REPRISE EN BGL LIGUE (J-9) Après plusieurs années européennes malgré le départ de Flavio Becca, la fuite des cerveaux de cet été signera-t-elle le retour du F91 dans le rang des équipes moyennes ?

Il y a eu une longue période pendant laquelle on pronostiquait le pire… au Fola et cela n’arrivait jamais. On se trompait, il restait une énergie vitale dans ce club qui se refusait à céder la place à d’autres. C’est un peu la même chose pour le F91, à qui l’on annonce la fin de la période dorée depuis que Flavio Becca n’en est plus le sponsor, en 2020. Mais qui parvient encore et toujours à faire des merveilles grâce à l’expérience accumulée de deux décennies de succès et l’héritage d’un outil de travail exceptionnel.

Cela dit, en mai dernier, l’état de grâce a fini par cesser pour le Fola, renvoyé en PH. Est-ce au tour de Dudelange de se faire rattraper par l’évidence relative que le déclassement approche? Et de finir par se faire éjecter durablement du podium (sur lequel on devrait retrouver le FCD03 sans trop de risque de se tromper) par de plus riches que lui, ou en tout cas par des clubs qui s’autorisent à investir, comme Strassen, le RFCU, voire qui semblent avoir un petit temps d’avance dans la restructuration de leur projet, comme le Progrès.

«Peu de gens croient en nous»

Mika Pinto a cru deviner, avec la baisse du budget et le départ massif des joueurs qui constituaient une épine dorsale héritée du passage de Carlos Fangueiro et du dernier titre (Decker, Gonçalves, Bojic, Freire, Hadji…), que les suiveurs de la DN s’en donnent à cœur joie sur le compte de son équipe. «Il n’y a pas trop de monde qui croit en nous, cette saison, de ce que je peux lire ou entendre», sent-il utile de rappeler. Un pense-bête, au cas où tout le monde se trompe, encore une fois? «Oui, certains clubs sont sans doute plus favoris que nous pour l’Europe et cela va nous changer d’être dans le rôle du Petit Poucet. Mais on est ambitieux.»

Si le discours n’est pas aussi audible qu’il devrait l’être, c’est simplement parce que Dudelange vient de se faire éliminer de Conference League par les Andorrans d’Escaldes et que les recrues ont encore des choses à prouver pour convaincre qu’une continuité est possible. En attendant, le résultat brut de ces deux matches de C4 n’est pas bon et il vampirise tout. On a plus parlé de la naïveté défensive qui a coûté cinq buts, que de la créativité d’un onze de base renouvelé à 82 % lors du match retour et qui n’a amené «que» deux buts, laissant pas mal d’opportunités inexploitées en cours de route. Alors même que Benkhedim, qui devrait être la caution technique de l’entrejeu, était en tribunes, blessé.

Le positif devrait pouvoir être souligné. Or c’est plus difficile de dire que le travail de construction a déjà bien avancé quand on est éjecté d’une compétition qui vaut des centaines de milliers d’euros par une équipe qui n’avait encore jamais franchi un tour de Coupe d’Europe et n’envoyait pas du rêve dans le jeu.

Une histoire à faire perdurer

Cela ramène à des préoccupations très terre à terre. Et être le F91, sans les finances qui vont avec l’ancien statut de bête de scène, oblige à regarder les choses en face : les obligations demeurent, mais il faut désormais les honorer avec des boulets au pied.

Le recrutement est ainsi bouclé alors que sur une ou deux positions, le staff – qui a intégré Rodrigue Dikaba en lieu et place de Claudio Lombardelli, reparti chez les jeunes – aurait pu vivre avec des renforts supplémentaires. «Disons qu’on ne se serait pas plaints, plutôt. Mais on vit avec nos moyens», admet Pinto. «Je pense que les gens, aujourd’hui, se disent du F91 que c’est presque normal si on n’est pas européen. On reste des êtres humains, avec un droit à l’échec. Et pourtant, vu le maillot qu’on porte, on doit être compétitifs. Parce que c’est un club historique. Et je suis sûr qu’on n’aurait pas la même pression ailleurs.»

Non, la pression ne serait pas la même ailleurs. Mais cette équipe n’a pas hérité (que) d’un budget resserré, elle a (surtout) hérité d’une histoire à faire perdurer. C’est sa croix. Est-ce qu’elle pourra la porter?