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Dudelange : le site de Liberty Steel commence à être démantelé


Pour les salariés restants, ce démantèlement se ressent comme un «pillage».

Alors que le site de Liberty Steel attend toujours de trouver un repreneur, l’une de ses parties est en plein démantèlement depuis mardi.

Après presque trois années d’inactivité, le site de Liberty Steel à Dudelange commence à être démantelé. «L’usine est composée de deux zones, celle de la galvanisation et celle de l’électro-zingage. Le curateur a lancé le processus de démantèlement pour cette deuxième partie», nous informe Robert Fornieri, membre du comité de direction du LCGB.

Le curateur doit à la fois récupérer de l’argent, tout en payant les frais courants. «Il n’a plus de moyens, alors il démantèle le volet qui n’intéresse pas le repreneur pour récupérer de l’argent… En revanche, sur l’autre partie, il n’y aura pas de démantèlement, juste de la vente de matériel non nécessaire pour la suite.»

Des pièces revendues pour leur ferraille

Pour les salariés toujours présents pour surveiller le site sur le compte du curateur, ce démantèlement se ressent comme un «pillage» : «Le ferrailleur est arrivé mardi et a commencé à prendre des pièces de valeur, qui auraient pu être revendues à ArcelorMittal pour beaucoup d’argent, au lieu de quoi tout est revendu à bas prix pour de la ferraille», nous raconte un ex-salarié sous anonymat.

Il donne l’exemple d’une pièce d’une valeur de 12 000 euros, revendue seulement 500 euros. «Si tout est vendu en ferraille, ce ne sera pas assez d’argent pour rembourser nos créances… On se dit qu’on ne les récupèrera jamais», souffle-t-il.

Une «catastrophe écologique»

Si les salariés ont l’impression que la situation se fait «au plus vite et dans leur dos», Roberto Fornieri nuance tout de même : «Le curateur n’a pas encore vendu le site… Le démantèlement a un point de vue purement fonctionnel pour faire rentrer des recettes. Il travaille de concert avec l’ancienne direction pour ne pas faire n’importe quoi», rassure-t-il.

L’ex-salarié pointe également du doigt la «catastrophe écologique» que ce démantèlement représente. «Il y a de l’huile et des produits chimiques partout… Ce n’est pas possible de détruire une usine comme cela.»

Lui, qui a passé 14 ans de sa vie dans cette usine, confie ne pas avoir dormi de la nuit après avoir appris la nouvelle : «Je trouve ça fou que cela se termine comme ça, alors que Liberty Steel et Galvalange avant ça était présentés comme des fleurons luxembourgeois…».

Une prochaine réunion le 5 septembre

Plus de 100 personnes attendent encore le solde de la créance, selon Roberto Fornieri. «Lors d’une faillite, le risque qu’elle ne soit pas remboursée est toujours présent. Cela va dépendre de l’offre de rachat que le curateur choisira et si la vente générera assez», souligne le membre du comité de direction du LCGB.

Alors que le montant de la créance s’élève à 46 000 euros, seulement 15 000 euros ont été remboursés pour le moment, selon l’ex-salarié. «Le reste est soumis à la vente du site et du matériel», appuie-t-il.

Pour les salariés qui attendent justement un rachat depuis des mois, cette situation ne fait qu’ajouter à la «rancœur» et la «colère» ressenties depuis des années. «Le site est démantelé avant un quelconque rachat… Il était d’abord promis à un revendeur turc, puis chinois… Et maintenant c’est l’État qui veut le racheter, mais pour moins cher», résume l’ex-salarié.

Toujours dans l’attente d’un rachat

En faillite depuis fin novembre 2024, le site de Liberty Steel à Dudelange a laissé environ 150 salariés dans l’incertitude, certains confrontés à des salaires impayés. L’espoir d’une reprise industrielle a été douché au printemps 2025, lorsque le groupe turc Tosyalı s’est retiré des négociations.

Face à cette impasse, le gouvernement luxembourgeois a déposé en juillet une offre de rachat auprès du curateur, avec l’objectif de réaménager le site et d’y développer de nouvelles activités industrielles. En parallèle, l’Adem et les partenaires sociaux multiplient les initiatives de reclassement pour les employés restants.

Roberto Fornieri comprend le désarroi et les réactions vives des salariés : «C’est l’un des pires dossiers de ma carrière… C’est une succession d’évènements rocambolesques qui ne se finalise jamais.» Alors que 80 salariés sont toujours sans solution, le syndicaliste estime que ce dossier doit servir de leçon afin qu’il ne se reproduise jamais. «C’est indispensable d’adapter le cadre légal, surtout au niveau européen.»

En attendant, tout ce que peuvent espérer les salariés, c’est «que les torts soient reconnus et que les salariés soient payés». De leur côté, l’OGBL et le LCGB se réuniront le vendredi 5 septembre avec les ministères pour faire le point sur la situation et voir où elle en est. Si des réponses sont évidemment attendues, Robert Fornieri l’assure : «Nous allons venir avec beaucoup de questions!»

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