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Le luxembourgeois sur toutes les lèvres


Carl Adalsteinsson , Eric Thill et Pierre Reding lors de la présentation du programme de la première édition du «Dag vun der Lëtzebuerger Sprooch». (Photo : hervé montaigu)

Une langue n’est vivante que si elle est parlée. D’où l’appel du ministre de la Culture de ne pas se taire et de pratiquer le luxembourgeois sans relâche, surtout le 26 septembre.

Osez parler luxembourgeois! À vos voisins, à votre boulangère, aux inconnus dans la rue… Avec des fautes ou un accent. Peu importe, osez! Que vous soyez d’origine étrangère ou natif du Grand-Duché. Juste un mot ou deux, le reste suivra.

Tel est le message du ministère de la Culture et du Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch en amont de la toute première édition de la journée de la Langue luxembourgeoise. Aux locuteurs natifs d’être tolérants et pédagogues face aux erreurs et aux locuteurs étrangers de s’essayer sans crainte à cette langue somme toute complexe à la première écoute.

Un multilinguisme à double tranchant

Le thème de cette première journée est «Prends la parole, le luxembourgeois unit» et peut très bien faire office de langue d’intégration au même titre que le français ou l’anglais. «Le luxembourgeois est une langue vivante et diverse qui ne peut être forte qu’à condition d’être parlée et vécue», a expliqué Eric Thill, ministre de la Culture, hier matin. Il envisage le luxembourgeois davantage comme un instrument pour «construire des ponts et de la cohésion» que comme «un moyen de communication». «Elle est un patrimoine vivant, une partie de notre identité.»

De même que le multilinguisme de ses habitants qui sera également mis à l’honneur lors de cette journée spéciale. Un multilinguisme à double tranchant : à la fois une force des citoyens luxembourgeois et un frein à la pratique de leur langue natale. Pourquoi se donner le mal de l’apprendre quand on sait qu’on peut vivre au Luxembourg sans problème sans la pratiquer?

«J’appelle les personnes qui parlent luxembourgeois de laisser les autres parler leur langue. Peu importe s’ils la parlent bien ou pas», conclut le ministre. Optimiste, il pense que passé les premières barrières, tout le monde peut s’y mettre et rappelle toutes les possibilités pour apprendre cette langue.

Dibberen, schmusen, etc.

Uniquement parlée jusqu’au XIXe siècle, la langue luxembourgeoise sera couchée sur le papier par des auteurs comme Dicks, Michel Rodange ou encore Michel Lentz. Petit à petit, au fil des méandres de l’histoire du Grand-Duché, elle a cristallisé toute la conscience nationale et l’unité retrouvée d’un peuple qui en a fait officiellement sa langue nationale en 1984. Le dernier recensement de la population en 2021 montre que le luxembourgeois est la première langue de la plupart des habitants, devant le portugais et le français, et qu’il est parlé par 49 % des habitants.

Lors de cette journée dédiée à la langue luxembourgeoise, on ne fera pas que parler. On chantera, on jouera, on lira… Toutes les formes d’expression seront mises à l’honneur par un programme de concerts, de conférences, de représentations théâtrales, d’ateliers et de publications diverses. Le programme disponible en cinq langues est disponible sur le site internet du ministère de la Culture.

Les enseignants seront également invités à explorer la culture et l’histoire autour de cet idiome avec leurs élèves. Les patrons devront faire de même avec leurs salariés. «Ils devront utiliser cinq termes et expressions spéciaux que nous avons sélectionnés pour encourager l’usage du luxembourgeois sur le lieu de travail. Äddi a Merci!, Gudden Appetit!, Wat e Gedeessems! Moie, wéi geet ett? et Quetschen och!», ajoute le ministre. «Chaque année, nous sélectionnerons de nouveaux termes.»

Eric Thill est ses collaborateurs se projettent déjà dans la prochaine édition. Un appel à projets et à idées a été lancé hier pour l’édition 2026.

L’édition 2025 aura, quant à elle, lieu le 26 septembre, jour de la journée européenne des Langues. Le ministre espère par ce biais lancer «une nouvelle tradition remplie de vie et de créativité».

Alors, kommt mir schnëssen, dibberen, schwätzen, schmusen, braddelen, tuten Lëtzebuergesch!

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