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Des principes… sacrés

Le débat sur l’ancrage de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution a pris une autre envergure le week-end écoulé. Samedi, le cardinal Jean-Claude Hollerich, pourtant reconnu progressiste, s’est indigné sur les ondes de RTL de cette démarche. Il est allé très loin, estimant que l’inscription de l’avortement dans la loi suprême équivaudrait à «imposer par la force un avis» à l’ensemble de la population. Un tel scénario ferait prendre à notre démocratie libérale des «allures de système totalitaire» et risquerait de pousser une «minorité catholique» dans les bras de l’extrême droite.

Que l’Église catholique soit fermement opposée à l’avortement, c’est son droit légitime. On peut l’accepter ou pas. Mais si un haut dignitaire comme Jean-Claude Hollerich tient ce genre de propos incendiaires tout en exerçant une pression sur les députés démocratiquement élus, on entre dans un autre scénario, bien plus dangereux. Pourtant, le cardinal affirme ne pas vouloir sanctionner les femmes qui se voient contraintes de pratiquer une IVG en respectant le cadre légal en vigueur. Glisserait-on vraiment dans le «totalitarisme» si le droit à l’avortement était inscrit dans la Constitution, grâce à un vote légitimé par un avis favorable du Conseil d’État et une majorité des deux tiers de la Chambre? La réponse est clairement non.

Ce qui nous amène au positionnement des différents partis. Le CSV est le seul à rester muet dans le débat. Par respect pour son partenaire de coalition, le DP temporise encore un peu, tandis que le LSAP et déi gréng soutiennent pleinement la proposition du député Marc Baum (déi Lénk). L’ADR doute de la pertinence de la démarche. En soi, la question de la constitutionnalisation de l’IVG demeure un cas de conscience. Il serait donc sage que les élus puissent décider librement, sans être soumis à une consigne de vote de leur fraction, comme ce fut le cas pour la légalisation de l’euthanasie en 2009.

Si la loi suprême attribue à «toute personne (le) droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion», elle garantit aussi «l’intégrité physique et mentale» et interdit des «peines ou traitements inhumains». Le bon équilibre sociétal doit être trouvé sur la base de ces principes… sacrés.

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