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Largage d’aide sur Gaza : un A400M belgo-luxembourgeois mobilisé


En mars 2024, un A400M belgo-luxembourgeois avait participé à une première opération de largage d’aide humanitaire au-dessus de Gaza. (photo Défense belge)

Le ministère de la Défense confirme que le personnel navigant luxembourgeois, faisant partie intégrante de la flotte binationale d’A400M, va participer à l’opération menée par la Belgique. Par contre, le gouvernement n’a pas encore été sollicité pour financer ou fournir de l’aide humanitaire qui serait larguée sur la bande de Gaza.

La Belgique rejoint l’alliance formée pour une opération internationale de largage d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, coordonnée par la Jordanie. L’annonce a été officialisée ce mercredi, par les ministres belges des Affaires étrangères et de la Défense.

Un avion de transport militaire du type A400M, faisant partie de l’unité binationale, exploitée avec le Grand-Duché, doit décoller prochainement vers Amman.

Contacté par nos soins, le ministère luxembourgeois de la Défense confirme qu’il est prévu que le personnel navigant de l’armée luxembourgeoise (pilotes et mécaniciens de bord), faisant partie intégrante de l’escadrille, participe à la mission. «À noter que les missions de l’unité belgo-luxembourgeoise A400M sont en principe effectuées sans distinction de nationalité du personnel ou des avions», précisent les services de la ministre Yuriko Backes.

Le lead sera assuré par l’armée de l’air belge. «La Défense luxembourgeoise n’est pas en mesure de communiquer plus de détails à ce stade», ajoute encore l’écrit transmis au Quotidien.

«Une mission particulière»

La date exacte et les modalités de la mission à venir ne sont pas encore connues. La Belgique, avec le soutien du Luxembourg, va rejoindre d’autres pays qui se sont engagés à mettre en place un pont aérien pour Gaza. La France larguera à partir de vendredi 40 tonnes d’aide humanitaire sur l’enclave palestinienne. L’Allemagne et le Royaume-Uni vont aussi se joindre à l’alliance.

L’Espagne a décidé de médicaliser un avion A400M qui se rendra à Amman pour évacuer 13 enfants souffrant de maladies et leurs familles gazaouies.

L’A400M belgo-luxembourgeois va acheminer vers la Jordanie une cargaison de matériel médical et de denrées alimentaires pour un montant total de 600 000 euros. Interrogé par Le Quotidien, le ministère des Affaires étrangères, également en charge de la Coopération, informe que le gouvernement grand-ducal «n’a pas été sollicité pour financer ou fournir de l’aide humanitaire qui serait larguée sur Gaza».

L’appui humanitaire et au développement du Luxembourg en faveur de la Cisjordanie et de Gaza s’élève, pour l’année 2025, à 16,7 millions d’euros.

En mars 2024, la flotte binationale avait déjà participé à une première opération de largage d’aide humanitaire sur Gaza«Cette mission a pu être achevée avec succès. Il faut toutefois souligner qu’il s’agissait d’une opération particulière, car elle a eu lieu dans une zone de guerre, alors que notre flotte est davantage engagée dans des missions de transport de matériel dans le cadre de missions de maintien de la paix. Ici, seule l’aide humanitaire, une autre priorité, était présente», notait la ministre Yuriko Backes, en avril 2024, lors d’une visite sur la base de Melsbroek.

«Les largages sont inefficaces et dangereux»

Les opérations de parachutage font toutefois l’objet de critiques venant de nombreux acteurs humanitaires. Dans les colonnes du journal Le Soir, Juliette Touma, la directrice de la communication de l’Unrwa, estime que «les largages aériens font la une des journaux, pas l’impact. Ils sont risqués, coûteux et inutiles, alors que des camions pourraient apporter une aide à grande échelle». L’Unrwa est l’agence de l’ONU spécialisée dans l’aide aux réfugiés palestiniens, entretemps interdite par Israël.

«Les largages aériens sont notoirement inefficaces et dangereux. Ils transportent beaucoup moins de marchandises que les 20 tonnes que peut transporter un camion», soulignait MSF France, dans un communiqué diffusé lundi.

«Ces largages aériens sont un premier geste, mais ils ne peuvent en aucun cas être un paravent à l’urgence de favoriser l’accès terrestre», admet le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot. Selon lui, l’accès terrestre, «pour des raisons de sécurité, d’efficacité et de capacité, reste la priorité absolue pour acheminer les milliers de tonnes de vivres qui sont bloquées à la frontière».

Des sources diplomatiques françaises soulignent que «la plus grande précaution sera prise pour assurer la sécurité des populations lors de ces opérations». En mars 2024, plusieurs personnes avaient été tuées par la chute de colis d’aide humanitaire sur Gaza.

«La voie aérienne est utile, mais elle n’est pas suffisante», ajoute le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. «Je rappelle que 52 tonnes de fret humanitaire français sont aujourd’hui bloquées (…), à quelques kilomètres de la bande de Gaza. Il est donc indispensable que les autorités israéliennes consentent enfin à rouvrir les accès terrestres de manière suffisamment significative pour alléger les souffrances atroces des populations civiles sur place», a ajouté le ministre, qui s’exprimait depuis New York où il participait à une conférence ministérielle de l’ONU sur une solution à deux États.