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[Football] «London calling» pour Madjo ?


Madjo avec un uniforme de la FLF. Une image irrémédiablement révolue ? (photo Gerry Schmit)

SÉLECTION NATIONALE Brian Madjo, 16 ans, 3 sélections et 2 matches de Ligue 1 dans les jambes, aurait «choisi un autre projet». C’est-à-dire l’Angleterre ?

«Je crois que ça va chauffer.» Auprès des journalistes présents au CFN, ce jeudi matin, Joël Wolff, secrétaire de la FLF, fait le service après-vente de la conférence de presse de Jeff Strasser.

Il s’agit de la première liste du nouveau sélectionneur et elle vient d’être frappée par un coup de tonnerre, l’annonce que Brian Madjo, la pépite sur laquelle Luc Holtz avait commencé à bâtir le futur de l’animation offensive des Rout Léiwen, a décidé de refuser d’honorer sa sélection.

D’où un branle-bas de combat général. Non seulement le FC Metz aurait convoqué une réunion interne, mais la fédération luxembourgeoise elle-même a exigé une entrevue immédiate avec la mère du joueur et ses représentants, dont l’ancien défenseur central du F91, Milan Bisevac. «Et le président Philipp en personne va se déplacer», complète Joël Wolff.

L’affaire a jeté un froid. En voici les bases : si Brian Madjo, qui possède un passeport camerounais et un autre britannique, avait atteint les quatre sélections avec les Rout Léiwen, il eut été définitivement lié au Luxembourg. Le décompte de trois (titulaire à chaque fois, il a joué environ une heure de jeu contre la Suède, la Suisse et la Slovénie), à son âge, ne fait rien d’autre que le bloquer pour trois années, selon les règlements de la FIFA. A priori, pas suffisant pour dissuader un garçon extrêmement précoce de courir le risque. Il en a averti le nouveau staff national.

Si d’aventure il pouvait ou voulait représenter un autre pays d’ici à ses 19 ans, Madjo ne serait pas en mesure de le faire. Mais si ce sont les Three Lions qu’il vise comme on est en droit de s’y attendre, il peut amplement se permettre de patienter. Il serait en effet étonnant que Thomas Tuchel l’ait actuellement dans le radar sans autre chose en magasin que deux apparitions en Ligue 1.

Les extrapolations sur le sujet sont en tout cas vaines pour l’instant même s’il en est une qui fait grincer des dents à la FLF, qui avait vu Madjo renoncer à la veille de sa quatrième cape, censée intervenir en juin, contre l’Irlande : «Au vu des informations désormais en notre possession, on pourrait penser qu’il n’était pas blessé», constate froidement Marc Diederich, le juriste de la FLF.

Où l’on parle d’une «nouvelle aventure»

D’un coup, qu’il semble loin le temps où ce grand gaillard de 1,93 m, «target man» providentiel comparé à Romelu Lukaku, nous était vendu comme un garçon conscient de ses obligations vis-à-vis d’un pays qui lui a tout donné. Et qui promettait main sur le cœur, depuis Saint-Gall, en marge de la rencontre amicale face aux Helvètes, qu’il avait choisi de jouer pour le Grand-Duché.

Tout a été balayé d’un revers de main et d’un coup de téléphone, en début de semaine. Et émotionnellement, cela a laissé des traces. «C’est très dur pour Manou Cardoni, a concédé Jeff Strasser sur le sujet et en faisant nommément référence au directeur technique national. Dans sa vie, il a fait beaucoup pour Brian Madjo. Il était très abattu, lundi.» Comme un sentiment de trahison ?

Après avoir vu Miralem Pjanic privilégier la Bosnie, après avoir vu bien plus récemment l’ultra-prometteur Gil Neves choisir de représenter le Portugal, le CFN devrait pourtant avoir pris l’habitude des couteaux dans le dos. Mais fatalement, quand on parle d’un adolescent, on est plus prompt à rejeter la faute sur l’entourage et Jeff Strasser l’a clairement sous-entendu. «Il m’a expliqué son choix de se tourner vers une autre aventure, mais dans le discours, on comprend aussi que ce n’est pas lui qui a fait ce choix-là.»

Fatalement, on reparle de Dany Mota

Madjo, instrumentalisé par ses représentants pour choisir une carrière plus clinquante que celle que lui offre le pays qui l’a vu grandir? Ce ne serait pas la première fois, à l’heure du foot-business.

En tout cas, le constat du moment nous ramène à cette évidence : Madjo tête de pont d’une nouvelle ère pour le Grand-Duché, c’était sans doute trop beau pour être vrai. Les cyniques vous diront que cela ne pouvait pas finir autrement. Les romantiques voulaient y croire et il n’est pas sûr que ces derniers aient définitivement baissé pavillon.

Après tout, il y a un peu plus d’une décennie, Christopher Martins avait lui quitté un rassemblement à Lipperscheid sur fond de pression mise par le Cap-Vert. Le milieu de terrain, devenu depuis une figure emblématique et incontournable de cette génération à succès, avait pris le temps de la réflexion et était revenu frapper à la porte de la FLF. Puisse-t-il inspirer Madjo…

En attendant, comme Luc Holtz avant lui, Jeff Strasser n’a pas abandonné l’idée de convaincre Dany Mota (Monza) de donner sa chance à cette sélection qu’il a toujours refusé jusqu’alors. On évoque des discussions en septembre. Tout cela, de la mise à l’écart de Gerson Rodrigues à la défection de Brian Madjo fait un heureux, Edvin Muratovic, rappelé alors qu’on ne l’attendait plus.

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