Si certains espéraient un coach étranger, les techniciens de BGL Ligue voient dans la nomination de Jeff Strasser sur le banc des Rout Léiwen un «choix logique» de la part de la FLF.

En onze ans au Grand-Duché, Carlos Fangueiro nous a plus souvent habitués à gagner les matches qu’à les perdre. Mais le technicien de 48 ans sait aussi s’incliner avec classe : candidat malheureux à la succession de Luc Holtz sur le banc du Luxembourg, l’ancien coach de Pétange, Dudelange ou Hesperange s’est fendu hier après-midi d’un post élégant sur les réseaux sociaux pour féliciter Jeff Strasser après sa nomination comme sélectionneur des Rout Léiwen.

«Tout va bien se passer, a notamment écrit Fangueiro. De tout mon cœur, je te souhaite beaucoup de santé et de succès. Que tes rêves, ainsi que les rêves de la population luxembourgeoise, puissent se réaliser. Nous serons tous avec toi.» Avec le Belge Sébastien Grandjean (ex-Jeunesse, F91, Fola), actuellement à la tête de l’équipe réserve du Standard de Liège (D3), le Portugais incarnait «l’autre voie», prônée par certains suiveurs du football luxembourgeois : celle menant à un entraîneur étranger.

«Pas mal de sélections ayant plus ou moins le même niveau que le Luxembourg ont un coach étranger», observe l’entraîneur rodangeois Mehdi El Alaoui, persuadé que Fangueiro, dont il fut l’adjoint au Titus, au F91 et au Swift, pouvait apporter «pas mal de choses» aux Rout Léiwen, mais forcément «un peu parti pris», puisqu’il considère ce dernier comme «(son) mentor». La nomination de Jeff Strasser n’en est pas moins «logique» à ses yeux. «Il a le profil, tranche le Belge. Il a la licence UEFA Pro, l’expérience de joueur, de coach, il est connu des Luxembourgeois… La FLF a fait le choix de la sécurité.»

«Logique» est d’ailleurs un terme qui revient systématiquement dans la bouche des techniciens interrogés. S’il était aussi favorable à «un petit changement» de paradigme, avec tout ce que cela aurait comporté de «nouvelles idées», Vitor Pereira (Bissen) reconnaît ainsi volontiers que Strasser, «au niveau des coachs luxembourgeois, est l’un de ceux avec le plus d’expérience, un bon CV et une bonne connaissance du football local».

«Il sait de quoi il parle, il peut gérer ce groupe»

Ledit CV de coach mentionne deux titres de champion avec le Fola (2013, 2015), mais aussi une Coupe de Luxembourg, remportée en 2024 avec le Progrès, mettant fin à 43 ans de disette à Niederkorn. Alors forcément, et même si son aventure au Jos-Haupert a pris fin au milieu de la saison suivante (mars 2025), le président niederkornois, Thomas Gilgemann, resté en très bons termes avec Strasser, accueille le choix de la FLF «très positivement».

«Il coche toutes les cases, salue le dirigeant. Il a la connaissance du championnat luxembourgeois, de l’équipe nationale, du football de club et international. Mais aussi les compétences, en termes de management, d’analyse des adversaires, de préparation tactique, de principes de jeu. C’est une très bonne décision pour avoir à la fois une continuité et un renouveau, car il n’a pas les mêmes idées que Luc Holtz.» Ce choc des cultures entre un ancien milieu offensif (Holtz) et un ex-défenseur (Strasser) intrigue d’ailleurs Marc Thomé : «Je me demande quel style Jeff, qui s’est toujours appuyé sur une défense très forte, va donner à cette équipe, qui prenait énormément de risques offensifs avec Luc.»

Mais pour le reste, le coach hostertois se dit «fier» qu’un compatriote ait été nommé et surtout «sûr à 200 % que c’est le bon choix. Vu sa carrière, il peut regarder les joueurs dans les yeux. Il sait de quoi il parle, il a déjà eu affaire à des pros. Il peut gérer ce groupe, notamment Gerson Rodrigues, qu’il avait eu au Fola.» C’était en 2016/2017, et «GR10», écarté «jusqu’à nouvel ordre» de la sélection par la FLF le 5 août, avait alors établi son record de buts sur une saison (13) et décroché son premier contrat pro à l’étranger (à Telstar). Et si?

Simon Butel