Puisque non obligatoire, le recensement du nombre de défibrillateurs publics est incomplet. Une amélioration est en cours.
Plus de 600 personnes font un arrêt cardiaque chaque année au Luxembourg. Une situation d’extrême urgence où chaque seconde compte pour améliorer les chances de survie de la victime. Mais une donnée a interpellé les députés verts Meris Sehovic et Djuna Bernard : dans 70 % des cas, les arrêts se produisent devant un témoin, or seules 43,7 % des réanimations sont effectuées par l’un d’eux.
L’une des solutions pour augmenter cette prise en charge, en plus de formations dispensées à la population, réside dans la présence de défibrillateur externe automatisé (DEA). On les trouve dans des centres commerciaux, des gares, des mairies, des salles polyvalentes ou des grandes entreprises du pays. Toutefois, notent les deux parlementaires, leur déploiement reste largement perfectible. Quelles sont les informations dont dispose le gouvernement sur cette thématique des défibrillateurs, demandent-ils.
Dans sa réponse, la ministre de la Santé, Martine Deprez, reconnaît «qu’il n’existe pas de statistiques recensant toutes les utilisations effectives des défibrillateurs externes automatisés au Luxembourg». Seules deux études Cardlux donnent quelques chiffres plus précis : le taux d’utilisation d’un DEA lors d’arrêts cardiaques atteignait 14 % sur la période 2017/2018, puis 17 % entre 2022 et 2023.
Plus ou moins 714 appareils
Aujourd’hui, la base de données publique la plus complète reste le site reagis.lu sur lequel sont «recensés les défibrillateurs externes déclarés». Mais cette déclaration n’est pas obligatoire. Le gouvernement indique qu’au moins 714 défibrillateurs sont à la disposition du public, tout en reconnaissant que ce chiffre est incomplet.
Pour améliorer la situation, le CGDIS travaille à un recensement plus fiable grâce à l’application Staying Alive, déjà utilisée en France. Elle doit permettre de coupler «la cartographie des arrêts cardiaques» avec «le temps d’accès estimé aux DEA», afin d’optimiser l’implantation stratégique des appareils.
La ministre précise encore que le règlement grand-ducal du 19 novembre 2008 ne prévoit aucune obligation légale d’installer des défibrillateurs dans les lieux publics. «Conformément au principe de l’autonomie communale, il appartient aux communes de décider de l’installation de défibrillateurs sur leur territoire», ajoute-t-elle. Certaines communes équipent déjà leurs infrastructures, mais l’initiative reste inégale.
Quant à la maintenance, elle repose entièrement sur les détenteurs des appareils. Le texte rappelle que «le contrôle du défibrillateur externe automatique se fera conformément aux instructions du fabricant», à charge pour le propriétaire ou le gestionnaire de vérifier son état au moins une fois par mois.
Sur le volet sensibilisation, le Luxembourg est plus à la pointe. Le ministère soutient depuis 2012 la campagne «Réagis!», pour enseigner les gestes qui sauvent. Le CGDIS forme chaque année «environ 8 000 personnes à l’utilisation du défibrillateur ainsi qu’aux gestes de réanimation». À cela s’ajoutent «environ 15 000 participants formés par les organismes de formation agréés».
Des formations sont également dispensées dans certains établissements scolaires et des campagnes spécifiques ont lieu à l’occasion de la journée mondiale du Cœur, le 28 septembre.