Le musée national d’Histoire naturelle a célébré sa rentrée avec une journée de découvertes et d’expériences. Le public a aussi pu découvrir le travail de l’ombre mené par les scientifiques.
Ce dimanche, le natur musée a ouvert grand ses portes pour sa traditionnelle fête de rentrée. Cette journée particulière, organisée chaque année autour de la reprise scolaire, est devenue un rendez-vous attendu par les familles. Elle offre bien plus qu’une simple visite des salles d’exposition : elle dévoile les coulisses du musée et met en avant ses nombreuses missions. «C’est une journée qui invite à découvrir le musée, mais aussi ses missions annexes», explique Patrick Michaely. Le directeur de l’institution ajoute : «Nous avons une responsabilité scientifique. Derrière chaque objet exposé, il y a un travail de recherche, des analyses, des collaborations.»
Le musée a toujours tenu à rapprocher la science du grand public. Pour cela, il s’appuie sur ses partenaires – l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) ou le Syndicat intercommunal pour la conservation de la nature (Sicona) – qui animent la journée avec des activités pour enfants. Cette dimension familiale attire chaque année entre 2 500 et 3 000 visiteurs. Mais le musée ne se limite pas au divertissement. «Notre mission repose sur trois piliers : les collections, la recherche et la sensibilisation», rappelle Patrick Michaely. «Lors de cette journée, nous essayons de réunir ces trois aspects.»

De l’espace aux abeilles
Durant cette journée spéciale, les visiteurs ont pu expérimenter 27 stands et ateliers. Côté sciences naturelles, les visiteurs ont pu reconstruire des squelettes de dinosaures ou déterrer des fossiles. Un club d’astronomie a invité à rêver sous le planétarium et observer de près le Soleil. Enfin, la vie animale et végétale a également été mise à l’honneur avec des explications sur les oiseaux de proie, les plantes médicinales ou encore les abeilles.
Ces pollinisatrices faisaient d’ailleurs l’objet d’une nouveauté qui a même réussi à apprendre un fait peu connu à son directeur. En effet, un atelier consacré à l’analyse du miel se penchait sur des échantillons allant du miel artisanal aux produits bios, mais tous issus de grandes surfaces. Guy Colling et Sylvie Hermant, chercheurs du musée, les ont passés au microscope pour vérifier la présence de pollens dans les différents pots.

«Un vrai miel doit contenir du pollen», explique Guy Colling. «S’il n’y en a pas, c’est probablement un produit artificiel fabriqué à partir de sirop de glucose.» Ce type d’étude, mené en collaboration avec la direction de la Protection des consommateurs du ministère de l’Agriculture, illustre parfaitement ce rôle du musée pour l’intérêt général. «Certains sirops de glucose arrivent à imiter les pics microscopiques du miel. Mais si l’on regarde de plus près, le miel a des structures plus complexes. Mais il faut pouvoir le vérifier», précise le chercheur.
«La minéralogie, c’est étudier le vivant»
Le natur musée-Fest a permis aussi de montrer des endroits habituellement inaccessibles, comme l’annexe scientifique. Simon Philippo, minéralogiste au musée, profitait de cette fête pour expliciter un métier souvent méconnu. «Beaucoup de gens imaginent encore que nous travaillons dans une tour d’ivoire, entourés de vitrines poussiéreuses. Nous voulons casser cette image. La minéralogie, c’est étudier le vivant.»
Loin de se résumer à l’observation derrière une loupe, le travail du minéralogiste alterne entre terrain et laboratoire. «Nous collectons des échantillons, parfois au Luxembourg, parfois à l’étranger, puis nous réalisons des observations au microscope électronique et des analyses pointues en partenariat avec d’autres laboratoires internationaux», décrit Simon Philippo.
À cela s’ajoutent la rédaction d’articles scientifiques, l’accueil de chercheurs étrangers venus consulter les collections ou la participation à des expositions internationales prestigieuses comme celles de Munich ou de Sainte-Marie-aux-Mines. Cette diversité illustre l’équilibre du natur musée : avancer dans la recherche tout en restant en contact direct avec le public. «C’est un monde merveilleux que les autres chercheurs et moi voulons partager avec le public. Ainsi, nous pouvons peut-être aussi susciter des vocations chez les plus jeunes.»
La minéralogie a aussi une importance stratégique. «Toute l’évolution technologique repose sur les métaux», souligne le scientifique. «On les retrouve partout, jusque dans nos téléphones. Et avec la transition écologique, la demande pour ces matériaux critiques est en constante augmentation.» Ce domaine touche directement à des enjeux sensibles, qu’il faut justement étudier et déconstruire pour rassurer. L’étude des minéraux d’uranium, par exemple, est essentielle pour le stockage sécurisé des déchets nucléaires. «On ne peut pas se permettre d’ignorer ce sujet. C’est justement parce que c’est dangereux qu’il faut l’étudier avec précision», observe-t-il.
À travers ces ateliers et ces rencontres, la fête du 14 septembre a montré combien le natur musée est à la fois un lieu de culture et un centre de recherche de premier plan. L’événement a aussi permis de rappeler l’importance des collaborations avec les administrations ou les associations et clubs scientifiques. «C’est tout un écosystème qui se retrouve ce jour-là», souligne Patrick Michaely. «Notre objectif est d’être inclusifs, compréhensibles et surtout de donner envie», conclut le directeur.
Un nouveau logo qui incarne l’institution
Après plus de vingt ans sans changement en la matière, le natur musée a repensé son identité visuelle. «L’ancien logo, que tout le monde connaissait, avait trente ans, il ne correspondait plus à ce que nous faisons aujourd’hui», explique Patrick Michaely. Le musée met désormais en avant l’appellation familière «natur musée», compréhensible dans plusieurs langues. «Nous voulons une image qui reflète nos missions de recherche et de sensibilisation. Et comme le musée est un lieu ordonné pour pouvoir transmettre au mieux, ranger les lettres dans des boîtes nous a semblé pertinent.»
