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Déi Lénk n’a plus confiance dans le gouvernement


David Wagner, Carole Thoma et Marc Braun ont vivement regretté l’issue des négociations. (Photo : sophie kieffer)

Le gouvernement n’est plus un partenaire fiable pour déi Lénk. Son chef aurait fait preuve de très peu de doigté lors des négociations en imposant ses idées de manière intransigeante.

Luc Frieden, alias «le CEO du gouvernement», serait arrivé plus ou moins habilement à ses fins en changeant la donne en dernière minute lors du troisième round de discussions sociales. Déi Lénk, comme d’autres partis politiques d’opposition, en est persuadée. Hier matin, elle a dénoncé «le manque de respect du gouvernement pour les syndicats» et «les traits autoritaires du Premier ministre», fossoyeur du modèle social luxembourgeois.

Une fois de plus, les décisions «courageuses» de son gouvernement, prises en «bon père de famille», sont fustigées. Le gouvernement jouerait avec la confiance des partenaires sociaux et n’hésiterait pas à se dédire. Déi Lénk n’hésite pas à se ranger du côté des syndicats. Le parti prévient, par la voix de Marc Baum, qu’il fera de la réforme des retraites un de ses thèmes de campagne lors des prochaines élections législatives.

«Le Premier ministre avait promis de sécuriser le système des retraites pour les 15 années à venir. Les mesures proposées ne le garantissent que pendant trois ans et amènent beaucoup de chaos et de conflit», note le député. «Nos propositions constituent des alternatives viables et vérifiées.» Il y a un an, le parti présentait une piste censée sauver le système «pour des décennies». «Il était équitable du point de vue social et contre la pauvreté des personnes âgées», poursuit-il.

L’idée était d’abolir le plafond de cotisations de cinq fois le salaire minimum, de cotiser sur les heures supplémentaires entre autres, de réduire les dépenses de la caisse des pensions, de conserver l’ajustement et l’allocation de fin d’année, d’augmenter le montant de la pension minimale garantie au niveau du revenu minimal garanti et d’augmenter à terme les cotisations à 27 %.

Pour le parti, il est tout à fait possible d’éviter un écroulement du système des retraites sur une durée de 15 ans sans augmenter la durée des années de cotisation et sans augmenter le montant de ces dernières. Seul à peine un quart des futurs retraités serait impacté par l’augmentation des années de cotisation, selon Marc Baum. «Cela démontre que le gouvernement a choisi une approche idéologique uniquement. Cette mesure permet d’engranger 50 millions d’euros. Augmenter le taux de cotisations de 8 % à 8,5 % rapporterait 540 millions d’euros», a calculé le député.

Marche arrière toute!

«J’ai essayé de les garder dans la salle jusqu’à ce qu’ils disent oui à tout. Je n’y suis pas tout à fait parvenu, mais ils sont restés là.» Carole Thoma cite une déclaration du Premier ministre qui, dans son intégralité, a mis le feu aux poudres et qui, pour l’opposition et les syndicats, paraît aujourd’hui prémonitoire. Le gouvernement ne serait plus un partenaire fiable. «Un gouvernement devrait être un médiateur qui défend les intérêts des différents partenaires dans la logique du système. Au final, il a cherché à éviter les compromis et a essayé de faire passer à tout prix ses propres revendications», analyse Carole Thoma. «Le gouvernement a fait marche arrière durant l’été, imposant des dégradations massives pour les salariés.»

Les heures d’ouverture et le travail du dimanche sont visés. «Avec cette libéralisation, le dimanche devient un jour de consommation et de travail comme tous les autres jours de la semaine, alors que personne ne le souhaite, au détriment des salariés des secteurs du commerce, du nettoyage et du gardiennage entre autres. Les plus vulnérables du marché», explique-t-elle, preuves à l’appui.

Sans compter l’impact de ces mesures sur les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas les moyens humains et financiers pour suivre le rythme imposé par les grandes chaînes. Un rythme qui n’aurait été réclamé par personne. La porte-parole de déi Lénk n’hésite pas à taxer le gouvernement de «clientélisme».

Les antagonismes entre les trois partis politiques ne datent pas d’hier, mais l’attitude du gouvernement et sa manière de foncer bille en tête au mépris, semble-t-il, des partenaires sociaux et des salariés a fortement déçu déi Lénk.

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