Et si, cet été, on découvrait le Luxembourg autrement ? À travers les yeux de celles et ceux qui y vivent, y créent, y travaillent. Vigneron, artiste, chef ou paléontologue, connus ou discrets, ils nous livrent leur regard personnel sur le pays, entre lieux fétiches, traditions, souvenirs et bons plans. Une série de portraits pour explorer le Grand-Duché à hauteur d’humains.
Pas besoin d’aller loin pour s’évader : cet été, on (re)découvre le Luxembourg à travers celles et ceux qui le vivent au quotidien. Un chef, un vigneron, un artiste ou encore un paléontologue partagent avec nous leurs coins préférés, leurs petites traditions, leurs souvenirs marquants… Des portraits, des regards singuliers pour explorer le Grand-Duché autrement. Avec un peu d’accent local et beaucoup de cœur.

Notre portrait du jour nous emmène il y a 170 millions d’années en un temps où le Luxembourg était submergé par la mer. C’est là le terrain de jeu de Ben Thuy, véritable Alan Grant du Grand-Duché qui officie depuis dix ans au musée national d’Histoire naturelle et sur les sites de fouilles du pays et d’Europe en tant que paléontologue.
Dans les couloirs de l’institution, les journées de ce spécialiste des ossements s’articulent autour de trois grands volets. Le premier concerne la collection et le travail de conservation. Il s’agit d’étudier, d’enrichir et de valoriser l’accumulation de pièces rares conservées à l’intérieur du musée.
La deuxième mission du Luxembourgeois touche à la recherche scientifique. Celles-ci peuvent porter aussi bien sur la collection qui se trouve au Grand-Duché que sur d’autres collections éparpillées autour du globe.
Enfin, Ben Thuy réalise un travail de communication qui mélange des conférences, de la médiation et de la divulgation. «Il s’agit de rendre accessibles des pièces du musée», résume-t-il.

La passion du passé est née chez cet homme originaire de Steinsel grâce à un film qui a marqué toute une génération, Jurassic Park. Une passion qui a ensuite été soutenue par ses parents avec lesquels il se rendait régulièrement dans les carrières du Grand-Duché, puis par le biais de concours de jeunes scientifiques.
«Lors de l’un de ces concours, j’ai présenté un rapport sur un fossile que j’avais trouvé enfant, avec mon père. Il s’agissait d’un fossile d’oursin dont les détails et la beauté m’ont fasciné», se souvient-il.
Par la suite, il entamera des études en sciences avec une spécialité paléontologie menées près de Stuttgart, avant de finaliser son cursus à Göttingen en rédigeant un doctorat sur les ophiures. Une espèce d’échinodermes, branche qui regroupe les animaux marins comme les étoiles de mer ou encore… les oursins.
Outre sa passion pour les ossements anciens et les fossiles vieux de plusieurs millions d’années, Ben Thuy voue un amour sans faille pour le metal.
Si bien qu’en 2018, il donnait à deux fossiles le nom d’un groupe et de sa chanteuse : Melusinaster arcusinimus et Melusinaster alissawhitegluzae.
«C’est une petite forêt avec des étangs entre Steinsel et Bridel qui s’appelle Gipsweieren. C’est un lieu très peu connu, pas touristique du tout, mais c’est un lieu où j’ai passé pas mal de journées en tant que gamin, car je pouvais m’y rendre à vélo.
C’est très calme, caché, il y a des étangs. Au printemps, j’y trouvais des grenouilles, des crapauds et j’y découvrais plein de choses. Aussi, géologiquement, c’est intéressant, car le nom Gipsweieren provient de l’extraction de gypse.
D’ailleurs, avec un peu de ténacité, on peut trouver des fossiles à cet endroit. Ce lieu m’a beaucoup inspiré pendant mon enfance et durant mon adolescence. J’aime beaucoup le fait qu’il s’agisse d’une sorte de beauté cachée.»
«Mon plat préféré est tout à fait classique, car il s’agit des Kniddelen. Une des raisons de mon choix, c’est que c’est le plat idéal après une journée de terrain, parce que c’est bien riche.
Et l’autre raison, c’est que mon épouse, qui vient de l’Allemagne du Nord, a perfectionné la recette. Pour moi, elle fait les meilleurs Kniddelen. Je voulais aussi dire un petit mot sur une tradition que j’apprécie particulièrement : le Bretzelsonndeg, c’est le dimanche du bretzel.
Je voulais en parler parce que c’est quelque chose qui n’existe qu’ici et qui a lieu entre les grandes festivités classiques. C’est un peu dans une période qui n’a aucun autre jour spécial.
Aussi, c’est une fête qui porte vraiment sur l’amour, surtout l’amour qui passe à travers l’estomac! (NDLR : lors du quatrième dimanche de carême, un homme offre à sa bien-aimée un bretzel comme preuve de son amour)»
«C’était lors de notre dernière fouille dans la région de Larochette. J’étais avec une équipe internationale et nous venions de terminer les fouilles. Nous étions vraiment sales de la tête aux pieds, mais nous voulions quand même aller manger quelque chose.
Nous avons essayé le premier restaurant sur notre route et en ouvrant la porte nous avons découvert que tout était très élégant avec des chaises blanches, avec des serviettes en tissu, de belles nappes sur les tables.
Tout était très propre et le personnel du restaurant nous a regardés dans l’entrée. Nous avons posé la question et ils nous ont répondu : «Venez, bien sûr, vous êtes les bienvenus!»
On était aussi sales que possible, mais on nous a quand même accueillis et nous avons très bien mangé. Je trouve que c’est un exemple marquant de l’hospitalité luxembourgeoise.»
«Mon conseil serait d’explorer la diversité des paysages, la diversité de la nature qui existe ici. Il faut profiter de cette diversité qui est concentrée sur un terrain très petit. Il ne faut pas se concentrer sur une seule région et profiter de l’ensemble du territoire.
S’il s’agit d’une toute première visite, il vaut mieux passer un jour dans le Nord, se rendre dans la Petite Suisse luxembourgeoise, ne pas rater la Minett et surtout ne pas louper la Moselle et faire un tour à Luxembourg, bien sûr.
Je conseille de planifier un séjour de quelques jours et de passer un maximum de temps à explorer les quatre coins du pays et tout ce qu’ils ont à offrir.»