Dans sa note de conjoncture publiée ce 13 août, la Chambre des métiers se dit préoccupée par la situation économique précaire de l’artisanat, à commencer par la construction.
«Source de préoccupation majeure», «incertaine», «baissière» ou encore «précaire». Voilà comment est qualifiée la situation économique du pays dans la note de conjoncture de la Chambre des métiers publiée hier. Elle fait le point sur la situation à la mi-année et les voyants sont globalement au rouge.
Premier indicateur : la croissance du pays. Dans les «scénarios moyennement positifs», le taux de croissance annuelle devrait atteindre les 1 %, tandis que les «prévisions les plus alarmantes» envisagent un taux de 0,3 %. «Cette fourchette indique un contexte de croissance au mieux modérée, sinon faible, ce qui pourrait avoir des répercussions défavorables sur la stabilité financière publique et les capacités budgétaires du pays.»
Les chiffres de l’emploi n’améliorent pas les choses, puisqu’ils rapportent une «faible croissance de 1 %» qui «témoigne de la faible dynamique du marché du travail». Une situation qui «met en exergue la vulnérabilité du système de sécurité sociale national», s’inquiète la chambre professionnelle.
«Une situation hasardeuse»
Comme souvent, le secteur de la construction est le symbole d’une situation économique fragile, la Chambre des métiers évoquant même «une situation particulièrement hasardeuse» sur divers points. D’abord, son indicateur d’activité est passé de -9 points au 1er trimestre 2025 à -14 points, avec 24 % de chefs d’entreprise qui disent connaître une nouvelle diminution de leur activité.
Le secteur pâtit notamment d’un «coup d’arrêt sur les logements neufs» selon la note. Au second trimestre 2025, 253 appartements en construction ont été vendus (VEFA), soit 36 % de moins qu’au dernier trimestre 2024. Le léger rebond qui a eu lieu en fin d’année dernière n’était pas le signe d’une confiance retrouvée, mais «une anticipation de l’expiration des mesures fiscales initialement prévues pour la fin de l’année». Par conséquent, une chute du volume de transactions est à craindre dans les prochains trimestres. Aux 2e et 3e trimestres 2024, 154 et 144 VEFA avaient été vendus.
À noter que le prix de vente des logements a pourtant connu une diminution de 12 %, qui s’élève à 21 % si l’on prend en compte la hausse de 9 % du coût de la construction sur la même période. Cette tendance baissière n’a donc pas agi positivement sur le volume des transactions.
Aucune reprise en vue
Toujours dans la construction, le rapport estime qu’«il serait judicieux de rendre la politique des taux d’intérêt au Luxembourg plus attractive». Malgré des coûts d’emprunt au plus bas depuis novembre 2022, cette diminution n’a pas encore eu d’effet. La Chambre constate des différences marquées entre le Grand-Duché et d’autres pays, à commencer par la Belgique qui a des taux inférieurs, en moyenne un écart de 0,52 point de base.
Les autorisations de bâtir sont un autre élément à prendre en compte urgemment, puisqu’ils sont «en perdition», avec une baisse majeure de 45 % par rapport à la fin de l’année 2024, faute de surface utile autorisée. «Cette évolution ne permet pas d’anticiper une reprise imminente dans le secteur de la construction», admet la note de conjoncture.
Si le Luxembourg souhaite construire 32 500 nouveaux logements d’ici 2030 afin de répondre à la croissance démographique prévue, le défi est colossal. Afin de sortir de terre 6 500 logements par an entre 2025 et 2030, cela nécessiterait «12 000 salariés supplémentaires sur cette période» en prenant en compte les départs en retraite. Il faudrait, en outre, mobiliser des ressources financières à hauteur de 23 milliards d’euros sur cinq ans et, sur le plan foncier, «il sera nécessaire de mobiliser annuellement 164 hectares».
Les autres secteurs pas mieux lotis
Pour les autres métiers de l’artisanat, la situation reste également compliquée, à l’exception de la mécanique (ateliers mécaniques et secteur automobile), dont l’indicateur d’activité est positif. Actuellement de 2,5 points, il devrait se situer autour de 2,8 points pour le prochain trimestre.
L’alimentation connaît, elle, une légère méforme. Alors que les prévisions du 1er trimestre laissaient présager une stabilisation, l’indicateur d’activité a fait un retour en zone négative à -3 points. Le coût des matières premières est en cause.
Pour le secteur mode-santé-hygiène, confronté à des «coûts opérationnels élevés et à une demande en baisse», l’indicateur est passé de -16 à -12 en un trimestre, ce qui pourrait néanmoins annoncer un prochain rebond potentiel à -6,5 points.
L’indicateur du secteur de la communication viendrait, lui, d’entamer «un retournement de tendance» en descendant de 10 à 9,5 et possiblement jusqu’à 5 au 3e trimestre. Dans ce secteur partagé entre l’imprimerie et le digital, c’est le premier volet qui connaît des difficultés tandis que le second est positivement porté par l’IA.