Sur la place du marché d’Echternach, ce week-end, l’histoire s’est mêlée à la fiction. Passionnés de rétrofuturisme, ces créateurs d’accessoires en tout genre ont pu échanger autour de leur passion.
«Pour moi, ce n’est pas un déguisement, c’est un costume, une vraie tenue dans laquelle je vis ma passion», confie Françoise Braconnier.
Venue de Belgique pour participer à l’événement, elle incarne cette phrase résumant l’esprit du steampunk tel qu’il s’est exprimé à Echternach : plus qu’un hobby, une immersion totale dans un monde où l’élégance d’antan côtoie des inventions farfelues, souvent à vapeur.
Le mouvement steampunk ? C’est avant tout une communauté très chaleureuse
Pour Gaston Klares, 64 ans, le fondateur officieux de la convention d’Echternach, le steampunk est «avant tout une communauté très chaleureuse, de n’importe quelle nationalité, n’importe quel niveau social. On admire la créativité des uns et des autres.»
Sur son stand, réduit cette année pour «laisser plus d’espace aux terrasses qui ont râlé (…) alors que la convention ramène des clients», il expose ses lampes et accessoires fabriqués à partir d’objets récupérés.
«Je préfère fabriquer des lampes que des objets portables, car chaque gramme pèse et il faut le porter», sourit-il. Oui, car Gaston fait les deux. Sur lui, il portait également «une prothèse de genou à vapeur, une ancienne trousse et des douilles de cuisine à gaz reconverties en accessoires».
Il raconte que l’évènement a été initié en 2017 avec le désir de redonner vie au centre-ville. « Ici, les boutiques étaient vides, une agence de marketing voulait créer une attraction pour attirer du public», se souvient Gaston.
Sollicité par cette agence pour ses contacts, il participera au lancement de cette initiative en tant que figure installée qu’il est. Aujourd’hui, la manifestation vit sa 8e édition, sur une place remplie de visiteurs costumés ou non.
Des costumes soigneusement travaillés
Sur les pavés d’Echternach, impossible de confondre les participants avec de simples carnavaliers. « On ne se déguise pas, on se costume. Le déguisement, c’est pour carnaval. Ici, on investit du temps, de l’argent, on fait des recherches pour concevoir nos pièces», insiste Gaston.
Certains optent pour des tenues bon marché venues de plateformes de commerce en ligne. L’effort est apprécié, mais «ça se voit directement et ce n’est pas vraiment l’esprit du mouvement».
Françoise partage cette recherche d’authenticité. Passionnée, elle porte une robe volumineuse à plusieurs étages de volants alternant les tons bleu roi et cuivre. Pour cette robe, elle a fait appel à une styliste basée à Sibret : «Je lui ai donné carte blanche. Elle l’a dessinée, a choisi les tissus, mélangé les matières. J’ai juste validé les couleurs.»
Elle révèle que le montant de sa tenue est de 2 000 euros. Mais Françoise se justifie par le fait que c’est sa passion. Et de toute manière, nous dit-elle, «quand je flashe sur une pièce, je l’achète. C’est toujours une histoire de ressenti.»
Pour Françoise, tout a commencé lors d’un autre événement steampunk. « La première fois que j’ai découvert cet univers, à Anno 1900 (NDLR : au Fond-de-Gras), j’ai ressenti quelque chose de très fort, comme si j’avais toujours appartenu à cette époque.»
Dès son arrivée sur le site dans un train à vapeur, elle s’est juste dit «waouh!». «Une photographe m’a immortalisée ce jour-là, et sur la photo, on voit à quel point j’étais bouleversée.» Depuis, le steampunk est devenu une véritable passion qui lui «apporte vraiment une joie immense».
Echternach, un décor idéal
Si l’événement a dû réduire le nombre de ses stands cette année, il n’a rien perdu de sa convivialité. «On est surtout ici pour se rencontrer. Il y a des Allemands, des Français, et même des Suisses qui viennent jusqu’ici !
Samedi, un club photo local est venu avec une douzaine de personnes pour immortaliser nos costumes. C’est du gagnant-gagnant : nous on a des photos et eux des modèles investis», raconte Gaston. Les vieux murs d’Echternach, l’église Saints-Pierre-et Paul, les ruelles pavées… Tout semble fait pour accueillir cet univers.
Plus qu’un style ou un mouvement, le steampunk est une communauté. Comme l’affirme Gaston : «On s’inspire les uns les autres. On échange des idées, des techniques… C’est une grande famille.»
Jules Vernes et rétrofuturisme
Né d’un croisement entre la littérature de science-fiction et l’esthétique victorienne, le steampunk imagine un monde où la machine à vapeur serait restée la principale source d’énergie.
Avec Jules Verne comme figure de proue, il mélange élégance du XIXe siècle et technologies rétrofuturistes. Par exemple, les costumes intègrent souvent des symboles rappelant l’époque du XIXe avec des engrenages ou des lunettes de soudeur, mêlés avec des pièces chics de type corsets, gilets brodés et accessoires futuristes comme des pistolets.
Le tout doit resté assez bricolé à partir d’objets anciens (et souvent récupérés).