Le dernier rapport de la Caisse nationale d’assurance pension permet de remettre dans leur contexte les tractations sur la pérennisation du système des pensions. La nécessité d’agir est confirmée.
Dans trois semaines, le gouvernement, les syndicats (OGBL, LCGB, CGFP) et le patronat (UEL) vont se retrouver pour poursuivre les négociations tripartites engagées en juillet. Les deux premiers rounds de pourparlers ont notamment permis d’avancer sur une réforme du système des pensions, même si le chemin semble encore long pour trouver un accord.
Alors que les partenaires de cette table ronde sociale ont convenu de ne rien dévoiler des tractations en cours, nos confrères de RTL ont révélé, quelques jours après la seconde réunion, que le gouvernement avait mis sur la table un concept de réforme différent de celui esquissé par le Premier ministre, Luc Frieden, lors de sa déclaration sur l’état de la Nation.
Au lieu de travailler jusqu’à 5 ans de plus avant de pouvoir prendre sa retraite (3 mois par an), il serait désormais proposé d’allonger la carrière de huit mois sur une période de 5 ans, et uniquement pour les salariés qui souhaitent prendre leur retraite à 60 ans. Ceux qui auront cotisé 40 ans pourront toujours quitter la vie professionnelle à 57 ans.
En parallèle, le taux de cotisation augmenterait de 0,5 point à 8,5 %, à prester à la fois par l’État, les salariés et les patrons. De plus, l’ajustement des pensions au coût de la vie et l’allocation de fin d’année seraient maintenus. La réforme de 2012 prévoyait encore le gel de ce dispositif en cas de déséquilibre financier du système, une piste soutenue au départ par le gouvernement.
Le point de basculement, à savoir des dépenses supérieures aux recettes de l’assurance pension, reste fixé à 2026, indépendamment de la réforme en cours de négociation. Sans intervention, la réserve – qui estr montée à 30,67 milliards d’euros fin 2024 – serait épuisée en 2045. Pour l’instant, elle permet de financer pendant plus de 4 ans (4,39) les pensions, sans aucune nouvelle recette.
Une prolongation de la carrière d’un maximum de 5 ans, afin de rapprocher l’âge de départ réel (60,2 ans en 2024) à l’âge de départ légal (65 ans), permettrait de repousser l’échéance à 2050. Une croissance économique inférieure à 2 % par an rapprocherait le fameux «mur» à 2048.
L’impact de la proposition alternative reste à chiffrer par l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS).
En attendant, le nombre de retraités continue de croître. En 2024, la CNAP a versé 233 286 pensions, soit 16,46 % de plus sur les cinq dernières années, pour un montant record de 6,8 milliards d’euros. Les pensions générées au Luxembourg sont exportées dans 117 pays, dont une grande majorité en France (18,4 % ou 42 294 bénéficiaires), en Allemagne (11,69 % ou 26 865 bénéficiaires) et en Belgique (9,74 % ou 22 394 bénéficiaires). Le Portugal arrive en quatrième position avec 10 101 bénéficiaires (4,39 %).
Un peu moins de la moitié des pensionnés résident au Grand-Duché (48,39 % ou 111 256 bénéficiaires).
En 2024, les cotisations ont apporté 7,8 milliards d’euros, dont 2,6 milliards d’euros versés par l’État. La CNAP a généré 7,7 milliards d’euros de recettes. Les frais administratifs se chiffrent à 66,4 millions d’euros. Plusieurs partis et syndicats plaident à libérer la CNAP de cette charge. Le budget de l’État prendrait alors le relais.