CONFERENCE LEAGUE (3e TOUR, RETOUR) Differdange s’est persuadé qu’il peut inverser la tendance en Estonie après sa défaite de l’aller.
Si l’autopersuasion est une qualité majeure en football pour réussir de grandes choses, alors on veut bien que Differdange creuse le sillon et nous ramène à la maison un barrage, pour la première fois depuis 2019.
La séance d’hypnose collective avait commencé dès le coup de sifflet final du match aller contre Tallinn et c’est Artur Abreu qui nous avait fait le coup du «écoutez ma voix, vos paupières sont lourdes».
L’attaquant, pas le dernier à se montrer maladroit à la finition, pas le dernier non plus à reconnaître des errements défensifs et des lacunes dans le pressing, s’était tenu bien droit devant la presse pour l’assurer : «C’est toujours du 50-50.»
D’accord. On accepte la proposition consistant à dire qu’après avoir été battu à la maison par le champion d’Estonie (2-3), en affichant exactement les mêmes défauts que trois semaines plus tôt contre Drita, on peut tout renverser au match retour, 1 600 km plus au nord-est du monde face à un adversaire qui a plus de rythme et visiblement pas autant de petites lacunes.
Si l’on accepte aussi facilement de se laisser convaincre, c’est aussi parce qu’à l’heure où nous parlons, le FCD03 a… le pire argument de la terre dans son sac à dos : son infirmerie s’est vidée. La belle affaire.
Il serait douteux qu’un Ludovic Rauch ou qu’un Edgar Pacheco puisse faire beaucoup plus qu’une fin de match, il serait étonnant qu’un Ronaldo Camara puisse s’installer dans l’entrejeu après aussi peu de temps passé aux séances.
Mais les savoir là, tous les trois, suffit visiblement à remplir le groupe d’une dose d’endorphine suffisante pour que les paroles d’Artur Abreu trouvent de l’écho. «Ça donne une énorme confiance, assène Kevin D’Anzico. On est là, tous, au complet, on sait que ces gars peuvent sortir du banc.» Et il est vrai que ces noms-là sont ronflants. Qu’on les sent porter en eux la capacité de tout renverser.
En 3-4-3 aussi au retour?
Dans l’ombre, le staff, lui, joue l’intox, lâchant qu’il évoluera en 3-4-3, comme à l’aller, plutôt qu’en 3-5-2, un système aussi expérimenté récemment. Et qu’il n’y touchera a priori pas, ou alors «sur une position, deux maximum», consent Pedro Silva.
À quelles positions pense-t-il? Il est peu probable qu’il touche à son gardien (Ventura), qui «sait qu’il est passé à côté à l’aller», a reconnu D’Anzico au nom de son portier brésilien. Ni à sa ligne à trois (D’Anzico, Brusco, Bedouret), qui avait écopé comme rarement devant Musaba.
Ni à son point d’équilibre de l’entrejeu (Leandro), apparu en difficulté à la construction et à l’impact. Il faudra juste que ces valeurs sûres refassent le boulot comme elles savent le faire, c’est-à-dire en ne laissant même pas de miettes à l’adversaire.
En début de campagne, Differdange avait fait ce constat que si la règle du but à l’extérieur avait encore été en activité, il aurait passé quelques tours supplémentaires ces dernières années. Contre Ordabasy en 2024. Contre Maribor en 2023 aussi.
Il suffit de réinvestir ces mauvais souvenirs pour savoir que, finalement, malgré trois buts encaissés à Oberkorn il y a une semaine, il n’y a qu’un but de différence au coup d’envoi.
Un quatrième tour contre Drita ou le Steaua Bucarest n’est finalement qu’à un petit but. Vos paupières sont lourdes…