Accueil | A la Une | Alcool pendant la grossesse : «Les risques sont sous-évalués»

Alcool pendant la grossesse : «Les risques sont sous-évalués»


Grégory Lambrette (à dr.) et l’équipe de Quai 57 ont distribué des messages de prévention hier dans la capitale. (Photos : Hervé Montaigu)

Chaque année, au Luxembourg, environ 120 bébés naissent avec un syndrome d’alcoolisation fœtale dû à la consommation d’alcool de la future maman.

«L’impact de la consommation d’alcool sur le fœtus, puis le bébé, est clairement sous-évalué», alerte Grégory Lambrette, psychologue et psychothérapeute, chargé de direction de Quai 57, le service de consultation en addictologie de Arcus asbl.

Avec son équipe, il organisait hier une vaste action de sensibilisation en distribuant 2 000 stickers et flyers portant le message «Zéro alcool pendant la grossesse» à la gare de Luxembourg. La ministre de la Santé, Martine Deprez, s’est d’ailleurs rendue sur place dans la matinée en signe de soutien.

Ce 9 septembre marquait en effet la journée mondiale de lutte contre le syndrome d’alcoolisation fœtale, un terme désignant la forme la plus grave de l’ensemble des troubles neurodéveloppementaux directement causés in utero sur l’enfant à naître par l’exposition à cette substance toxique :

  • retard de croissance,
  • de langage,
  • difficultés d’apprentissage,
  • quotient intellectuel inférieur,
  • troubles du sommeil,
  • de la mémoire à court terme,
  • de la concentration,
  • hyperactivité, etc.

«Il n’existe pas de données officielles au Grand-Duché concernant le nombre de naissances d’enfants atteints de ce syndrome. Cependant, environ 10% des femmes dans la population générale continuent à consommer de l’alcool, souvent de manière occasionnelle, alors qu’elles sont enceintes.»

«On estime donc que 120 nourrissons sont concernés chaque année au Luxembourg», déplore le psychologue, qui ajoute que certains professionnels de santé peuvent encore malheureusement tenir des discours ambigus sur ce point.

Première cause évitable de handicap mental

Or, même occasionnellement et en petites quantités, l’alcool nuit au développement du bébé et constitue un risque important pour sa santé tout au long de sa vie.

«C’est la première cause de handicap mental d’origine non génétique – et donc évitable – chez l’enfant dans les pays occidentaux», poursuit-il. Un message qu’on entend trop peu dans nos sociétés.

Une illustration choc pour marquer les esprits.

 

«L’alcool peut être à l’origine de troubles physiques, cognitifs et comportementaux, avoir un impact sur la taille du bébé et causer de graves pathologies à l’âge adulte comme la dépression, l’état anxieux ou l’addiction. Il est démontré depuis les années 1960 que le syndrome d’alcoolisation fœtale apparaît aussi physiquement, avec des signes visibles sur le visage de ces bébés», explique Grégory Lambrette.

Pas seulement les profils vulnérables

Et contrairement aux idées reçues, la problématique est loin de se limiter aux profils les plus précaires ou les plus vulnérables. Dans un pays où la pression sociale encourage la consommation d’alcool, les femmes évoluant dans des milieux plus favorisés sont tout autant concernées.

Le jeudi 18 septembre, de 10 à 14 heures, sur le site Kirchberg des hôpitaux Robert Schuman (hall de la Clinique Bohler – 5, rue Edward Steichen), un stand d’information dédié aux futurs parents permettra d’aborder avec eux ce thème crucial, en collaboration avec Quai 57.

Les pères concernés eux aussi

Toute exposition fœtale à l’alcool, quelle que soit la fréquence, la quantité ou le type de boisson, comporte des risques. L’alcool passe dans le sang du bébé via le placenta, mais son foie immature ne peut pas l’éliminer rapidement : le fœtus reste longtemps exposé aux effets toxiques. «Aujourd’hui, on est incapable de dire s’il y a un seuil en-dessous duquel l’alcool ne serait pas nocif. Mieux vaut donc s’abstenir», rappelle Grégory Lambrette.

Un conseil valable pour les deux parents! Dès qu’il y a un désir d’enfant, l’arrêt total de l’alcool et de toute autre substance psychoactive est recommandé pour la mère comme le père, puisqu’ils transmettent tous deux la moitié du patrimoine génétique, et que la consommation avant la conception engendre des risques pour le développement du fœtus.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .