Les Femmes socialistes ont fait le point mercredi sur les deux ans de politique d’égalité CSV-DP. Il y a eu des avancées ponctuelles certes, mais il reste une continuité des inégalités structurelles, selon elles.
En novembre, cela fera deux ans que Luc Frieden est devenu Premier ministre. L’occasion pour le comité national des Femmes socialistes de faire le point sur la politique d’égalité de son gouvernement CSV-DP. «Quelques mesures ponctuelles ont certes été mises en place», rappellent-elles. Parmi elles, l’abolition du délai de réflexion pour l’avortement et l’interdiction du certificat de virginité, deux mesures «importantes», mais jugées «isolées et insuffisantes pour s’attaquer aux racines des inégalités» par les femmes du LSAP.
«Les femmes continuent à subir les conséquences d’un système patriarcal qui traverse la société, du monde du travail à la retraite, de la santé au sport, jusqu’à la sécurité face aux violences», constatent-elles. Alors, à l’occasion d’une conférence de presse, elles ont dressé la liste des «inégalités structurelles» toujours en place, et de leurs revendications pour les améliorer. «Les mesures symboliques ne suffisent pas. Pour mettre fin aux inégalités structurelles, il faut des réformes ambitieuses.»
Les retraites
Selon les Femmes socialistes, le système des pensions actuel repose encore sur un modèle familial «dépassé». «Il ne protège pas les femmes dans une société où un mariage sur deux se termine par un divorce, et où ce sont majoritairement elles qui interrompent ou réduisent leur carrière pour assumer le care work», estiment-elles.
Pour «une véritable justice entre les genres», les femmes du LSAP demandent l’individualisation des droits à la retraite «afin que chaque personne construise ses propres droits, indépendamment de son statut matrimonial», une scission moderne des droits à pension, «permettant aux couples de partager leurs cotisations au cours de la vie commune», une assurance obligatoire basée sur le salaire minimum pour «éviter que certaines personnes ne se retrouvent sans pension», ainsi que le maintien des années de prise en charge des enfants dans le calcul des pensions et l’augmentation des pensions minimales, qui concernent en majorité les femmes.
Violences faites aux femmes
En 2023, plus de 1 000 cas de violences domestiques au Luxembourg ont été enregistrés par la police. «Derrière ces chiffres se cachent des traumas, des vies brisées et un grand risque de sécurité pour les victimes», appuient-elles. Les foyers d’accueil pour femmes sont saturés, elles y séjournent parfois plus de 300 jours au lieu des trois mois «prévus».
Il est donc primordial, selon les Femmes socialistes, d’agir urgemment et d’inscrire le féminicide dans le Code pénal pour une meilleure reconnaissance et transparence de ces cas. Des thérapies pour les auteurs de violences domestiques, des formations pour policiers, magistrats, médecins et juges, et des programmes éducatifs obligatoires à l’école pour déconstruire les stéréotypes sexistes et prévenir les violences, doivent également être mis en place, et ce, de manière «obligatoire». Enfin, elles donnent l’exemple du modèle espagnol Viogén dont devrait s’inspirer le Luxembourg pour «le recours au bracelet électronique pour les agresseurs et la mise en place d’un système de suivi automatisé des risques».
Sport
L’actualité sportive de ces derniers mois a été marquée par l’affaire Gerson Rodrigues. «Elle a révélé une culture de l’impunité et du silence au sein de la FLF, où les performances sportives passent avant la responsabilité sociale», critiquent les Femmes socialistes.
Pour garantir l’égalité dans le sport, elles revendiquent une véritable prise de responsabilité des dirigeants qui couvrent des comportements sexistes, une répartition équitable des financements et infrastructures entre sport féminin et masculin, ainsi qu’une parité réelle dans les instances décisionnelles de la FLF et des fédérations sportives. Il est également important d’«accroître la visibilité des femmes dans le sport» et de réaliser des formations antisexisme obligatoires pour joueurs, entraîneurs et responsables.
Santé et droit à l’avortement
La santé et le droit à l’avortement sont des droits fondamentaux, et pourtant, de nombreux pays reculent. «Alors que dans des pays comme la Pologne, la Hongrie ou les États-Unis les droits des femmes reculent, le Luxembourg doit montrer l’exemple», insistent les Femmes socialistes.
Pour ce faire, elles demandent l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, «seule garantie contre des reculs potentiels futurs» et une politique de santé qui reconnaît «enfin» les spécificités du corps féminin, «longtemps négligées». Elles aimeraient également des investissements massifs dans la recherche médicale sur la santé des femmes et une plus grande sensibilisation du public.