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La sécurité du gouvernement ne passe pas encore par l’électrique


 Les véhicules doivent répondre à un certain nombre de paramètres comme des performances moteur et des capacités d'accélération élevées.  (photo archives Editpress)

La sécurité, c’est bien ce qui empêche le gouvernement d’augmenter sa flotte de voitures électriques. Elles ne répondent pas encore à un certain nombre d’exigences spécifiques.

Le gouvernement promeut à suffisance la voiture électrique, mais ne montre pas forcément l’exemple. Il y a un an, le député pirate Marc Goergen interrogeait déjà la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, sur la composition du parc automobile de l’État. À cette époque, 88 % des véhicules roulaient encore à l’essence ou au diesel parmi les 2 300 véhicules de service, camions et camionnettes.

En 2023, 180 véhicules de service ont été nouvellement immatriculés, dont environ un tiers sont 100 % électriques, alors que le parc automobile des membres du gouvernement comptait 15 voitures, dont 13 hybrides, une voiture à essence et une voiture 100 % électrique. Yuriko Backes expliquait que si la flotte automobile du gouvernement ne comprenait qu’une seule voiture électrique, c’est notamment pour des raisons de sécurité. Et la situation n’a pas beaucoup changé.

Rebelote cette année avec le même député pirate qui revient à la charge. Combien de nouveaux véhicules hybrides rechargeables et à moteur thermique ont été acquis pour le parc automobile du gouvernement et le service de protection du gouvernement depuis 2024 ? Quatre véhicules hybrides rechargeables ont été acquis depuis. Aucun véhicule à moteur thermique n’a été acheté, selon la ministre qui assure que ces véhicules fonctionnent à l’électricité autant que possible. «Cela permet une utilisation optimale du parc automobile en termes de protection du climat et de respect des exigences de sécurité», souligne-t-elle.

Ne pas dépendre d’infrastructures externes

La sécurité, c’est bien ce qui empêche le gouvernement d’augmenter sa flotte de voitures électriques. La ministre explique que les véhicules de service pour un membre du gouvernement, utilisés par les gardes du corps qui sont des policiers, dans le cadre de la protection du gouvernement, répondent à un certain nombre d’exigences spécifiques.

 «Ils constituent l’un des principaux instruments de la stratégie de protection dynamique de personnalités telles que les ministres. Ces véhicules constituent un élément tactique important du concept de sécurité et remplissent pleinement leur rôle au sein du parc automobile», précise Yuriko Backes.

La flotte doit être structurée de manière à ce qu’une majorité des véhicules de service répondent à un certain nombre de paramètres spécifiques comme des performances moteur et des capacités d’accélération élevées pour permettre des manœuvres d’évitement spontanées et des changements tactiques de position à tout moment. Les véhicules doivent aussi garantir une autonomie lors de missions longues ou imprévues, sans dépendre d’infrastructures externes.

Et encore, l’équipement de sécurité, y compris des pneus run-flat et des systèmes techniques et de communication spécifiques (par exemple, radio) ont leur importance. Enfin, le dernier paramètre à prendre en considération est la capacité de charge suffisante pour transporter l’équipement de mission nécessaire – y compris l’équipement médical, l’équipement de protection individuelle et l’équipement personnel de l’officier.

Fin du thermique dans dix ans

Le gouvernement compte donc quatre véhicules électriques et veut convaincre les citoyens des avantages de l’électromobilité au quotidien. Le député se demande comment. La ministre revient sur les exigences de sécurité, mais assure que le parc automobile continuera d’être équipé de véhicules électriques «à mesure que le secteur électrique se développera».

Pourtant, la question se pose de savoir dans quelles proportions le gouvernement soutient l’interdiction des moteurs à combustion, alors qu’il admet lui-même que les voitures électriques ne peuvent pas être utilisées à toutes fins, fait remarquer le député. Toujours est-il que le développement de l’électromobilité a connu des progrès constants ces dernières années, tant en termes d’autonomie, de capacité et de vitesse de recharge, qu’en termes de diversité des modèles disponibles et de prix. «Cette évolution a contribué à ce qu’aujourd’hui, dans de nombreux cas, une voiture 100 % électrique soit déjà supérieure à une voiture à moteur thermique», constate la ministre.

«Le gouvernement est convaincu que les avancées en matière d’électromobilité dans les années à venir permettront de faire disparaître complètement les rares cas où une voiture à moteur thermique est encore nécessaire aujourd’hui», observe-t-elle. La ministre rappelle que l’interdiction d’immatriculation des nouveaux véhicules à moteur thermique dans l’UE n’entrera en vigueur qu’en 2035, soit dans dix ans seulement.

Les véhicules électrifiés (100 % électriques + hybrides + hybrides rechargeables) représentent 64,7 % des immatriculations au premier trimestre 2025, contre 48 % à la même période en 2024, soit une progression de presque 17 points en un an. Les voitures 100 % électriques atteignent désormais 29,5 % de parts de marché, en forte progression par rapport aux 23 % de l’an dernier. Les hybrides classiques grimpent de 16 % à 27,4 %, tandis que les hybrides rechargeables reculent légèrement, passant de 9 % à 7,9 %. Les voitures thermiques chutent de 31 % à 24,6 %, et le diesel ne représente désormais plus que 10,7 % des ventes contre 14 % au premier trimestre 2024.