Les bourses mondiales ploient vendredi après l’officialisation des surtaxes douanières imposées par les États-Unis à leurs partenaires commerciaux à travers le monde, qui doivent entrer en vigueur le 7 août.
Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret fixant le montant des nouveaux droits de douane qui toucheront les produits de dizaines de pays entrant aux États-Unis, allant de 15% à 41%, bousculant l’ordre économique mondial.
Les produits de l’Union européenne (UE), du Japon ou de Corée du Sud seront taxés à hauteur de 15%, ceux du Royaume-Uni à 10%. L’Indonésie est à 19%, le Vietnam et Taïwan subissent des surtaxes de 20%.
Pour d’autres pays, la douche est encore plus froide, comme la Suisse qui écope d’une surtaxe de 39%, encore davantage que ce qui lui avait été promis en avril (31%).
« Les actions continuent de chuter ce vendredi », commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche de XTB, avec « les droits de douane comme principal facteur qui mine l’appétit pour le risque » des investisseurs.
À Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices laissaient présager d’une ouverture en nette baisse.
En Europe, vers 13h40, la Bourse de Paris perdait 2,17%, Francfort cédait 1,85%, Londres 0,60% et Milan 1,86%. La Bourse suisse était fermée en raison d’un jour férié.
L’indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux Continent, reculait de 1,29%
En Asie, la Bourse de Séoul a perdu 3,88% et Tokyo 0,66%. En Chine, Shenzhen a cédé 0,17% et Shanghai 0,37%. À Hong Kong, l’indice Hang Seng a terminé en recul de 1,07%.
Le Canada voit les droits de douane appliqués à ses produits passer finalement de 25% à 35%, sauf s’ils sont couverts par l’accord de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord.
« Au total, 40 pays écopent d’un taux uniforme de 15%, tandis qu’une douzaine d’autres reçoivent des sanctions +sur mesure+, selon leur balance commerciale ou leur agilité diplomatique », a commenté Stephen Innes, analyste à SPI AM.
« Le taux douanier américain est passé à environ 15%, contre un peu plus de 2% au début de l’année », a relevé Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank. « Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis les années 1930 », a-t-il précisé.
Le décret de la Maison-Blanche prévoit une mise en œuvre des nouvelles taxes le 7 août « et donc une possibilité pour certains pays de conclure un accord d’ici là », a estimé l’économiste.
Il y a « une inquiétude croissante sur le marché », relève Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM, à savoir que pour l’instant, les accords « sont des lettres d’engagement, des lettres d’intentions (…) sans les détails », apportant de l’incertitude.
De plus, « à tout moment,Trump peut revenir dessus », poursuit-il.
Les pharmaceutiques dans le rouge
Donald Trump a envoyé jeudi des courriers à 17 entreprises pharmaceutiques pour leur demander de baisser les prix des médicaments vendus aux États-Unis sous peine de représailles.
Il exige qu’elles « alignent leurs prix américains sur ceux pratiqués dans d’autres pays, avec un délai de 60 jours pour s’y conformer », a noté M. Reid.
Le compte du chef de l’État américain, sur sa plateforme Truth Social, a dans la foulée publié l’ensemble des courriers.
Le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk reculait de 1,58% à la Bourse de Copenhague vers 11h40.
À Paris, le franco-autrichien Valneva perdait 4,35% et la biotech Abivax 5,16%. À la Bourse de Londres, AstraZeneca reculait de 2,87% et GSK de 1,02%.
Les industrielles et financières flanchent
« La vente est généralisée, menée par les secteurs industriels et financiers », relève Kathleen Brooks.
Les valeurs financières comme les banques apprécient les remontées de taux des banques centrales, leur permettant d’augmenter leurs marges. Mais « si d’autres incertitudes douanières apparaissent », nous pourrions assister à « une accélération des baisses de taux par les banques centrales », note Mme Brooks.
A Paris, BNP Paribas perdait 2,90%, et Société Générale 2,43%. À Londres, Barclays cédait 1,82%.
Côté industrie, à Paris, Saint-Gobain reculait de 5,74%. À Londres, Glencore abandonnait 1,53%. À Francfort, l’industriel Thyssenkrupp perdait 2,66%.