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«La communauté cap-verdienne s’est réunie comme jamais auparavant»


Le gymnase de l’école Rollingergrund a été rempli par une marée de dons à destination de l’île de Sao Vicente. (photos dr)

Après les pluies meurtrières qui ont touché l’île de Sao Vicente le 11 août dernier, la diaspora cap-verdienne au Luxembourg s’est mobilisée en force et a permis l’envoi de trois conteneurs ce jeudi, en en attendant trois autres supplémentaires.

C’est le jour J. Aujourd’hui, trois conteneurs vont partir en train depuis Dudelange jusqu’à Anvers, où un bateau les attend direction le Cap-Vert, plus précisément au nord de l’archipel, sur l’île de Sao Vicente. Cette dernière a été frappée dans la nuit du 10 au 11 août dernier par des inondations meurtrières provoquées par une pluie tropicale. Les dix morts, les centaines de déplacés ainsi que les dégâts matériels majeurs ont particulièrement ému la communauté cap-verdienne luxembourgeoise qui s’est organisée aussi vite que massivement pour soutenir l’île sinistrée.

Hier matin, les trois conteneurs ont été mis sur le train à Dudelange, direction Anvers, puis le bateau pour le Cap-Vert.

Christian Rodrigues, l’un des organisateurs de l’envoi des trois conteneurs, n’en revient toujours pas. «On ne pensait pas que les gens répondraient comme cela, mais dès que l’on a vu les premiers cartons arriver et les gens qui appelaient à droite et à gauche, on a compris que cela prenait de l’ampleur.»

Pour preuve, il était initialement prévu de remplir deux conteneurs d’environ 76 m3 d’aides en tout genre (vêtements, alimentation, eau, produits d’hygiène, médicaments). Ils sont finalement trois à quitter le Grand-Duché aujourd’hui et «un quatrième conteneur va même être rempli et devrait partir ce samedi» annonce fièrement Christian Rodrigues.

Au lieu des deux conteneurs initialement prévus, un troisième a été rempli et un quatrième s’annonce.

Pas d’association, seulement des citoyens

Pour la diaspora, le choc a vite laissé place à l’union afin de venir en aide à la deuxième île la plus peuplée de l’archipel. D’une part, l’envoi de ces conteneurs, qui doivent arriver d’ici un mois, a volontairement été réalisé sans être encadré par une association : «Nous nous sommes organisés en tant que citoyens cap-verdiens, car nous ne voulions pas qu’une association soit plus forte que l’autre.»

Le gymnase de l’école fondamentale Rollingergrund a été mis à disposition par la Ville de Luxembourg afin de stocker les dons.

L’intéressé a tout même apporté son expérience en tant que président de l’ASBL Black Boys qui envoie des conteneurs au Cap-Vert depuis 2023. Ce qui a d’ailleurs permis d’avoir le gymnase de l’école fondamentale Rollingergrund, à Luxembourg, afin de stocker les très nombreux dons qui ont comblé l’espace.

Toujours est-il que l’initiative est le résultat «d’un appel à l’unité». Une première au Grand-Duché semble-t-il : «La communauté cap-verdienne s’est réunie comme jamais auparavant, puisque sinon, tout le monde a son île.» Christian Rodrigues tient aussi à souligner que de nombreux Luxembourgeois, Français ou Italiens ont également participé à la collecte de matériel et de fonds et «ils ont été impressionnés par notre mobilisation».

Afin de ne pas gâcher ce bel élan de solidarité et le coût de l’opération, environ 6 000 euros par conteneur, «certains d’entre nous vont aller là-bas pour ne pas que certains en profitent et vendent cela». Originaire de l’île de Fogo, il se rappelle amèrement que «la plupart des dons n’étaient pas arrivés à destination» lors de l’éruption du volcan en 2015.

«Il faut aider en ciblant les besoins»

Après avoir relayé les diverses actions à travers le pays, la Fédération des associations capverdiennes du Luxembourg (FACVL) prévoit à son tour d’envoyer de l’aide. «Nous sommes en contact avec la commune d’Ettelbruck qui a mis à notre disposition deux conteneurs et nous avons l’aide de l’amicale des pompiers» fait savoir José de Burgo, président de la FACVL.

Après les collectes en tout genre, «il faut aider en ciblant les besoins», affirme le porte-parole. Problème, il est encore difficile de connaître les urgences, car «les autorités n’ont rien annoncé comme priorités». Afin de remédier à cela, l’organisation luxembourgeoise tente alors de passer par les cercles de coopérations des ONG présentes sur place.

«Peut-être que dans 15 jours, nous aurons une liste provisoire», espère José de Burgo, qui assure «qu’il faut aller pas à pas afin d’apporter une aide rationnelle». La FACVL ayant été contactée afin d’organiser des collectes dans d’autres communes que celle d’Ettelbruck, «nous allons peut-être essayer de nous organiser avec le Syvicol pour être plus efficaces».

Les deux conteneurs devraient notamment comporter des médicaments puisque «la presse locale parle de personnes malades à cause de problèmes d’assainissement ou d’eaux contaminées par les animaux morts». Au vu de la mobilisation luxembourgeoise depuis la catastrophe, la FACVL comme Christian Rodrigues et ses soutiens se disent optimistes afin de remplir de nouveau trois conteneurs.

 

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