ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2026 Le pays n’a même pas eu le temps de pleurer les départs de Madjo et Gerson qu’il s’est déjà trouvé une nouvelle pépite à aduler.
Le site de l’UEFA présente une vidéo de 22 secondes de son but de jeudi soir, contre l’Irlande du Nord, avec en légende, ces deux mots prometteurs : «En vedette».
On n’aurait pas pu le dire plus à propos. Pour cette première rencontre de l’après-Gerson Rodrigues, prié par sa fédération de ne plus venir, mais aussi potentiellement de l’après-Madjo, qui semble préférer la fédération anglaise, on n’osait imaginer une conjonction des temps suffisamment folle pour qu’éclose là, sous nos yeux encore pleins de larmes de regrets, un gamin dont on pressentait le talent sans en avoir encore de preuve tangible.
Aiman Dardari nous en a mis plein les yeux en quelques actions de classe qui soignent tous les chagrins. On ne sait pas trop comment classer ses mérites pour une titularisation dans l’axe censée combler cette évidence énoncée par Jeff Strasser en conférence de presse : «Non, effectivement, on n’a plus beaucoup de solutions en n° 9.»
Déjà, Dardari semble apprendre vite. Férocement secoué par les Britanniques sur chaque duel en première période, le gamin de 20 ans a mis à Reid un coup d’épaule à faire valdinguer un Brian Madjo pour lui arracher le ballon avant d’éliminer deux joueurs et de déclencher une frappe qui aurait terminé au fond sans un genou qui traînait. Dommage : cela aurait fait un doublé, cela aurait changé le cours du match et l’on aurait, déjà, crié au génie!
De la Regionalliga au Bayern Munich
Mais il n’y a pas que ça. Dardari nous a envoyé des promesses de capacité à l’élimination en un contre un rare, telles qu’on n’en connaît vraiment qu’à Vincent Thill ou Yvandro Borges. L’offre s’étoffe.
Mais là où Dardari cultive déjà son unicité, c’est qu’il associe ce talent de dribbleur (voire de funambule, si l’on constate l’accélération qu’il a dû poser, au milieu de trois défenseurs nord-irlandais pour marquer le 1-1) à un sens du déplacement et de l’appel absolument magistral.
Oui, Curci sait prendre la profondeur comme peu de Rout Léiwen, mais Dardari semble disposer d’une prédisposition qui confine à l’occulte pour un garçon qui reste un ailier, et pas un joueur d’axe, à moins de le voir s’y installer. «Ses appels sont intelligents, oui, abonde Jeff Strasser. Comme ça, on peut se servir de sa vitesse.»
Le sélectionneur, qui a visiblement envie d’en dire le plus grand bien, a fréquenté assez de temps la Bundesliga pour savoir que cela pourrait bien être la saison d’Aiman, dans son club d’Augsburg (qui vient de lui faire signe son premier contrat pro) ou en sélection.
Strasser a, à son avis, un argument massue à présenter : «Ce n’est pas pour rien qu’il joue le vendredi en Regionalliga – et qu’il marque – et se retrouve sur le banc en Bundesliga, contre le Bayern Munich, le lendemain. Ça, moi, je ne l’ai pas vu souvent et cela veut dire que son coach croit en lui et lui fait confiance!».
On est encore loin du roi et de ses dreadlocks ou des promesses de son successeur, avec son 1,93 m et ses premiers pas en Ligue 1 à tout juste 16 ans. Pas le même gabarit. Mais depuis jeudi soir, on se reprend à sourire en pensant au secteur offensif des Rout Léiwen.