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Nico Braun : «J’aimerais faire sa connaissance, mais je ne pense même pas qu’il sache qui je suis»


FC METZ Nico Braun, meilleur buteur de l’histoire du FC Metz, est tout excité depuis l’apparition de Brian Madjo dans l’effectif pro. Il y voit un successeur.

Nico Braun s’en veut un peu. Lui qui a suivi au maximum la phase de préparation du FC Metz tout l’été, y compris le désastre d’Hoffenheim, a raté la reprise de la Ligue 1 et donc les grands débuts du premier Luxembourgeois n° 9 que le FC Metz fait jouer depuis son départ du club en 1979 après 107 buts en 170 matches. Brian Madjo, pourtant, le fascine et il nous l’a confié au fil de cette interview, il rêverait de le rencontrer, d’échanger avec lui, de tirer un trait d’union, à un demi-siècle d’écart, avec un gamin qui a commencé sa carrière de footballeur au RFCU quand lui l’a commencée dans ce qui s’appelait encore l’Union.

Est-ce que cela existait, dans les années 70, des gamins de 16 ans qui commençaient dans le monde professionnel ? Et a fortiori au poste d’avant-centre ?

Nico Braun : Ah, ça non, ça n’existait pas! En tout cas, si ça a existé, je ne m’en souviens pas. Ni en Allemagne, ni en Belgique, ni en France. Moi, quand j’ai débarqué de l’Union en Bundesliga, j’avais 21 ans. C’est une sacrée différence, cinq ans! À ce moment, je me voyais déjà comme un jeune homme. Pas un gamin, comme lui. Mais j’ai vu des images, je l’ai vu protéger un ballon, je l’ai vue, sa couverture de balle, qu’il ne fait comme personne d’autre à Metz. J’ai vu à quel point il faut se lever tôt pour arriver à la lui prendre, cette balle, et je ne peux pas m’imaginer autre chose que ceci : il va faire une grande carrière! Vous vous rendez compte que moi, à 18 ans, deux ans plus vieux que lui, j’intégrais seulement l’équipe A de l’Union?

Monsieur Molinari m’a dit : « Nico, si je te laisse partir, les supporters vont me tuer. » Mais cela ne se passera pas comme ça avec Madjo!

Des Luxembourgeois évoluant au FC Metz, il y en a eu au XXIe siècle. Mais c’est le premier qui évolue au poste d’avant-centre.

C’est sûr que cela me parle plus que d’autres qui l’ont précédé. Parce que les buts, c’est encore quelque chose qui compte, en football. Lui, il a ça, cette possibilité qui n’est pas à la portée de « Monsieur tout le monde« . Alors, je ne pense pas qu’il puisse un jour battre le record que j’ai réalisé à Metz parce que si, par chance, il fait une saison à 20 buts, il ne restera pas longtemps. Moi, c’était l’inverse : la première saison, je marque 28 buts et l’Olympique de Marseille, qui va perdre Skoblar, me propose de venir. À l’époque, j’ai un contrat sans clause, pas d’agent, je demande si je peux partir et M. Molinari me dit simplement : « Tu sais Nico, c’est le sud, c’est spécial comme mentalité. Il vaudrait peut-être mieux que tu attendes. Et si je te laisse partir, les supporters vont me tuer.«  Ça ne se passera pas comme ça avec Madjo.

Il vous intéresse énormément, ce garçon, dirait-on…

Je voulais… J’ai envie, non, j’ai vraiment envie, de le rencontrer. J’aimerais m’entretenir avec lui. Si c’est possible de m’organiser ça, si les dirigeants messins lisent cette interview… Oui, j’aimerais faire sa connaissance, mais je ne pense même pas qu’il sache qui je suis.

Vous voudriez lui dire quoi ?

Il a 16 ans et je crois que c’est important qu’on lui conseille des choses.

Il faut qu’il aille au-delà de la charge quotidienne d’un footballeur pro. Et surtout pas devenir une Mistinguett

Il est bien encadré.

Moi je voudrais lui dire le «comment et le quoi» (sic) à propos de son poste d’avant-centre.

On partirait sur quoi, comme conseil ?

En tant que jeune avant-centre, il faut qu’il aille au-delà de la charge de travail quotidienne d’un footballeur professionnel. Et surtout pas devenir une « Mistinguett«  (il rit)! C’est ce qu’il peut lui arriver s’il écoute les journalistes! Non, plus sérieusement, je crois qu’il n’est jamais trop tôt pour partager absolument tous les petits conseils qui peuvent l’aider dans une Ligue 1. Des trucs qui ont fait que moi, par exemple, j’ai pu exister dans ce championnat. Si je pouvais lui faire profiter de ce que j’ai appris et vécu… Déjà, je lui dirais que dans une surface, aucun ballon ne doit être perdu (sic).

Je marquais beaucoup parce que je suivais toutes les frappes. Toutes. Pour marquer en Ligue 1, il faut un petit bonus sur les autres en termes de réaction et, donc, suivre les ballons. Plus personne ne marque comme ça j’ai l’impression, mais la vérité, c’est que tu ne sais jamais comment va réagir un gardien. Tu cours sans doute cinq fois pour rien. Mais la sixième… Pour un attaquant, c’est un impératif, un devoir d’y aller! Pourtant, cela devient rare de voir ce genre de buts. Mais c’est aussi à mon sens quelque chose qui montre l’envie.

Vous le cultiviez comment, ce don ?

Ah ça, avoir ce «truc», ça se cultive pendant les séances. Quand je suis arrivé à Schalke, j’ai demandé à l’entraîneur d’avoir droit à une séance spécifique. Je venais d’un endroit d’où les gens pensaient qu’on ne jouait pas au foot. Alors, j’ai demandé à faire du rab. Et cela, ça aide aussi à se faire accepter. Ce n’est pas juste avec les séances normales qu’il ira décrocher sa chance. Cela va être à lui de montrer qu’il le veut, ce poste de n° 9.

Saint-Symphorien a pas mal changé depuis que vous y avez évolué, mais lui a commencé devant 25 000 spectateurs, dans un derby de l’Est, contre Strasbourg. Vous qui sortiez de DN à 21 ans, vous étiez déjà impressionné par les ambiances professionnelles ?

En tout cas, je ne pense pas qu’il soit, lui, impressionné. Quand je suis arrivé à Schalke, on jouait aussi devant 25 000 personnes. Et ils étaient à dix mètres de nous, de la ligne de touche. Mais j’étais en mission, c’est-à-dire satisfaire tout le monde. Il suffit d’être de bonne volonté et de travailler. Si les gars en tribune voient ça dans ton attitude, alors tu es des leurs. Pas une seule fois, je n’ai été sifflé. C’est aussi ça que Madjo doit faire.

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