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À la recherche des pépites musicales aux Rotondes


Il y avait du choix ce dimanche aux Rotondes pour les passionnés de vinyles, chinant dans les stands comme celui de Florian et Jennie.

Le vide-disque des Rotondes est un rendez-vous où passionnés et collectionneurs partagent leur amour du disque. Tous sont en quête de «pépites» musicales et de leur ultime Graal.

Dimanche matin, place des Rotondes, tintaient les pièces qui s’échangeaient de passionné à passionné. La programmation des Congés annulés prévoyait comme les éditions précédentes un vide-disque. L’occasion pour les professionnels de vendre et pour les amateurs de vintage de faire crisser les vinyles encore plastifiés afin de trouver les productions de leurs groupes et artistes préférés.

Des vendeurs professionnels et amateurs

Florian et Jennie tiennent le plus grand stand de la foire, placé sur une estrade : le stand Specific. Ce sont des professionnels qui ont d’abord créé un label de musique, avant de se lancer dans la vente de vinyles. Leur terrain de jeu : la musique indépendante. Ce label permet donc avant tout d’éditer et partager une musique peu connue. Autre spécificité des gérants : ils sont aussi férus du Japon. Leur ambition est tout autant d’importer de la musique japonaise et de soutenir des productions locales.

Pour eux, arpenter des foires comme celle-ci, ce n’est pas seulement vendre, c’est aussi partager une passion. Une passion qui les amène à voyager régulièrement au Japon depuis quinze ans, à la recherche de nouveautés. Sur l’île, ils s’imprègnent de la culture musicale locale, découvrent des artistes, des sonorités et les ramènent en Europe. Florian explique au sujet de l’importation qu’il existe trois façons principales de se procurer des disques : soit en puisant dans une collection d’un particulier; soit en rachetant des collections issues de stocks excédentaires; soit en se tournant vers du neuf, comme ils le font pour la musique nipponne.

Dans ces manifestations, on retrouve certes des professionnels, mais aussi des particuliers qui revendent leurs biens pour faire vivre les CD. Et une grosse collection, Mahmoud et Lise en ont aussi une. Avec plus de 400 vinyles, ils en sont déjà à leur quatrième édition de la foire. Lise aime bien Queen en général, mais trouve son bonheur en étant à la caisse pour faire un maximum d’heureux. Mahmoud, en revanche, est un véritable passionné. Pour lui, rester derrière le comptoir est impensable : flâner dans les allées, c’est la meilleure façon de vibrer, à l’affût de la perle rare. Portant un t-shirt noir à l’effigie d’Ozzy Osbourne, il rêve aujourd’hui de tomber sur Celebration Day de Led Zeppelin. Il est en paix avec ce rêve, car il possède déjà son Saint Graal : Black Sabbath Vol. 4, signé par Ozzy Osbourne en personne!

Parmi les stands, on trouve aussi du «merch» d’univers variés. Fern Alves, par exemple, représente les musiciens luxembourgeois dont il a réalisé le design, que ce soit pour des marques ou pour des albums. À cela s’ajoute le marché des créateurs et de seconde main comme la AA Warehouse, basé habituellement à Fentange. Un foisonnement qui donne à l’événement une identité multiple, qui fait aussi son charme.

Dans le cœur des enfants de 17 à 48 ans

Le stand Specific est assuré d’avoir un client ce matin. Nils, lycéen de 17 ans s’est en effet réveillé de bon matin à la recherche de disques. Oui, la passion du vinyle ne se limite pas aux collectionneurs aguerris. Il a découvert l’événement grâce aux réseaux sociaux et est venu «simplement par curiosité». Lui est fan de bandes originales japonaises, plus communément appelés soundtracks de films. Ses goûts musicaux se composent aussi de métal du pays du soleil levant avec, par exemple, le groupe Crossfaith. Une passion pointue qui montre que le vinyle séduit encore.

À 48 ans, Jean-Marie a lui repéré l’annonce sur le site internet des Rotondes. Il n’est pas venu par hasard : il sait exactement ce qu’il cherche et n’a pas l’intention de repartir bredouille. Sa quête se tourne vers la musique classique et celle du swing des années 30 et 40. Il avait donc déjà acquis un vinyle de Glenn Miller, et deux autres de musique instrumentale. Il passera le restant de sa journée à s’ouvrir à d’autres artistes et genre musicaux comme beaucoup d’autres, son bonheur étant d’ores et déjà assuré.

Andrea et Daniel, eux, sont aussi venus passer la journée entière aux Rotondes. Leur plaisir? Chiner sans but précis, une activité qui leur permet «de faire un pas de côté par rapport au mainstream, à ce que l’on peut acheter sur Amazon», explique Daniel. En plus, dans ce type de marché, «on trouve de tout, à tous les prix et il y a une part de rareté qui est attirante». Ils aiment cette ambiance, où l’on peut redécouvrir des morceaux. «Ça donne envie de réécouter, parfois sans acheter le disque, juste avec l’idée. J’achèterais tout, sinon !», sourit Andrea. Ils ne fréquentent pas particulièrement les boutiques de disques, mais ils apprécient ces événements comme la foire aux vinyles : «On passe la journée à se remémorer une époque, des souvenirs grâce à ces morceaux.» Côté goûts, Daniel avoue une passion pour Muse, mais le disque qui le ferait craquer aujourd’hui serait plutôt 2001 de Dr. Dre. Andrea, lui, pencherait plutôt pour un album d’Oasis : Definitely Maybe.

Ils peuvent aussi se laisser porter par la passion des disquaires. Daniel se souvient d’une précédente édition où un vendeur avait expliqué en détail l’histoire d’Angie des Rolling Stones. Cette chanson parue en 1973 dans Goats Head Soup a longtemps nourri les rumeurs, liant le prénom à la femme de David Bowie, Angela Barnett, ou à l’actrice Angie Dickinson. Mais Keith Richards a expliqué l’avoir composée en cure de désintoxication, le prénom lui étant venu spontanément, peu avant de donner naissance à sa fille Angela. «C’est aussi une petite partie d’éducation, et ça marque», conclut Daniel.

La passion attire même les familles comme celle de Lise et Matt. Le couple franco-allemand accompagné de leurs deux enfants était sur place dès le matin, mais avec la foule commençant à se densifier, ils n’allaient pas s’éterniser : «C’est bébé qui décide», s’amusait Matt. Leur recherche les amène surtout vers des bandes originales. Leur bonheur du jour : avoir trouvé les BO de Mary Poppins, Grease et West Side Story. Mais quand est-ce qu’un jeune couple avec deux enfants en bas-âge écoute ces disques? Matt répond qu’ils les mettent «en fond, on ne s’assoit pas forcément pour les écouter». Mais pour sûr qu’ils en écoutent! Avec une collection de 40 disques, ils n’ont que deux sources de musique : leur téléphone et leur tourne-disque «qu’on apprécie toujours de faire tourner!»

À la fin de la journée, chacun a vendu ou repart avec ses trouvailles, mais tous emportent surtout le même objet : une version tangible de la musique qui nous fait tous vibrer de façon différente.