Manu Lapierre, l’un des anciens chez les Bianconeri, invalide la théorie selon laquelle le rajeunissement forcé de l’équipe est en train de coûter cher.
La Jeunesse n’a pas encore gagné le moindre match cette saison et n’a marqué qu’un but. À quoi cela ressemble-t-il de vivre dans ce projet avec deux groupes de joueurs aux antipodes en termes de différence d’âge, avec une attaque qui semble encore bien trop jeune pour être performante? Emmanuel Lapierre nous répond avec humour.
Est-ce qu’il faut s’inquiéter pour la Jeunesse ?
Manu Lapierre : Non, franchement, il ne faut pas. Bon, c’est sûr, on a joué trois promus, trois équipes qui, sauf à faire une saison extraordinaire… C’est un bilan comptable qui n’est pas bon. Mais il n’est pas encore temps de s’alarmer parce que c’est normal, c’est un nouveau projet avec beaucoup de jeunes même si, dans le onze de départ, il reste beaucoup d’expérience sur le terrain. Il faut un temps d’adaptation. Pour nos jeunes, qui avaient l’habitude que tout soit plus facile en juniors, il faut bien se rendre compte que la DN, c’est du solide.
Quel est le plus gros du travail à mener ?
Pfffoua…Si je dois être sincère, je dirais qu’on manque de niaque. Dans les trente derniers mètres, il manque l’envie absolue de finaliser l’action, d’avoir envie de marquer. Parce que derrière, ça va : on prend deux buts en trois matches et celui de Mamer, dimanche, il est largement évitable.
La niaque, comme vous dites, est-ce que cela va de pair avec l’expérience. Et donc avec l’âge ?
Est-ce que la niaque, c’est un problème de jeunes? C’est ce que vous demandez? Oui et non. Je dirais que c’est un problème générationnel et qu’on n’a pas qu’à la Jeunesse. J’en entends parler dans tous les clubs où je connais des «anciens». Avant, quand tu étais jeune et que tu montais chez les grands, tu te faisais tout petit et tu t’arrachais pour montrer que tu as ta place. On voit ça de moins en moins. À nous de leur inculquer, sans faire de grands discours parce qu’on n’est pas de grands orateurs. Mais ça passe par de petites choses comme l’exemplarité.
Omosanya a de la confiance en lui, qu’on pourrait presque qualifier d’arrogance, mais qui est aussi ce qui va l’amener plus haut
Omosanya est un peu le seul joueur du groupe entre deux âges. Qu’est-il, lui ? Un ancien ? Un jeune ?
Lui? (il rit) Il n’arrête pas de naviguer entre les deux! Des fois, tu te dis que le gars a 19 ans et pas 25. Et puis des fois, tu te dis : « Mais c’est pas possible, il joue à ce niveau depuis plus de dix ans ou quoi?« Michael, il est drôle et atypique. Impressionnant aussi. Il a le potentiel pour devenir le grand attaquant qu’il nous faut. Mais attention, on a aussi Liam Nurenberg, que je trouve très intéressant, très intelligent, même s’il joue parfois trop collectif. Mais pour revenir à Omosanya, tout dépend de lui et de son « mood« (NDLR : humeur). Il a connu un haut niveau en N2 (NDLR : avec Thionville) et ça se voit. Il a de la confiance en lui, qu’on pourrait presque qualifier d’arrogance, mais qui est aussi ce qui va l’amener plus haut. En tout cas, il fait partie de la solution à nos problèmes.
Pour les anciens, la vague de départs de trentenaires n’a-t-elle pas été trop dure à vivre, surtout lorsqu’on se retrouve face à une vague d’arrivées de très, très, très jeunes joueurs ?
Ça a été dur dans les premiers temps. Au début, on s’est tous dit : « Ah merde, les copains sont partis…« On aurait tous souhaité de la continuité parce que moi qui fais ma dixième saison ici, c’est justement ce qui nous manque tout le temps, pour bâtir une bonne équipe. Maintenant, le projet du coach et du club est plus que raisonné, louable et intéressant. Mais on est effectivement passé de 30 ans de moyenne d’âge à 22-23 ans. Mais à un moment, tu dois prendre ce virage. Le discours du coach est top et on se sent intégrés au projet.
Même le coach s’est plaint et a demandé du rap allemand
Un marqueur de « pouvoir« , dans un vestiaire, c’est de savoir qui a la main sur la musique…
Ah, la musique… C’est … les jeunes qui s’en occupent … De temps en temps, je pique le bluetooth parce qu’ils écoutent vraiment n’importe quoi. Artistiquement, c’est une misère. Même le coach s’est plaint en demandant si on ne pouvait pas mettre un peu de rap allemand, de temps en temps. Non, en vrai, le son, dans le vestiaire, c’est ce qui montre aussi qu’on a une bonne ambiance. Ne vous en faites pas. L’ambiance est bonne.