ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2026 Soixante-douze heures après l’Irlande du Nord et une défaite frustrante, y a-t-il déjà moyen de changer de braquet contre la Slovaquie ?
Allez, on refait les comptes parce que cela donne aussi un peu la mesure de la tâche. Plus de Gerson Rodrigues. Peut-être plus de Brian Madjo. Et pas de Christopher Martins. Ça, c’était le bilan fatalement gênant avant l’Irlande du Nord.
Pour la Slovaquie, on reprend les mêmes… et on y ajoute Korac. Donc, après le meilleur buteur, la starlette en devenir et le patron de l’entrejeu, c’est le nouveau défenseur central référent qui fera défection. Et face à ce constat piquant, au moment de s’asseoir dans un fauteuil de l’hôtel Leweck pour un point presse, Jeff Strasser, qui entame sa carrière de sélectionneur et est contractuellement tenu à l’optimisme, reste obligé de sourire comme si ce n’était finalement qu’un simple contretemps que tous ces fantômes planant au-dessus de Lipperscheid et de son début de règne.
Et si on comptait les «mais»…
Ça ne l’est pas. Il le sait, on le sait, tout le monde le sait. Comme il sait, et que l’on sait, que la défaite de jeudi soir est moche. Parce que si le résultat avait dû s’appuyer sur une forme de logique, au regard de la production, les Rout Léiwen auraient pu prétendre au match nul pour lancer leur campagne. Le technicien a ainsi refait le point en sachant qu’il n’a pas le droit au fatalisme aussi tôt dans son mandat. Ce n’est de toute façon pas le genre de la maison.
L’avantage, c’est que personne d’autre mieux que Jeff Strasser ne sait faire du Jeff Strasser. Sur le terrain, on lui sait un don pour survivre tactiquement et trouver ce qui va emmerder (il faut bien le dire comme ça, après tout) son adversaire et permettre à ses joueurs de créer du danger. Derrière un micro, il sait aussi faire prendre corps à une idée. Et alors qu’on cherchait avant tout à déterminer quel style footballistique il impulserait à cette sélection, on avait oublié trop facilement qu’il faudrait peut-être aussi une idée forte pour mobiliser les énergies. L’Irlande du Nord lui en a donné l’occasion, clefs en main. «Notre première période était très aboutie et aurait dû se solder par un résultat plus positif, mais il y a toujours un « mais« . Un « mais« qui fait mal. Ce « mais« , il faut le faire disparaître.»
Chaque supporter du Grand-Duché voit très bien de quoi parle le sélectionneur, non? En 2024, les Rout Léiwen avaient une occasion en or d’accéder à l’Euro… «mais» en Géorgie, l’option tactique retenue lors du barrage n’était peut-être pas la bonne. En 2023 déjà, les Rout Léiwen auraient mérité cent fois de battre la Slovaquie lors de la phase éliminatoire classique et de se qualifier directement… «mais» ils avaient manqué de réalisme. Déjà deux fois, cette sélection aurait dû accéder à la Ligue« B en Nations league… «mais» a raté à chaque fois le match décisif.
Ne plus faire des coups, mais LE coup
On en a retrouvé ces résurgences habituelles, jeudi. Moris a repoussé le penalty… «mais» personne n’a suivi. Le coach avait prévenu de faire attention à l’entame… «mais» les Nord-Irlandais ont marqué à la 46e. «On en a reparlé ce matin avec les joueurs, raconte Strasser. On a l’impression qu’on s’est battus tout seul. Le haut niveau, c’est ça. C’est réduire les petits détails qui font la différence. Sur le penalty par exemple, on a un temps d’avance sur le ballon qui se transforme en temps de retard parce qu’on veut mettre derrière avec une tête plongeante au lieu d’utiliser le pied. Sur le deuxième but, on a un déséquilibre dans l’axe parce qu’on a défendu sur le côté. Sur le troisième, on gagne le premier duel mais ça retombe dans les pieds de Devenny. On a eu beaucoup de malchances, hier, mais on s’y est mis nous-mêmes à chaque fois.»
Il n’en demeure pas moins que les joueurs ont visiblement adhéré au projet de jeu. Reste à les faire accéder à ce mystère qui transforme une très bonne équipe en équipe susceptible d’écrire l’histoire. L’axe de travail, désormais, est de professionnaliser ce groupe qui a des ressources même en l’absence de cadres. Voilà plus de dix ans qu’il fait des coups. Strasser veut le préparer à faire LE coup.
On ne peut pas avoir d’exigences, en attendant. À part peut-être celle-ci : si le pays pouvait s’éviter de commencer par un 0 sur 6 à la maison, cela prouverait au moins que sa sélection nationale a déjà commencé son apprentissage…