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Manifestations à Hamilius pour Gaza : «Si on arrête, on joue le jeu de Netanyahu»


Taper sur des casseroles pour «rompre le silence» autour du «génocide» palestinien : voilà l’objectif des manifestations cette semaine. (Photo : Hervé Montaigu)

À Luxembourg, les mobilisations en soutien à Gaza se sont intensifiées cette semaine, avec des rassemblements quotidiens, place Hamilius. Pour «faire entendre leurs voix».

«Free, free Palestine!», «So, so solidarité!». Mercredi soir, comme tous les jours depuis dimanche, la place Hamilius à Luxembourg résonne des cris des manifestants issus des Collectives4Palestine.

L’association luxembourgeoise, qui se mobilise tous les samedis depuis le 7 octobre 2023 a en effet décidé de «mettre la barre plus haut», comme nous l’explique la présidente du groupe, Dalia Khader. Les actions hebdomadaires du samedi deviennent ainsi quotidiennes, tout au long de la semaine, et mettent l’accent sur l’état de «famine généralisée» qui touche la bande de Gaza.

Une cinquantaine de personnes était présente chaque soir cette semaine à Hamilius. (Photo : Hervé Montaigu)

Les alertes des organisations internationales sur la famine à Gaza se sont en effet multipliées cette semaine, après près de 22 mois de guerre dans le territoire palestinien, où Israël poursuit ses bombardements meurtriers pendant que les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu sont à l’arrêt. Une situation alarmante, aux yeux des différents manifestants présents, venus «prêter leurs voix» au peuple palestinien.

Faire un maximum de bruit

«Imaginez si on ne faisait rien», explique ainsi Colum, boules Quies enfoncées dans les oreilles et drapeau palestinien en main. «Je ne peux pas m’imaginer rester sur mon canapé et regarder ce qu’il se passe sans rien dire», poursuit l’Irlandais qui se mobilise depuis le début de la guerre.

«Si on arrête, on joue le jeu de Netanyahu. Et puis, si Frieden ou Bettel veulent écouter, nous sommes là!», martèle-t-il en rejoignant le cercle qui s’est formé devant l’Hôtel des Postes en cours de rénovation. Là, une cinquantaine de personnes tapent avec entrain sur des casseroles, des passoires ou des couvercles à l’aide de cuillères.

Chacun est venu avec sa casserole et sa cuillère pour faire un maximum de bruits. (Photo : Hervé Montaigu)

Le but : faire un maximum de bruit pour attirer l’attention sur la situation des milliers de Gazaouis victimes des combats entre le Hamas et Israël (selon les derniers chiffres du ministère de la Santé du Hamas, plus de 60 000 personnes sont décédées). Sur le mur du chantier de l’Hôtel des Postes, diverses assiettes en carton ont été placardées, dans toutes les langues, pour réclamer la fin du génocide et de la famine.

Toutes les personnes présentes, sans exception, portent un keffieh et finissent par s’asseoir pour prendre pleinement possession de la place. Pendant près d’une heure trente, la mélodie des casseroles se poursuit, sans interruption, encouragée par les cris de Dalia Khader au micro.

Une reconnaissance «sans valeur»

Pour beaucoup, la décision du gouvernement luxembourgeois de reconnaître l’État de Palestine en septembre prochain «arrive trop tard». Certains admettent à demi-mot que «c’est mieux que rien», mais tous sont unanimes : «C’est insuffisant.»

Pour Dalia, cette reconnaissance aurait dû avoir lieu il y a 31 ans déjà, au moment de la signature du traité d’Oslo, qui a permis à Israël «d’exister en paix et sécurité» : «Si nos politiques croyaient vraiment à la solution à deux États, ils auraient reconnu la Palestine il y a longtemps. À quoi cela sert aujourd’hui? Le timing est mauvais, vraiment. Cette reconnaissance a perdu toute sa valeur. On nous a répété maintes fois qu’on attendait le bon moment : ce n’est pas le cas aujourd’hui», se désole la Luxembourgo-Palestienne.

Un jugement sévère qu’elle porte également sur l’envoi d’aides humanitaires à Gaza, décidé cette semaine par le gouvernement luxembourgeois, aux côtés de la Belgique notamment, mais aussi de beaucoup d’autres pays européens.

Une déception de plus

«Peu importe combien de marchandises le Luxembourg va envoyer, si les personnes à qui elles sont destinées ne peuvent pas les avoir. Il y a des camions tout autour de Gaza, remplis de vivres, qui ne peuvent pas passer. Il faut ouvrir les frontières, pour distribuer la marchandise, les médicaments. Peut-être que cette reconnaissance donne l’impression au gouvernement de faire quelque chose, mais ce n’est pas assez», condamne-t-elle.

Dalia Khader est déjà intervenue deux fois à la Chambre des députés sur ce sujet. (Photo : Hervé Montaigu)

Une «déception» de plus pour celle qui se bat depuis plus d’une année pour son peuple et qui a, à plusieurs reprises, fait face aux députés luxembourgeois. On se souviendra surtout de sa dernière pétition, soutenue par l’actrice Vicky Krieps, demandant des sanctions à grande échelle contre Israël, ou encore de sa précédente venue au Parlement il y a une année pour réclamer… la reconnaissance d’un État palestinien.

200 manifestations déjà

«Nous n’avons eu aucune hésitation pour sanctionner la Russie lorsque la guerre en Ukraine a éclaté. Alors pourquoi ne pas le faire avec Israël?», s’interroge Martine, une Arlonaise de 67 ans venue spécialement de Belgique pour manifester cette semaine à Luxembourg.

«Ces actions ne vont peut-être pas changer les choses à Gaza, mais au moins, nous rompons le silence et nous prouvons qu’un petit pays comme le Luxembourg est capable de tenir des mois en protestation contre un génocide.» Ce mercredi marquait en effet, la 200e manifestation en soutien à Gaza depuis le 7 octobre 2023 : du jamais vu au Grand-Duché.

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