CONFERENCE LEAGUE (BARRAGES) Differdange joue Drita sans peur, un mois après avoir été éjecté de la C1 par les Kosovars. Après l’exploit face au Levadia (1-3 ap), il a une énorme confiance en lui.
Il fait très chaud sur les hauteurs de Pristina et l’on y retrouve un peu de cet air suffocant qui s’est abattu la semaine dernière sur le Grand-Duché. Il aura beau faire une trentaine de degrés, demain, sur le coup de 20 h, on n’annonce pas d’orage sur la capitale kosovare. Cela risque pourtant de péter fort au-dessus du stade Fadil Vokrri, qui devrait être bien plus plein ce soir qu’il ne l’était le 8 juillet (environ 4 000 spectateurs). Car se joue le premier de deux matches du genre qui peut changer la vie d’un club à moyen terme. Pour un pactole à plusieurs millions d’euros, pour une campagne qui se prolonge et fabrique des joueurs «bankables», pour une réputation qui attire l’intérêt d’autres garçons qu’on n’intéresserait pas sans ce type de performances. Le genre de moment qu’il vaut mieux ne pas rater, parce qu’on ne sait pas quand il se reproduira.
Avant le coup d’envoi de ce deuxième Drita - FC Differdange 03 de l’été, on pourrait peut-être rappeler qu’il existe une statistique qui dit qu’à chaque fois qu’un club luxembourgeois (le F91, pour ne pas le citer) a atteint les barrages d’une compétition européenne – c’est-à-dire… deux fois seulement –, il s’est qualifié et a rejoint ce qui s’appelait encore les poules avant que l’UEFA n’en fasse un championnat géant. Mais avant le premier Drita - FC Differdange 03, celui qui avait eu lieu en juillet, il y avait une autre statistique qui disait que jamais un club grand-ducal n’avait été éliminé d’une Coupe d’Europe par un club kosovar. Peut-être eût-il fallu ne pas l’exhumer, celle-là, puisqu’elle n’a pas porté chance. Drita était passé, Differdange avait été reversé en C4 et un mois plus tard, les revoilà les yeux dans les yeux. Appelons-ça le destin.
«Le match contre le Levadia a soudé l’équipe»
Drita sait ce que c’est, les regrets. La saison passée, c’est face au Legia Varsovie qu’il avait trébuché au même stade de la compétition (2-0, 1-0). Mais l’expérience ne volera pas forcément au secours d’une équipe qui vient d’enchaîner quatre défaites et deux éliminations de suite en Europe. Le FCD03 est sur la statistique inverse et vient de se construire une unité de groupe en béton armé à Tallinn, au fil d’un scénario qui fait beaucoup plus pour le team building qu’un karaoké une bière à la main ou qu’une balade en canoë-kayak, la tronche cramée par le soleil. Un groupe est né face au Levadia et c’est sur le pré que cette unité s’est façonnée.
Pour les dirigeants et le staff du champion de Luxembourg, c’est promis-juré, on va comprendre ce que signifie d’avoir passé 120 minutes ensemble sur un champ de bataille, avec un général qui a déjà un peu l’impression d’avoir remporté la guerre. «Le match contre le Levadia a soudé l’équipe, assure Pedro Silva. Les joueurs sont différents. Les connexions entre eux sont différentes. La concentration sera différente. En fait, tout sera différent par rapport au premier match. Et le moral de l’équipe est fort. De mon côté, j’ai des idées très claires sur ce qu’il faut faire. Car moi aussi je me sens plus en confiance. Surtout stratégiquement. C’est important de savoir que les joueurs peuvent croire en nos idées.»
L’idée, elle est claire : être là pour le tirage de Monaco, le 29 août, assis au milieu de clubs qui vont faire changer Differdange de standing. Et même de galaxie. Le FCD03 jure même que perdre au Kosovo ne serait pas un drame tant il transpire la confiance.
Ce soir, à Pristina, deux joueurs vont entrer dans l’histoire main dans la main. Un capitaine et un buteur. Car Geoffrey Franzoni et Samir Hadji, qui ont jusque-là, en carrière, compulsé chacun 42 rencontres continentales (Ligue des champions, Europa League et Conference League), sont attendus titulaires et vont donc rejoindre Tom Schnell en tant que joueurs de champ les plus utilisés sur la scène européenne, dans l’histoire. En attendant, vraisemblablement, de le dépasser lors du match retour pour s’installer ensemble derrière Jonathan Joubert, ancien gardien du CSG et du F91, qui compte, lui, 64 rencontres.