Après The Naked Gun, c’est au tour de The War of the Roses, autre classique des années 1980, de connaître un lifting. Au centre, toujours, l’histoire d’un mariage qui explose, avec un couple cette fois-ci incarné par Olivia Colman et Benedict Cumberbatch.
En 1989, inspiré du roman de Warren Adler sorti huit ans plus tôt, Danny DeVito imagine un conte de fées moderne pour adultes, qui raconte comment une histoire d’amour, aussi belle et pure soit-elle, peut finir en véritable champ de bataille.
Comme pour tous ses films en tant que réalisateur (excepté le dernier en 2003, Duplex), l’acteur s’offre un rôle de choix, ici un avocat spécialisé dans les divorces, empêtré au milieu de la crise profonde que traverse un couple, et pas n’importe lequel : celui incarné par deux stars de Hollywood, Kathleen Turner et Michael Douglas, les mêmes qui tombaient amoureux en pleine jungle dans Romancing the Stone (1984).
Le fil conducteur (et destructeur) est simple, plus aux normes des rapports de force d’alors : soit un homme qui gagne très bien sa vie et offre à sa femme une maison de rêve, à laquelle elle consacre tout son temps et son énergie. Mais quand plus rien ne va entre eux, chacun espère, à juste titre, récupérer la vaste demeure, qui devient alors le théâtre d’une guerre rangée où tous les coups sont permis.
L’amour vire dans le chaos : la décoration vole, les chutes dans l’escalier se multiplient, et la cuisine devient le lieu des pires bassesses. Même les animaux domestiques ne sont pas épargnés… Au bout, le drame et une conclusion : lors d’une séparation, préférons la discussion et les compromis au conflit.
Plus de trois décennies ans plus tard, The Roses promet, comme tout remake, de «réimaginer» l’original, certes «brillant» mais «produit de son époque», justifie dans le dossier de presse l’un des producteurs, Adam Ackland. D’où l’idée d’embaucher derrière la caméra Jay Roach, réputé pour ses comédies débridées comme la saga Austin Powers ou celles mettant en scène Robert De Niro dans le rôle d’un beau-père peu commode (Meet the Parents et Meet the Fockers).
Du rire plus facile, donc, auquel s’ajoute un casting de haute voltige avec, en guise de duo qui se déchire, l’omniprésent Benedict Cumberbatch et l’oscarisée Olivia Colman, côte à côte pour la première fois à l’écran.
Ne les appelez plus Oliver et Barbara, mais Theo et Ivy Rose. Le premier est un architecte brillant, tandis que la seconde se fait doucement un nom dans l’univers de la gastronomie. Tout roule entre les deux tourtereaux. Deux enfants naissent de l’idylle, et la famille filent poursuivre leur vie rêvée à San Francisco.
C’est là qu’une tempête s’abat (bonjour la métaphore !), détruisant le dernier projet de Theo et attirant le public décoiffé vers le restaurant d’Ivy. Le déséquilibre est en place : l’un devient la risée de la profession, et l’autre une célébrité culinaire. Le divorce est en vue. Dans leur maison ultramoderne qu’ils se disputent à leur tour, la guerre des ego ne va épargner personne…
C’est l’humain dans toute sa splendeur et sa laideur !
Comme précisé, cette nouvelle incarnation explore le «désordre brut et souvent absurde des relations modernes et de la famille à travers un prisme contemporain». Comprendre que les choses ont changé depuis les années 1980, comme l’explique Adam Ackland : «Les forces qui déchirent un mariage sont différentes aujourd’hui : il y a l’ambition, le désir de perfection, l’individualisme… Il peut être difficile de maintenir une relation lorsque tout cela se produit pour les deux personnes».
Sachant qu’autour d’eux, les autres (amis, collègues…) ne sont guère plus reluisants. «La vérité, c’est que nous ne savons pas qui nous sommes, et encore moins qui est notre partenaire : nous ne pouvons jamais savoir pleinement ce qui se passe dans l’esprit de quelqu’un d’autre», tranche Jay Roach.
Pour les deux acteurs, par contre, l’entente a été parfaite. «J’adore l’humour britannique, et ces deux-là en sont le summum», clame le réalisateur. Benedict Cumberbatch, lui, est persuadé d’avoir eu en face de lui «la pire version possible d’Olivia Colman». Ce qu’elle confirme : «Ça a été très amusant de se détester. Il y a quelque chose de thérapeutique à être horrible avec quelqu’un, puis à en rire».
À l’image, entre grands coups de gueule et petites cruautés, The Roses, sûrement moins satirique et plus aseptisé que son modèle, garde toutefois le message intact : «C’est l’humain dans toute sa splendeur et sa laideur !», lâche l’actrice. Ce qui fait dire à son compère de jeu : «C’est une histoire qui sert d’avertissement, en fin de compte.» Il en a même tiré une morale qu’il déroule : «La vraie magie de toute relation, c’est de se parler honnêtement et d’abandonner les apparences (…) Si on perd cela, on est sur une pente glissante». À bon entendeur.