L’équipe de Sichhenn.lu, mobilisée lors de disparitions d’animaux domestiques, n’arrive plus à suivre face à l’explosion des demandes : elle lance un SOS aux autorités.
«Un vrai crève-cœur.» Voilà en quels termes Tanja Forette, présidente et fondatrice de Sichhenn.lu, évoque la réduction forcée de l’activité de son association.
Une décision qu’elle a dû prendre la mort dans l’âme, alors qu’avec son équipe de onze bénévoles, ils ne parviennent plus à assurer toutes les missions de recherche de chiens et de chats disparus confiées par les particuliers aux quatre coins du pays.
La petite structure, dont le siège n’est autre que la maison de Tanja, est bien connue des Luxembourgeois, et aussi de la police, qui la sollicite fréquemment suite à des signalements d’animaux en fuite.
Une notoriété qui lui coûte cher aujourd’hui puisque, faute de moyens, elle se retrouve contrainte d’accepter uniquement les cas où l’animal est en danger.

Pour sauver Sichhenn.lu, Tanja Forette espère décrocher une aide de l’État pour créer deux postes salariés.
«Nous sommes tous bénévoles, avec un emploi en parallèle. Or, ces derniers mois, nous assurons une dizaine d’interventions par semaine, et notre engagement au sein de Sichhenn.lu représente maintenant 18 à 22 heures hebdomadaires. Tout concilier est devenu impossible», décrit la présidente, qui nous accueille dans son jardin à Hesperange.
C’est par passion qu’elle s’est lancée dans le pistage avec son chien il y a 14 ans, devenant ensuite à son tour formatrice. Et en 2017, cette graphiste de profession finit par monter sa propre association.
Pettrailing et mantrailing
«Ce qu’on fait, c’est du pettrailing et du mantrailing : nos chiens sont entraînés à flairer l’odeur précise d’un animal ou d’une personne», explique-t-elle.
Dans la majorité des cas, le chien s’est sauvé lors d’une sortie en forêt par exemple, en poursuivant un animal, suite à une altercation avec un autre chien, ou alors il a juste échappé à la vigilance de son propriétaire.
Mais il arrive aussi que l’animal ait pris la fuite dans le contexte d’un accident de voiture, que des touristes aient perdu la trace de leur chien à quelques jours du retour, ou même que l’animal ait été volé pour être revendu.

Depuis 2017, les onze bénévoles ne ménagent pas leurs efforts.
Démunis, les maîtres contactent alors Sichhenn.lu par téléphone, en ligne ou via les réseaux sociaux, et l’équipe déclenche des opérations de recherche. «Nous sommes équipés avec des technologies de pointe, financées uniquement grâce à des dons privés», détaille Tanja Forette.
«On commence toujours à travailler avec nos chiens dans la zone de la disparition pour localiser le plus précisément possible l’animal perdu. Une fois qu’on a établi un périmètre plus resserré, on utilise des caméras thermiques, dont l’une fixée sur un drone, et des cages dans lesquelles on place de la nourriture ou l’odeur des maîtres.»
L’animal est retrouvé dans neuf cas sur dix
Une méthode éprouvée, qui a permis jusqu’ici à la petite équipe de rendre l’animal à ses propriétaires dans neuf cas sur dix, sur près de 200 missions menées chaque année.
D’excellents résultats qui n’ont pourtant pas convaincu les autorités de soutenir l’association : «Depuis deux ans, on a multiplié les échanges avec le ministère de l’Intérieur, la direction de la police, le CGDIS et dernièrement, le ministère de l’Agriculture, sans aucune suite jusqu’ici.»

Entourée de ses trois chiens, la présidente espère pouvoir continuer ses missions.
Pour sensibiliser l’opinion publique et tenter de faire enfin bouger les choses, Tanja Forette compte sur la presse et la publication, dès la rentrée, d’une pétition publique sur le site de la Chambre des députés.
Ce qu’elle espère, c’est que le projet clé en main qu’elle a rédigé afin d’assurer la pérennité du service soit enfin pris au sérieux et financé.
«Le but, c’est de structurer ce qu’on fait déjà, avec deux postes salariés qui prendraient en charge toute la gestion, tandis que les bénévoles pourraient se concentrer uniquement sur le volet recherche.»
Un numéro d’urgence comme aux Pays-Bas
Elle cite en exemple le modèle instauré aux Pays-Bas, où un numéro national d’urgence est dédié aux animaux disparus. Pour être déployé, ce projet, à développer sur cinq ans, nécessite d’être conventionné.
Le service de Sichhenn.lu, à la fois efficace et d’utilité publique, pourra-t-il être sauvé? Cela dépendra sans doute du niveau de mobilisation du public qui, on le sait, peut s’avérer déterminant au niveau politique.