Le président differdangeois est fou de joie. Et veut faire un cadeau à tout le pays.
Encore une soirée hautement émotionnelle. Vous tenez le choc?
Fabrizio Bei : C’est super! Quel match! Quel scénario à la Hitchcock! Je ne sais pas ce que j’ai préféré de cette rencontre, mais je sais que le président de Tallinn, un gars bien, m’a dit qu’il ne voulait plus jamais me voir (NDLR : le FCD03 avait déjà éliminé le Levadia, en 2011).
Mais en même temps, je ne suis pas surpris, parce que j’ai dit depuis le début que si ce match, Differdange le jouait avec ses qualités habituelles, sans faire d’erreurs défensives, il passerait le tour.
Ce début de rencontre extrêmement stérile, cela ne vous a pas fait douter?
Non, parce que c’était le plan! C’est ce que le coach avait conçu. C’était très intelligent. En première mi-temps, Tallinn n’a pas eu une occasion de but. L’idée était vraiment d’accélérer à 20-25 minutes de la fin.
C’était un sacré coup de coaching. C’est ce qui fait qu’on a gagné.
Cela a quand même dû être peu évident à vivre d’avoir à attendre la 89e minute pour égaliser sur l’ensemble des deux rencontres.
Ah mais moi je n’avais absolument aucun doute! Je me disais que ce n’était pas possible que l’on quitte l’Europe après ce genre de boulettes qui nous avait coûté le match aller.
Je n’ai jamais douté, vous pouvez même regarder mes messages si vous ne me croyez pas : à la 88e, j’annonce encore à des gens qu’on va passer!
On a peut-être sauvé la quatrième place européenne dévolue au Luxembourg
Ce succès entre au panthéon des matches du FCD03, pour vous?
Ah mais on a écrit l’histoire et pas seulement la nôtre, mais aussi celle du football luxembourgeois. Et je l’ai dit aux joueurs, dans le vestiaire : on vient de faire regagner une place au pays dans la hiérarchie du classement UEFA et on a peut-être sauvé la quatrième place dévolue au Grand-Duché. C’est peut-être aussi pour ça que toute la Ligue m’a écrit sur notre groupe Whatsapp.
Avez-vous craint de retourner aux tirs au but, comme contre Tromso en 2013, une séance qui vous avait été fatale dans ce même 3e tour, mais de l’Europa League?
J’y ai repensé, oui. Mais je savais que de toute façon, cette fois, cela aurait été pour nous. Il y a un bon Dieu, quelque part.
Rémy Manso, votre directeur sportif, assurait avant le match aller que si le FCD03 passait l’obstacle Tallinn, il éliminerait aussi Drita en barrages.
J’y crois aussi! On le doit à nos fans, on le doit au pays. C’est une revanche. Parce que la première confrontation (NDLR : au 1er tour de la Ligue des champions, mi-juillet), on ne l’a pas vraiment jouée.
Cette fois, Drita ne nous prendra pas à la légère, mais on va passer. On va aller la chercher, cette phase de ligue.
On peut bien vous avouer que les médias ont un peu eu du mal à savoir d’où était tombé ce challenge de la phase de ligue, quand vous l’avez annoncé, comme ça, d’un coup…
En tout cas, ce n’était pas une provocation de dire que c’était un objectif. On s’est vraiment mis ça en tête. Vous savez, j’ai attendu 22 ans avant de devenir champion, alors il nous fallait quelque chose d’autre. Il reste un obstacle.
Et je suis convaincu que dès cette année, c’est la bonne. On ne peut pas quitter la Coupe d’Europe. Toutes ces erreurs qu’on a pu commettre depuis que ça a commencé, ce n’est pas Differdange.
Mais vous savez comme je suis superstitieux, alors je vais vous dire : Gauthier Caron et Philippe Lebresne m’avaient donné une pièce de 2 euros pour la mettre sur le terrain (NDLR : son ancien capitaine avait marqué contre le Levadia après avoir placé dans le but une pièce trouvée sur le terrain).
On l’a mise le long de la ligne de touche, côté tribune. Et ça a encore marché. C’est invraisemblable cette histoire de pièce. Alors merci Gauthier et merci Philou le syndicaliste!