais est mort le 30 avril à l’hôpital de Metz-Mercy. Le bambin se trouvait… sous un climatiseur fixé au plafond. «Dans les dernières minutes de sa vie, sa température corporelle n’était plus qu’à 25 °C.» Yanis reste calme et posé, mais l’émotion est palpable.

Le Mosellan de 38 ans pointe toute une «chaîne de défaillances». Ex-cadre supérieur au Luxembourg – «Je n’ai plus pu exercer mes fonctions après la mort de notre fils» –,  il raconte : «Eden était frappé d’une maladie génétique, l’incontinentia pigmenti, qui touchait déjà sa sœur aînée. À la naissance, il ne pesait que 2,2 kg. Comme sa sœur, il présentait tous les symptômes de cette maladie génétique qui engendre un déficit immunitaire, mais aucun médecin ne s’en est inquiété.» Ce 30 avril 2020, atteint d’une méningite, le bébé commence à convulser au domicile familial. Il est transporté aux urgences pédiatriques à Mercy, mais est envoyé en réanimation, «dans une pièce où il y avait cette climatisation».

«Des fautes graves»

«Lorsque les médecins du 54 sont arrivés pour son transfert à Nancy-Brabois, ils ont vu Eden placé sous l’air conditionné. Ils étaient stupéfaits.» Malgré les efforts prodigués, le petit ne pourra être ramené à la vie. «Il est parti dans mes bras», confie le papa, les yeux rougis.

Respectueux des institutions, conscient des difficultés rencontrées par les métiers de la santé, Yanis a d’abord enclenché une procédure devant le tribunal administratif de Strasbourg. «Des erreurs de diagnostic à cause d’une surcharge de travail, ça arrive. Mais quand l’expert mandaté par la justice administrative a relevé une série de fautes graves, on a porté plainte au pénal.» C’était en mars 2023, au tribunal de Metz. Depuis, Yanis aurait peu de nouvelles de la juge d’instruction. Surtout, il estime que tous les responsables n’ont pas été entendus. «Je n’avais pas sollicité la presse jusqu’ici pour laisser la justice travailler dans la sérénité. J’avais confiance. Mais là, il y a des choses qui ne vont pas…»

Auditions et nouvelle expertise

Contacté, l’avocat parisien des parents souligne : «Depuis sa naissance, ce petit a souffert d’une cascade de dysfonctionnements. Et le fait de l’avoir mis sous cette climatisation a été « le coup de grâce », si je puis m’exprimer ainsi.» Me Rudyard Bessis ajoute qu’«une dizaine de médecins ont déjà été entendus. Mais d’autres auditions restent à venir et surtout, une nouvelle expertise est en cours. Mais cette procédure judiciaire risque de durer quelques années…».

En face, le CHR rappelle «tout son soutien aux parents et à la famille». La direction ne souhaite cependant pas s’exprimer «en raison de l’instruction judiciaire en cours. Mais toutes les compétences du CHR ont été mobilisées. L’établissement collabore pleinement à l’éclaircissement des circonstances du décès».