BGL LIGUE (1re JOURNÉE) En première période, Dudelange a laissé passer un véritable orage, été à la fois chanceux et cynique contre un Niederkorn séduisant, avant de le balayer en seconde.
Si le Progrès voulait envoyer un message vibrant à l’ensemble de la BGL Ligue, samedi soir, depuis le stade Jos-Nosbaum… disons que ce n’est pas totalement raté. Il a perdu oui, mais il a montré, aussi, qu’il a su se réinventer en un été.
Et ce que Niederkorn veut proposer cette saison vaut bien cette défaite dingue, qui l’a vu débarquer avec cinq garçons à vocation offensive sur le banc de touche et des principes de jeu qui ont donné le tournis au F91 pendant toute la première période.
Encore faut-il savoir en profiter. Et les gars de Vivian Reydel ont péché autant à la construction qu’à la conclusion. Se ménager six tirs en seulement un quart d’heure de jeu, déstabiliser un bloc défensif adverse dans ces proportions, devrait être suivi d’effets au tableau d’affichage et ne pas coûter autant de sueurs froides derrière.
Prise de risque au coût énorme
Face à la balance des «pour» et des «contre», le staff niederkornois va se dire cette semaine qu’il est en déficit. Entre Corral qui trouve la barre seul devant Latik (6e), Bouché qui perd son face-à-face avec le portier (38e) et Natami qui vise à côté alors qu’il a le but grand ouvert (45+1), il a fallu pour marquer que Thill, pourtant pas très grand, parvienne à surprendre tout le monde sur corner, de la tête (0-1, 6e) et qu’un rebond absolument pourri profite à Avdusinovic sur une frappe qui va prendre le malheureux Latik à revers (1-2, 16e).
De l’autre côté du terrain, là d’où partait cette séduisante alternance jeu court-jeu long, défenseurs et milieux de terrain ont pris des risques parfois mal calculés qui ont eu un coût énorme.
Perte de balle de Peugnet plein axe et tir en pivot de Rotundo, avec l’aide du poteau (1-1, 8e), passe en retrait de Guett-Guett vers un Flauss ultra-sollicité au pied et… second faux rebond du match qui contraint le gardien à aller chercher le ballon au fond de son but (2-2, 42e).
«Aujourd’hui, les gardiens n’ont pas eu de chance avec le terrain», soupire Sébastien Flauss, confronté à sa boulette très involontaire. «Moi, ça ne me dérange pas de toucher aussi souvent le ballon. Mais c’est vrai que ce style, c’est un jeu dangereux qui nécessite une concentration à toute épreuve et une justesse technique. Là, ça nous coûte cher. On doit notamment mieux gérer les temps forts et faibles. On doit être plus tueurs devant. On aurait dû creuser l’écart bien plus tôt.»
C’est un jeu qui nécessite une concentration à toute épreuve et une justesse technique
C’est qu’après la pause, le F91 est revenu différemment aux affaires. Mordant et plein d’envie. Avec un projet de jeu peut-être moins romantique que son adversaire mais avec la puissance qui peut le caractériser, façon taureau énervé.
«On a fait le taf en corrigeant les fautes de la première période», se félicite Eldin Latik, auteur de deux parades importantes pour garder son équipe dans le match, en première période. «C’est une victoire au caractère, dans laquelle on a su se montrer solides», embraye Charles Morren, dont la montée en puissance dans l’entrejeu a accompagné celle de son équipe, littéralement boostée par l’entrée en jeu de Benkhedim.
De collectif oppressé à rouleau compresseur
Pour Dudelange, il y avait eu la déception de ne pas prendre l’avantage contre le cours du jeu quand Agostinho, sur une volée en extension, a touché le poteau (45e), il y avait eu également le nouveau coup de massue de la reprise de pouvoir niederkornoise quand Thill a smashé au fond un centre de Natami, laissé libre de centrer par deux routiniers, Stumpf et Kirch (2-3, 52e).
Le F91 s’est remis de ça. Englaro est entré, apportant avec lui un surplus de hargne, Benkhedim l’a accompagné, insufflant lui la subtilité technique qui faisait jusque-là défaut.
Et le F91 a roulé sur un adversaire qui n’y arrivait plus, scorant, lui, sur ses deux grosses poussées et réexpliquant ainsi au Progrès ce que réalisme veut dire. Benkhedim va transpercer Flauss au bout d’une action à trois tirs (3-3, 71e) et Kirch, transcendé par cette révolte générale, se retrouvera au point de penalty pour mettre un plat du pied sur un centre de Delorge (4-3, 85e). Voilà comment on grandit beaucoup en 90 minutes : en étant mené trois fois au score, en étant bousculé dans le jeu et en gagnant quand même.
«On revient au mental, se réjouit Mika Pinto. On a peut-être moins d’individualités qu’avant, mais on a un vrai collectif qui donne tout. Ce succès va nous aider à nous construire!» Le Progrès, lui, va peut-être devoir se… déconstruire. Il doit pouvoir rester aussi beau à voir jouer et en plus devenir efficace.