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Isabelle Sire-Ferry, patronne de la police en Moselle : «La délinquance change, nous aussi»


«Nous avons saisi 1,5 million d’avoirs criminels depuis le début de l’année », livre Isabelle Sire-Ferry, la directrice interdépartementale de la police nationale. (photo le RL)

Isabelle Sire-Ferry est la patronne de la police en Moselle. Elle dirige 1 500 policiers mosellans et évoque l’évolution du métier.

Isabelle Sire-Ferry n’oubliera jamais «son» premier crime : un homme qui en avait tué un autre à coups de cendrier. « La victime avait mis une petite annonce pour vendre sa voiture. Rendez-vous avait été fixé chez le meurtrier. Alors que tous deux s’étaient installés dans le salon pour discuter du prix, il a saisi son cendrier. Puis il a tenté de dissimuler le corps dans la cave de l’immeuble. C’était glauque ! Pour expliquer son crime, le meurtrier avait dit qu’il était intéressé par la voiture mais qu’il n’avait pas les sous. Ce n’était pas un véhicule de luxe en plus… »

À l’époque, l’actuelle patronne des 1 500 policiers de Moselle se trouvait en stage à Nancy, elle qui avait réussi le concours de l’École nationale supérieure de la police (ENSP), à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (près de Lyon). Nancy. Là où Isabelle Sire-Ferry est née, là où tout a commencé. Pourtant, la future commissaire puis contrôleuse générale ne se destinait pas aux métiers de la police quand elle a attaqué ses études de droit.

Elle dont la mère était gestionnaire chez EDF et le père VRP dans l’électronique. En 2003, cinq ans après sa sortie de l’ENSP et au gré des affectations, Isabelle Sire-Ferry devient directrice départementale de la sécurité publique, en Haute-Marne (52). « À l’époque, nous n’étions que quatre femmes DDSP en France. C’était un monde encore très masculin et j’avais 33 ans. J’étais la plus jeune DDSP. Nous restons minoritaires dans les postes de direction mais il y a tout de même une évolution. »

Des procédures plus longues

Autre métamorphose : le fonctionnement de la police avec la réforme du 1er janvier 2024, qui a instauré une direction par département. Finie la centralisation depuis Paris, notamment pour la PJ (police judiciaire). Une évolution ? Ce changement a fait grincer des dents chez les syndicats, mais Isabelle Sire-Ferry n’y voit que « du positif. Cette réforme n’a rien changé pour la population mais en interne, plus qu’une évolution, cette mesure a été une révolution. Dans chaque département, il y a désormais une direction unique pour l’ensemble des policiers. Tout a été décloisonné, il y a une meilleure circulation de l’information entre les services ».

Celle qui est passée avec cette réforme de DDSP à DIPN (directrice interdépartementale de la police nationale, car certains services comme la PJ sont compétents sur des territoires voisins) ajoute : « La délinquance se transforme et nous nous adaptons à cette mutation avec le renforcement de certains services comme la lutte contre la cybercriminalité. Mais il est vrai que de manière générale, nous avons davantage de tâches à remplir.

Vingt-cinq ans en arrière, une procédure se limitait à 10 PV. Aujourd’hui, il y en a 50. Il faut maintenant deux jours pour faire ce que l’on effectuait en une journée. Certes, les progrès scientifiques et technologiques aident à la résolution des enquêtes, mais cela demande des investigations supplémentaires. La téléphonie prend du temps. Sur ma première scène de crime, il n’y avait pas de téléphonie… » Isabelle Sire-Ferry fait d’ailleurs cet aveu : « Comme tout le monde, je vends des objets via les annonces en ligne. Mais je fixe toujours mes rendez-vous dans des lieux publics… »

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