Malgré dix jours de discussions intenses, aucun accord international n’a été trouvé pour limiter la pollution plastique. Présent à Genève, le Luxembourg regrette l’absence de compromis, tout en saluant les avancées qui serviront de base pour la suite des négociations.
Après dix jours de négociations intenses, la communauté internationale n’a pas réussi à conclure un traité contre la pollution plastique lors de la session additionnelle du Comité intergouvernemental de négociation, qui s’est tenue du 5 au 14 août à Genève.
Le Luxembourg, représenté par le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité (MECB), participait activement aux discussions.
En ouverture de la réunion plénière des 185 gouvernements, le représentant de la Norvège, co-président d’un groupe favorable à un accord ambitieux, a annoncé la nouvelle : «Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève.»
Malgré plusieurs propositions de compromis, dont une version remaniée présentée dans la nuit du 14 au 15 août par le président des négociations, l’Équatorien Luis Vayas Valdivieso, les délégations n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente.
Les divergences demeurent profondes entre deux blocs :
- les pays dits «ambitieux» (Union européenne, Canada, Australie, États insulaires, plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique latine) souhaitaient réduire la production mondiale de plastique, encadrer les substances chimiques préoccupantes et imposer des règles contraignantes couvrant tout le cycle de vie des plastiques.
- un groupe d’opposants, constitué principalement de pays producteurs de pétrole, refusait toute mesure restrictive sur la production d’hydrocarbures et contestait le principe d’un traité englobant l’ensemble du cycle de vie des plastiques.
Cette opposition a bloqué l’adoption d’un texte qui devait constituer un instrument international juridiquement contraignant, conformément au mandat donné en 2022 par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement.
Le Luxembourg plaide pour un effort collectif
Pour le ministre luxembourgeois de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Serge Wilmes, cet échec ne doit pas faire oublier les avancées : «La pollution plastique constitue un défi global majeur qui ne peut être relevé qu’à travers un effort collectif et en considérant le cycle de vie entier des plastiques. Il est regrettable qu’aujourd’hui, aucun accord n’ait pu être trouvé malgré les efforts et la volonté de compromis dont nous avons fait preuve en tant qu’Union européenne tout au long des négociations. La lutte contre la pollution plastique est un combat de longue haleine, mais il est impératif d’avancer ensemble.»
En dépit de l’impasse, un nouveau projet de texte amélioré a été rédigé et servira de base pour les prochaines négociations.
Une urgence environnementale grandissante
L’échec de Genève intervient alors que les chiffres sont alarmants : depuis l’an 2000, la planète a produit plus de plastique que durant les 50 années précédentes, principalement des emballages et produits à usage unique.
Si aucune mesure n’est prise, la production annuelle, actuellement d’environ 450 millions de tonnes, pourrait tripler d’ici 2060, selon l’OCDE. Moins de 10 % de ce plastique est recyclé.
Pour de nombreux observateurs, ce revers fragilise le multilatéralisme. «Une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux», a dénoncé la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
La prochaine session de négociations, dont la date reste à déterminer, sera décisive pour savoir si le monde parviendra à s’unir contre ce fléau planétaire.