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[Football] Tallinn, le premier gros coup de Pedro Silva


Et elle s’est tue, la Le Coq Arena!

CONFERENCE LEAGUE (3e TOUR, RETOUR) Patience pendant une heure, forcing en fin de match avec des changements audacieux : à Tallinn, le FCD03 a vu son nouveau coach imprimer sa patte sur la qualif.

Pas facile de se faire une place à Differdange entre Fabrizio Bei, un président qui prend une bonne part de la lumière médiatique, et Rémy Manso, un directeur sportif omniprésent auprès des joueurs.

Ils ont d’ailleurs tous accouru vers lui, en tribune, pour célébrer le troisième but inscrit par Samir Hadji, sur penalty, à deux minutes de la fin de la prolongation. Tant mieux pour le FCD03 : les personnalités fortes, quand elles arrivent à cohabiter, font souvent des clubs forts.

Mais quand on semble cultiver l’effacement, comme Pedro Silva, il n’y a bien que les résultats qui peuvent parler pour soi. Jusqu’à présent, on n’avait pu juger le successeur de Pedro Resende qu’a minima, alors que fatalement on allait vite chercher à faire des comparaisons.

Le bilan du technicien de 33 ans avant Tallinn n’était ni mauvais ni fou non plus. Un match mal maîtrisé avec une équipe recomposée et la tête ailleurs contre Bissen (1-0), en championnat; une élimination navrante en Ligue des champions contre Drita parce que polluée par trop d’erreurs individuelles sur lesquelles il n’avait pas prise (1-0, 3-2); une qualification ferme (1-0, 1-0), mais contre un adversaire au niveau pas impérissable, The New Saints, au 2e tour de la C4.

Cela avait suffi pour que Rémy Manso fasse l’éloge de son nouveau technicien, comme pour le débarrasser de la pression d’avoir à faire aussi bien que son prédécesseur – ce qui sera dur –, en BGL Ligue : «Lui a passé un tour européen, ce que Pedro Resende n’était pas parvenu à faire.»

Voilà qu’il en est maintenant à deux, des tours passés, Pedro Silva. Pour sa première année. Pour son premier poste chez les seniors. Et voilà que le match de Tallinn semble avoir installé en 90 minutes l’image d’un coach capable d’autant de sang-froid dans ses choix tactiques que de retenue quand il s’agit de parler football.

15 tirs à 3, 9 corners à 0

Fabrizio Bei l’a dit : il y avait un plan. Rémy Manso l’a confirmé. «Bon, l’idée n’était pas non plus forcément d’attendre la 89e minute pour marquer», sourit le directeur sportif.

Mais cette première mi-temps laconique, à mi-chemin entre ennui et inquiétude, ne présageait en rien la fin de match et la vague qui allait emporter le Levadia après l’heure de jeu, quand Differdange est monté en puissance.

Les chiffres sont là pour dire la master class qu’ont livrée Differdange et son coach en termes d’intelligence de gestion de l’événement. Alors que les Estoniens ont eu 67 % de possession, ils ont été laminés au nombre de frappes au but (3 à 15), d’arrêts décisifs à faire pour les gardiens (5 à 0) et de corners (0 à 9).

Surtout, Pedro Silva s’est amusé à jouer avec les nerfs de son homologue, le champion d’Europe (avec Valence) Curro Torres, commençant le match en bloc très bas avec seulement deux vrais attaquants, le terminant avec quatre, très haut.

L’effet le plus visible à court terme, c’est le résultat et la qualification. L’effet à moyen terme touchera les joueurs : si Bedouret (sacrifié à la 72e sur l’autel tactique) s’est encore rendu coupable d’une erreur de relance qui commence à devenir récurrente dans ses prestations, si l’expérimenté Leandro a oublié la couverture dans le dos de Brusco sur l’égalisation de Tambedou (1-1, 92e), si Ventura, en manque de travail, n’a pas pu une seule fois se rassurer après des prestations mitigées jusque-là, la défense est redevenue une vertu cardinale de ce groupe.

Qui a appris le vice. «Ils se sont fait avoir, se délecte Rémy Manso. On savait qu’ils se satisferaient du 0-0. Nous, on voulait marquer assez tard pour ne pas leur permettre de revenir.» D’ici à attendre une minute avant la fin du temps réglementaire, quand un bout de pied d’Hadji a envoyé Andy Buch sur la profondeur pour un plat du pied un peu topé… (0-1, 89e).

«Les boîtes de 2011 ont dû fermer entretemps»

Les prolongations ont été une marche triomphale. En difficulté dans les airs, le Levadia s’est incliné sur une tête parfaitement décroisée de Buch sur corner (1-2, 105e), puis son capitaine a levé les bras trop haut sur une longue touche qu’Hadji a tenté de remiser en arrière, ce dernier convertissant le penalty sans trembler (1-3, 118e).

Fin du boulot de Pedro Silva. Fabrizio Bei et Rémy Manso peuvent prendre le relais. Le premier, radieux, assurera que le second réussira bien à trouver une boîte de nuit pour que les joueurs puissent fêter et décompresser, «parce que j’imagine que celles qu’on a connues en 2011 ont pu fermer entretemps».

On ne sait pas pour la boîte, mais le directeur sportif a assuré qu’il faudrait peut-être «un ou deux renforts si jamais on se qualifie pour les poules».

Pedro Silva, lui, s’offrira un sauna pour décompresser, le lendemain matin, à ruminer sans doute cette harangue présidentielle, une semaine plus tôt : «Si on se qualifie, le coach fait toute la conférence de presse des barrages en français», l’avait charrié Bei, la veille du match aller contre le Levadia.

On guette donc celle contre Drita. Mais s’il peine encore un peu en français, Pedro Silva a déjà gagné ses galons de tacticien. Avec discrétion… mais en frappant un grand coup.

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