BGL LIGUE (6e JOURNÉE) Dans un mois, Geordan Dupire, titulaire dans les buts de Madagascar, aura une chance unique de se qualifier pour la Coupe du monde. Mais ce dimanche, il joue Mamer !
En gagnant ses deux rencontres de la semaine internationale face à la Centrafrique (2-0) et contre le Tchad (3-1), Madagascar s’est positionné, à deux journées de la fin de la phase de groupes des éliminatoires du Mondial-2026, zone Afrique, en 2e position du groupe I. À trois points du Ghana, actuellement qualifié automatiquement pour l’épreuve, un point devant les Comores et quatre devant le Mali, derniers adversaires lors du mois d’octobre.
Pour l’heure, Geordan Dupire, gardien titulaire des Barea, est barragiste en compagnie de son ex-coéquipier du Swift, Clément Couturier. Mais depuis Mamer, où Hesperange joue ce week-end, il rêve ouvertement de devenir le premier joueur de DN à se qualifier pour une Coupe du monde.
Dans quel état d’esprit rentrez-vous de ces deux matches de septembre disputés au Maroc ?
Geordan Dupire : Un sentiment de fierté. Ce ne sont pas tous les joueurs du monde qui disputent des éliminatoires du Mondial et qui ne sont pas loin de se qualifier. C’est une très belle semaine : on visait les six points et on les a pris. Comme ça, en octobre, on pourra repartir à la guerre pour aller chercher notre ticket. Mais on n’est pas surpris d’en être là, avec (NDLR : l’ancien international français) Corentin Martins comme sélectionneur. Il m’a appelé et m’a dit les choses clairement : on n’est pas là pour faire de la figuration, mais pour se qualifier. Et si on n’y arrive pas directement, alors on passera par les barrages : les quatre meilleurs deuxièmes s’affrontent en demi-finales puis en finale avant un match intercontinental contre une sélection asiatique.
Vous seriez encore mieux embarqué si vous aviez pu jouer dans votre stade ?
Il y a énormément de stades qui ne sont pas homologués, en Afrique. On a passé nos qualifications à évoluer au Maroc ou en Afrique du Sud. Le nôtre fait 40 000 places et a coûté 80 millions d’euros mais a priori, il n’est pas aux normes (NDLR : une bousculade lors d’un évènement sportif y avait fait treize morts en 2023 et depuis, trois demandes d’homologation ont été refusées par la confédération africaine). Même la pelouse, ils sont en train de travailler dessus. C’est dommage parce que Clément (Couturier) m’a dit que l’ambiance y est exceptionnelle, qu’il y règne une ferveur dingue.
Il faudrait que vous entendiez les chants et les prières d’avant-match, dans le vestiaire, ça file des frissons
Vous la vivez de près, désormais, cette ferveur.
C’est la culture malgache. Ça chante, Ça danse, même dans le bus qui nous amène au stade. On reste sérieux mais au travers de ces petites chorégraphies, on sent bien qu’on est aussi là pour le plaisir. Ma femme étant maroco-malgache, ce n’est pas un trop grand dépaysement pour moi, mais il faudrait que vous entendiez les chants et les prières d’avant-match, dans le vestiaire, ça file des frissons. C’est quelque chose qui se vit. Bon, après, ils sont tous catholiques donc quand ils font le signe de croix, moi qui suis musulman, je m’isole un peu pour faire ma prière à moi.
Les Nsombi, Kaloga, Prempeh, Nguinda, Cissé… Cela doit leur parler votre aventure africaine…
En fait, juste avant que je ne parte rejoindre la sélection, peu étaient au courant que j’avais la nationalité. Je crois que pour certains, cela a été une source de fierté. Et je pense que d’autres aimeraient bien être à ma place et représenter leur pays.
Vous vous y voyez, dans ce Mondial américain ?
Bien sûr que je m’y vois! Le Mondial, c’est le rêve de tout gosse dans le monde. On en rêve et cela va peut-être arriver à un joueur de DN. Si ça arrive, en octobre, je sais d’avance que je vais avoir du mal à y croire et il va falloir me taper deux ou trois fois sur la tête pour que j’y croie. Vous imaginez, l’ambiance dans un stade mexicain au Mondial?
Votre coach, Corentin Martins, faisait partie de l’équipe de France empêchée par la Bulgarie (1-2) en 1993, de se qualifier pour le Mondial-1994 aux États-Unis.
Ce serait une sacrée revanche pour lui. Le destin fait bien les choses parfois.
Avant ça, il va falloir vous y recoller avec le Swift. Dur ?
C’est le foot. Il faut arriver à se focaliser sur un objectif à la fois. Mais se remettre en mode club, ce n’est pas dur. Suffit de se remettre au travail et d’y aller avec la rage. L’ambiance est en plus beaucoup plus légère que la saison passée.
Qu’est-ce qui vous a poussé à rester, d’ailleurs ?
J’ai eu des opportunités en Europe de l’Est mais malgré des conditions tout à fait bonnes, je ne me voyais pas m’éloigner de ma famille alors que nous venons d’acheter une maison et que mon épouse, qui fait de la garde d’enfant à domicile, avait besoin de moi. J’ai préféré rester un an de plus. Peut-être que l’international m’ouvrira d’autres portes!