Le secteur génère plus de 73 000 emplois indirects, qui s’ajoutent aux 73 272 salariés de la place.
En dix ans, selon le rapport «A Decade of Growth and Diversification», publié par Luxembourg for Finance, le secteur financier luxembourgeois a connu une croissance soutenue de l’emploi ainsi qu’une diversification accrue. Entre 2014 et 2024, l’emploi direct est passé de 54 195 à 73 272 salariés, soit une progression annuelle moyenne de 3,1 %. Même si les indicateurs publiés par le Statec «semblent confirmer un ralentissement, voir pratiquement une stagnation dans la création d’emplois dans le secteur financier», comme l’observent les députés Laurent Mosar et Maurice Bauer (CSV), le ministère des Finances se veut rassurant quant à l’évolution de l’attractivité de la place financière.
Plus récemment, le Statec a noté un léger regain de dynamisme dans le secteur privé entre le 1er et le 2e trimestre 2025, attribuable en partie au secteur financier après plusieurs trimestres de ralentissement. En dépit des crises multiples et d’une situation géopolitique incertaine, l’évolution de l’emploi dans le secteur confirme, selon le ministère des Finances, «à la fois la résilience de la place financière et sa capacité à demeurer un moteur essentiel de croissance économique et sociale pour le pays.»
Le rapport de Luxembourg for Finance indique que si le secteur bancaire reste le principal employeur, avec 35,9 % des effectifs en 2024, sa part relative diminue au profit d’activités en expansion. La gestion de fonds progresse de 6,7 % par an et représente désormais 18,1 % des emplois, contre 12,7 % dix ans plus tôt. Les services professionnels (audit, conseil, juridique) connaissent une croissance annuelle de 5 %, atteignant 28,2 % de la main-d’œuvre, tandis que les autres services financiers (incluant les paiements, investissements et services spécialisés) enregistrent une progression annuelle de 7,2 %, devenant le segment le plus dynamique.
La place reste attractive et pas seulement pour les travailleurs frontaliers. En 2024, 82 % des salariés du secteur étaient de nationalité étrangère, contre 78,7 % en 2014. La proportion de ressortissants non européens a triplé pour atteindre 10,2 %, avec une croissance annuelle moyenne de 15,7 %. Une part croissante des employés du secteur (53,8 %) réside désormais au Luxembourg, contribuant à la vitalité du marché de l’emploi national.
Le secteur financier génère, en outre, près de 49 000 emplois indirects, auxquels s’ajoutent 13 800 emplois liés à la consommation et 10 650 emplois induits par l’investissement. En 2024, ce sont ainsi près de 146 655 emplois qui étaient directement ou indirectement liés à la place financière. «Ces chiffres démontrent que l’impact du secteur dépasse largement son périmètre propre et irrigue l’ensemble de l’économie nationale.»
En se basant sur les chiffres du Statec, on constate que l’emploi financier a augmenté d’environ 30 000 emplois au début du millénaire à plus de 54 000 emplois en 2024. En termes relatifs, l’emploi financier évolue depuis 2018 autour de 10,6 % de l’emploi total.
Pas d’inquiétude à avoir, selon le ministre des Finances, Gilles Roth, qui indique aux deux députés que la variété des métiers et des segments financiers au Luxembourg constitue un atout de résilience et d’adaptation. «Le dynamisme des services professionnels, des fintechs et de la finance durable laisse entrevoir de nouvelles perspectives de développement et d’emploi.»
Pour que la place financière reste le fleuron de l’économie nationale, le gouvernement a décidé en juillet 2024 la mise en place d’un vaste paquet de mesures à travers le Entlaaschtungs-Pak (renforcement du régime de la prime participative, amélioration du régime applicable aux impatriés, etc.) applicable en partie depuis l’année 2025, mais encore plus récemment à travers le plan d’action en 10 points pour les startups. D’autres mesures sont en cours de préparation, voire de finalisation.
Coopération avec l’université
La ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Stéphanie Obertin, rappelle que l’université du Luxembourg représente un acteur clé pour accompagner la croissance et le dynamisme futurs de la place financière.
Plus de 600 étudiants sont inscrits dans les programmes de bachelor en administration des affaires et en sciences économiques, et 600 autres dans différents programmes de master. L’université offre aussi des programmes doctoraux qui comptent actuellement environ 60 candidats en finance, gestion et sciences économiques, 20 candidats en «fintech» et 20 candidats en droit financier.
Plusieurs chaires ont été instaurées en partenariat avec des entreprises de la place et des ministères. Des échanges réguliers ont également lieu avec les responsables de l’université afin d’approfondir les perspectives de coopération.