Niederanven a inauguré la première «tiny house» 3D du Luxembourg. Symbole d’innovation et de durabilité, elle est tout de même critiquée, notamment sur son coût.
«Notre rôle, en tant que commune, est aussi de promouvoir l’innovation», explique le bourgmestre Fréd Ternes devant cette bâtisse dernier cri. La commune de Niederanven vient de franchir une étape dans le domaine de l’architecture et du logement durable. Dans la section de Rameldange, sur une parcelle jusque-là difficilement constructible, s’élève désormais la première tiny house imprimée en 3D du Grand-Duché. Fruit d’une collaboration avec ODA Architects, le projet illustre la volonté de la commune de concilier innovation et durabilité.
«À un moment donné, il faut que quelqu’un ose. Nous voulions pour cette parcelle un projet innovant, qui puisse servir de vitrine à la commune et au pays», exprime-t-il. «Après réflexion du collège échevinal sur les différentes options, l’impression 3D s’est imposée comme une évidence, par sa rapidité mais aussi sa flexibilité adaptée au site.»
La maison combine une structure imprimée en béton allégé (60 % de pierre concassée et 40 % de ciment renforcé de fibres textiles et de verre). Les fondations reposent sur des vis métalliques, évitant le recours au béton armé. L’ensemble du gros œuvre a été imprimé en une semaine, et la construction finalisée en quelques mois.
L’impression 3D est une méthode rapide et offre une flexibilité presque illimitée
Compacte mais optimisée, la tiny house offre un espace où certains meubles comme le lit sont dépliables. Le chauffage est au sol, alimenté par des panneaux solaires et secondé par une isolation en fibres de bois. L’habitation est en outre démontable et amovible, ce qui en fait un modèle reproductible et adaptable.
Le chantier, mené par l’architecte Bujar Hasani, s’est voulu aussi pédagogique. «L’impression 3D est une méthode rapide et offre une flexibilité presque illimitée. Elle permet aussi d’impliquer les jeunes générations : dix jeunes de 25 à 35 ans ont participé activement au projet», souligne-t-il. Selon le bourgmestre Fréd Ternes, ce projet ne résout évidemment pas à lui seul la crise du logement, mais il ouvre une nouvelle voie.
«Le but était de démontrer concrètement qu’on peut construire vite, sans attendre dix ans de procédures. Le projet permet aussi aux jeunes de rester dans leur commune.» L’engouement a été immédiat : 23 candidatures ont été déposées pour cette maison de 47 m2, proposée à un loyer environ 40 % inférieur au marché de Niederanven.
Le bourgmestre ne cache pas son ambition de prolonger l’expérience. Deux autres terrains isolés sont déjà identifiés pour accueillir de futures maisons, et une réflexion est en cours pour implanter un ensemble plus vaste. Parallèlement, la commune souhaite également tester d’autres matériaux, notamment le bois. Le projet s’inscrit dans le programme communal «Hei wunne bleiwen», qui vise à offrir des alternatives de logement aux jeunes adultes et aux seniors, afin qu’ils puissent rester dans leur commune d’origine.
Un projet qui ne fait pas l’unanimité
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Dans une lettre adressée au collège échevinal, les groupes d’opposition du DP et du LSAP ont exprimé des réserves. Selon eux, l’intégration d’une tiny house de 50 m2 dans un environnement de bâtiments plus imposant crée une rupture architecturale. Ils pointent également des aspects pratiques jugés peu ergonomiques : «Les plans évoquent davantage une chambre d’hôtel impersonnelle qu’un véritable lieu de vie», estiment-ils.
Les partis critiquent surtout le coût d’environ 320 000 euros qu’ils jugent excessif pour une surface si réduite. D’autant que d’autres solutions, notamment en bois, seraient à la fois moins chères et plus écologiques. Le recours au béton et les émissions de CO2 associées sont également dénoncés, de même que l’absence de recul sur la durabilité de ce type de construction. À cela, le jeune architecte répond que «le prix n’est pas au-dessus du marché. Et il faut comprendre que ce premier projet inclut tous les coûts de recherche, de tests et d’expertise».
In fine, ces critiques n’ont pas freiné la volonté de la majorité de faire de Rameldange un terrain d’expérimentation. Pour les élus en place, le pari est avant tout de stimuler le débat sur le logement et de tester de nouvelles solutions. Après trois ans de recherches et mise au point, Bujar Hasani conclut que «l’impression 3D peut venir compléter les méthodes existantes. Elle offre une alternative supplémentaire, mais c’est toujours important de laisser le choix aux maîtres d’œuvre».