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«Apprendre à se méfier en ligne» avec le DigiRallye de Bee Secure


Destiné aux enfants, le DigiRallye permet d’aborder les dangers du monde digital avec un public bientôt en possession d’un appareil numérique. (photo archives LQ)

La nouvelle édition estivale du DigiRallye de Bee Secure a eu lieu ce mercredi 30 juillet au campus Geesseknäppchen avec un objectif inchangé : prévenir les 8-12 ans des dangers du monde numérique.

Nous sommes en plein cœur des vacances, mais le campus scolaire Geesseknäppchen, à Luxembourg, est pourtant loin de sonner vide ce mercredi matin. Une bonne centaine d’enfants animent joyeusement les couloirs du Forum, où se déroule le DigiRallye de Bee Secure, l’initiative gouvernementale qui vise à sensibiliser à l’usage raisonné et responsable des outils numériques.

Comme depuis la première édition en 2015, le public cible de ce nouveau DigiRallye, organisé deux fois par an, est celui des maisons relais, entre 8 et 12 ans. Dans cette tranche d’âge, les enfants en possession d’un portable ou d’une tablette sont minoritaires, mais la majorité restante est bien loin d’être éloignée des écrans. «Les parents ont des appareils et leurs enfants les empruntent pour jouer, pour regarder des vidéos. Et puis, il y a aussi la télévision et les consoles de jeux vidéo», souligne Jeff Kaufmann, chargé de projets à Bee Secure. «C’est pour cela que l’on commence à les sensibiliser aussi tôt.»

Le cyberharcèlement abordé dès 8 ans

L’un des thèmes les plus préoccupants du DigiRallye concerne le cyberharcèlement, ou cybermobbing. «Malheureusement, c’est un sujet dont ils ont tous déjà entendu parler. Ils sont très jeunes, mais ils savent déjà ce que c’est», constate l’animatrice de l’atelier. Le dernier rapport annuel de Bee Secure révèle que 44 % des adolescents de 12 à 16 ans interrogés ont déjà été victimes au moins une fois de harcèlement. Le but est donc de lutter en amont contre ce fléau, en apprenant aux plus jeunes le comportement à adopter. Ici, cela se fait à l’aide d’émojis qu’ils doivent utiliser pour désigner leur réaction à une situation donnée.

En la matière, les enfants ne sont pas les seuls concernés par les actions de Bee Secure, explique Jeff Kaufmann : «Nous sommes en train de développer une formation contre le harcèlement pour les enseignants et nous réalisons aussi des soirées d’information pour en parler avec les parents.» Au Forum, l’atelier est également l’occasion de présenter l’assistance téléphonique (helpline) de Bee Secure (8002-1234), qui offre une consultation gratuite «afin de parler en toute intimité de choses comme le harcèlement ou les conflits familiaux». En 2024, 536 appels ont été comptabilisés, avec comme sujets dominants la cybercriminalité puis la sextorsion (menace de diffuser des contenus à caractère sexuel).

Les pièges de l’IA à déjouer

Même pour les plus jeunes, impossible de passer à côté de l’intelligence artificielle, dont la place est grandissante et qui pose de nombreux pièges. Dans l’atelier dédié, les enfants doivent déceler si la vidéo qui passe devant leurs yeux a été produite avec l’IA. À chaque passage, les votes sont serrés et le débat est nourri avec leur éducateur et le staff Bee Secure. «Il faut leur apprendre à se méfier en ligne, il faut qu’ils aient une réflexion critique et qu’ils aillent vérifier les informations.»

L’enjeu est d’éviter de tomber dans le complotisme et d’être la victime d’une désinformation, d’une arnaque, mais aussi d’un phénomène plus récent : le deepfake porn. Cette expression désigne la génération de fausses images de personnes dénudées grâce à l’IA. «Il n’y a pas eu de cas comme cela au Luxembourg, mais c’est déjà arrivé en Europe, avec une histoire impliquant des mineurs en Espagne», alerte le chargé de projets. Il est néanmoins plutôt confiant avec les générations actuelles, qu’il trouve «plus à l’aise que les 50 ans ou plus afin d’avoir une vision critique».

Montrer aussi le bon côté

La DigiRallye aborde aussi l’équilibre entre le temps d’écran et l’activité physique, tout comme l’importance d’avoir des mots de passe longs et robustes. Au Forum Geesseknäppchen, la police était également présente afin, d’une part, de présenter aux futurs conducteurs que seront les jeunes le risque de conduire en regardant son téléphone et, d’autre part, de leur rappeler l’existence de la Stopline de Bee Secure (stopline.bee-secure.lu). Elle fonctionne en collaboration avec les forces de l’ordre afin de permettre aux internautes de signaler des contenus relatifs à de la pornographie infantile, du racisme, du révisionnisme, de la discrimination et du terrorisme.

Bien que le mot d’ordre de l’événement soit la prévention, le numérique n’est pas seulement présenté sous ses pires aspects. Un atelier est par exemple organisé au sein du Makerspace, l’espace créatif et multidisciplinaire du Forum qui permet d’utiliser les nouveaux médias de manière créative. Chaque enfant y est équipé d’une tablette afin d’y dessiner le visuel qu’il souhaite imprimer au laser sur une boîte. «Une façon de montrer que l’on peut faire autre chose que de jouer avec une tablette et aussi qu’il y a des métiers liés au numérique.»

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