ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2026 Danel Sinani semble avoir franchi un cap énorme, durant le mois d’août. Titulaire indiscutable à Sankt Pauli, il pourrait bien transcender les Rout Léiwen.
Après 180 minutes de Bundesliga, Danel Sinani est le quatrième meilleur joueur du championnat d’Allemagne. Seuls Kane, Oliseh et Gnabry, trois des stars du Bayern Munich, ont pour l’heure été plus performants, selon Kicker, qui a attribué deux fois la note de 2 au meneur de jeu luxembourgeois de Sankt Pauli. C’est dire si l’ancien Dudelangeois a attaqué sa saison à un niveau élevé.
Ce dernier est au centre de l’attention et de deux premières journées extrêmement «trash». Jugez plutôt : match nul 3-3 contre Dortmund après avoir été mené 1-3, lors de la 1re journée, enchaîné avec un succès dans le derby contre Hambourg (0-2) devant 55 000 spectateurs, lors de la 2e journée, avec, à chaque fois, des commentaires de fin de partie qui en disent long sur ce qui se joue autour de Sankt Pauli en ce moment. Quelque chose qui confine à l’électrique. Vendredi soir, Sinani est sorti du terrain pour lâcher ça : «La solidarité était là dès la première minute, tout comme l’émotion. Les tacles ont fusé, mais nous sommes restés calmes et avons fait du bon travail.»
La phrase fait mystérieusement écho à ce qu’avait dit Niko Kovac, coach du BVB une semaine plus tôt, parce que les mots «tacle» et «fuser» étaient là aussi et que dans un football moderne où le geste en lui-même n’est plus que moyennement apprécié, il dit l’engagement qui a cours dans cette équipe : «Nous savions que les tacles allaient fuser, que les supporters allaient soutenir leur équipe et que nous allions devoir travailler très dur physiquement pour repartir avec quelque chose. Pendant 90 minutes, nous avons rarement été capables de rivaliser physiquement avec eux. Nous n’avons pas avancé comme nous le voulions. Notre jeu était trop lent.»
«Il est extrêmement agressif»
Entre les lignes, le jeu que propose Sankt Pauli confine au «fou-furieuxisme». Et l’homme qui l’illustre mieux que personne à l’heure actuelle a été formé au RFCU. Les stats le disent : Sinani a couru 12,5 kilomètres en moyenne par match. Il a scoré une fois et délivré une passe décisive. Mais cela va au-delà. Bien au-delà. Son coach, Alexander Blessin, ne tarit pas d’éloges : «Dans le jeu défensif, il est désormais extrêmement agressif dans le contre-pressing. Danel demande beaucoup de ballons, trouve presque toujours des solutions, joue rapidement. C’est ce dont nous avons besoin pour notre jeu.»
Ce commentaire, l’ancien coach d’Anthony Moris à l’Union saint-gilloise, l’a donné dans un article amoureusement rédigé par nos confrères de Kicker et intitulé «Sinani, symbole du développement». Il s’y raconte l’évolution majeure du garçon : «Sinani peut désormais mieux exploiter ses véritables atouts au centre, car l’entraîneur a perfectionné le jeu de l’équipe après un processus d’adaptation très réussi à la Bundesliga. Sinani est un meneur de jeu qui se déplace bien.»
Cette reprise est parfaitement réussie. Elle a changé le regard que l’on doit désormais poser sur un créatif qui explose dans un championnat majeur (il a même retrouvé sa valeur marchande la plus élevée de 1,5 million, celle qu’il avait quand il faisait la pluie et le beau temps à Huddersfield, en 2022) et qui devrait symboliquement reprendre le numéro 10 laissé vacant par Gerson Rodrigues.
«Nous avons montré que nous avions un caractère bien trempé», a lâché Sinani, la semaine dernière. Le sien, en tout cas, l’est, et alors que Laurent Jans, son capitaine, assure qu’il a «encore une marge de progression» et que c’est «tout sauf une surprise de le voir aussi bon», il est peut-être temps de contextualiser le niveau que le meneur de jeu a atteint : l’Irlande du Nord a Conor Bradley (Liverpool)? Et bien le Luxembourg a Danel Sinani!